mercredi 24 août 2011

L'Impasse

(Carlito's Way)
Film de Brian de Palma (1993), avec Al Pacino, Sean, Penn, Penelope Ann Miller, James Rebhorn, Viggo Mortensen, John Leguizamo, etc.


















 
 
 
 
 
 
 
Brian De Palma, Al Pacino… A courte vue, ça pouvait ressembler à une suite de Scarface. Carlito’s Way est au contraire l’itinéraire émouvant d’un ex-gangster qui ne parvient pas à se réinsérer et à échapper à son destin. Retour sur un classique du genre, et l’un des plus beaux films de son réalisateur.
 
 
 
 
cpt-2011-08-20-13h44m57s171Bon, on le dit tout net : au Strapontin, on roule à fond pour Brian de Palma ! Ca a commencé en 1975 par la vision de Phantom of the Paradise (auquel il Le Strapontin rend pleinement hommage ici), avec bien entendu quelques passages à vide de temps en temps. C’est vrai que le réalisateur a connu un parcours plutôt inégal, alternant les grandes réussites et les semi-ratages. Pourtant, une constante dans son œuvre : un sens du visuel que possèdent bien peu de metteurs en scène à l’heure actuelle.
 
 
 
 
 
 
 
cpt-2011-08-21-11h49m32s168On a souvent comparé à tort De Palma et Hitchcock, mais il existe néanmoins un domaine dans lequel les deux hommes se rejoignent, c’est la compréhension de l’image et de son impact. Il est un des rares metteurs en scène actuels (avec Martin Scorsese) à envisager ses films comme des histoires à raconter visuellement, dans lesquelles chaque plan, chaque mouvement de caméra a son importance dans le récit. Chacun de ses films contient ainsi une séquence-clé, qui s’articule sur une mise en image très élaborée et une utilisation savante du montage et de la musique.
 
 
 
 
 
cpt-2011-08-20-13h49m39s179Carlito’s Way est vraiment un cas à part, dans la mesure où le film semble éviter dans un premier temps toutes les composantes de son style. A première vue, la présence d’Al Pacino en tête d’affiche pourrait faire penser à une continuation de Scarface. Le personnage de Carlito Brigante, au vu de son passé, pourrait même faire penser qu’il n’est pas si éloigné que ça d’un certain Tony Montana, dans la mesure où il a baigné, avant son incarcération, dans des trafics divers et variés. Il est d’ailleurs à noter que De Palma a longtemps hésité avant de signer pour le film, car il ne voulait pas faire "un nouveau film de gangsters latinos".
 
 
 


 
cpt-2011-08-20-13h47m25s115Pourtant, dès le début, le ton est donné : Carlito’s Way se démarque définitivement de Scarface, avec un superbe générique en noir et blanc, des images où le personnage principal est abattu, et racontera en voix off tout ce qui l’a amené jusque là. Déjà, la patte De Palma est présente avec des plans basculants, où l’image se retourne pour aller cadrer Carlito sur une civière.



 
 
 
 
cpt-2011-08-21-10h57m12s236Le film surprend tout d’abord par son caractère posé, sa mise en scène simple et sans fioritures. De Palma montre les retrouvailles de Carlito avec son quartier et son entourage de manière très neutre. C’est pour mieux nous cueillir lors des moments-clés, où il fera alors appel à toutes les ressources de son style. On retrouve ainsi dans Carlito’s Way ces séquences quasiment muettes où seules l’image et la musique suffisent à la compréhension de l’histoire. D’une précision incroyable dans sa mise en place, la réalisation fonctionne sur un rythme carrément musical, avec un montage d’une formidable efficacité.
 
 
 
 
 
 
cpt-2011-08-21-12h01m49s120Certains moments de la poursuite finale pourraient passer pour des clins d’œil à Dressed to Kill, mais le réalisateur sait donner une vie propre à sa séquence et ne se répète jamais. La plupart du temps, il nous attache à son personnage par le biais de travellings incessants qui le suivent ou le précèdent. Cette idée sera poussée jusqu’au bout  à l’aide de plans-séquences incroyables. Mais à côté de cette prodigieuse virtuosité, la technique reste pourtant très discrète, tant le réalisateur privilégie ici les personnages et leur destin.

 

 
 
cpt-2011-08-21-11h14m36s213Carlito est obligé de replonger par loyauté envers son ami Kleinsfeld. Il envisage son rêve sous la forme d’une place au soleil, symbolisée par une affiche dans le métro. Plusieurs fois, le passé se rappelle à lui au cours du film, mais il reste fidèle au but qu’il s’est fixé, et n’en dévie en définitive que par amitié. Il y a, à la base, un matériau très riche, tiré de deux livres d’Edwin Torrès, un ancien district attorney. Cependant, on retrouve l’un des thèmes chers à De Palma, la trahison.
 
 
 
 
 
 
 
cpt-2011-08-21-11h14m38s242Tout comme les autres héros des films du réalisateur, Carlito est un innocent qui cherche la rédemption et ne parviendra pas à la trouver. C’est finalement un reflet de lui-même, un jeune voyou nommé Benny Blanco, qui lui sera fatal. Le film bascule réellement lorsque Brigante et Kleinsfeld aident un détenu à s’évader de la prison flottante de Rikers. La séquence, baignée d’une lumière bleue irréelle, est le pivot du film, au-delà duquel les personnages ne peuvent plus revenir en arrière et devront faire face à leur destin.



 
 
 

 
cpt-2011-08-21-10h23m13s81Même si dans sa forme, le film peut paraître assez classique, une bonne partie s’est construite au fur et à mesure du tournage, au gré de certaines expérimentations. La construction « en boucle » n’était pas prévue au départ. De même, la poursuite finale, initialement prévue au rez-de-chaussée du World Trade Center, a dû être re-localisée dans la gare de Grand Central. De Palma craignait d’ailleurs que cela encourage les comparaisons avec la scène de l’escalier des Incorruptibles, elle aussi située dans une gare. Carlito’s Way tire finalement toute sa puissance de ces séquences « plus grandes que nature » qui enrichissent la matière d’un scénario profondément humain, et en font en définitive un grand film romantique, à l'opposé du ton plutôt cynique et cinglant des autres films du réalisateur.



 
cpt-2011-08-21-11h13m10s126Les acteurs sont bien évidemment pour beaucoup dans la réussite du film, en particulier Al Pacino, qui brosse ici un portrait de gangster à des lieues du Tony Montana de Scarface. Bienveillant, conscient de ses limites, il traverse tout le film avec une présence incroyable et donne le sentiment de porter le monde sur ses épaules. Sans jamais surjouer, l’acteur livre une performance touchante et crédible. Il faut également saluer la présence de sa partenaire Penelope Ann Miller, qui donne toute son âme à l’histoire d’amour qui se situe au cœur du récit. Sean Penn, quasiment méconnaissable, est égal à lui-même, c'est-à-dire excellent dans un rôle pourtant très ingrat. Son jeu imprévisible et survolté fait merveille dans la seconde partie. Il faut également citer John Leguizamo, dans le rôle-clé de Benny Blanco, qui en quelques minutes de temps d'écran s'impose avec talent.
 
 


 
cpt-2011-08-21-12h11m32s69Une grande partie de l’émotion est véhiculée par l’excellente partition musicale de Patrick Doyle. Ce musicien anglais, découvert par Kenneth Branagh, n’avait jamais collaboré avec De Palma, et le résultat ici est vraiment magnifique. On sent à chaque instant que la musique a réellement été pensée pour accompagner non seulement les sentiments des protagonistes, mais pour épouser une mise en scène très musicale dans son esprit. La musique est utilisée avec beaucoup de parcimonie, et toujours en renfort des moments-clés, dont elle devient un élément essentiel, tant le mixage la met en avant. L’adagio qui ouvre le film est profondément désespéré, et donne le ton dès le début. A d’autres moments, la fragilité des rapports entre Carlito et Gail se retrouve dans un thème romantique en pointillés, presque hésitant.


 
 
Brian De Palma avait déjà prouvé à plusieurs reprises qu’il était un technicien hors-pair, mais avec Carlito’s Way, il passe à la vitesse supérieure. Le film arrive à concilier le style flamboyant de son auteur avec une histoire solide et émouvante, et le résultat est l’une de ses œuvres les plus attachantes et les plus fortes. Classique certifié.
 
 
 

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Le Trombinoscope
En dehors de ses têtes d’affiche, le film comporte également un casting remarquable, principalement composé de « gueules », parmi lesquelles on reconnaîtra l’excellent Luis Guzman (toujours au rendez-vous pour les rôles de latinos) ainsi que Rick Aviles (qui jouait le tueur dans Ghost). A noter également la présence de Viggo Mortensen et aussi de ce solide second rôle qu’est James Rebhorn (toujours détestable dans les rôles de procureur). L’actrice Ingrid Rogers fait ses débuts dans le film, mais on ne peut pas dire que sa prestation soit particulièrement marquante. Egalement dans un tout petit rôle, Paul Mazursky, qui fût dans les années 70 un réalisateur remarqué.


 
Al Pacino
Sean Penn
Penelope Ann Miller
Luis Guzman
John Leguizamo
Viggo Mortensen
James Rebhorn
Rick Aviles
Jorge Porcel
Paul Mazursky
Ingrid Rogers
Joseph Siravo





La Technique du Film
 
ATTENTION! Ces focus techniques se concentrent sur la mise en scène de plusieurs séquences-clé du film. Il va donc de soi qu'ils révèlent des informations importantes sur l’intrigue, et qu’il est donc souhaitable de ne les lire qu'après avoir vu le film.
 
Le Bar
Lors de la première séquence d’action du film, Carlito accompagne son neveu pour un deal qui va mal tourner. Le cadre de l’action est une salle de billard dont les murs rouges taquinent déjà un peu l’œil du spectateur. L’idée maîtresse de la séquence est la confusion, et De Palma entretient cette impression en étant volontairement très imprécis dans sa mise en place. Le réalisateur fait généralement fonctionner l’action en posant clairement la géographie des lieux, ce qui n’est pas le cas ici. Les seuls éléments auxquels le spectateur peut se raccrocher, ce sont des gros plans qui établissent que Carlito a un plan pour se sortir de cette situation. Le moment-clé est un gros plan totalement irréaliste de lunettes, dans le reflet desquelles on voit la présence d’un individu armé. Le reste de l’action est extrêmement rapide, Carlito neutralisant les deux joueurs de billard avant de tirer sur les malfrats. L’affrontement contre le patron du bar est, par contre, très dynamique dans sa mise en images, un travelling latéral vers la gauche suit Carlito alors qu’un mouvement de caméra en sens inverse accompagne son adversaire.
 
 




 
L’Horizon qui chavire
Stephen H. Burum, le directeur photo attitré de De Palma, utilise dans le film de nombreux cadrages très inventifs, et l’un des effets les plus originaux consiste à incliner la caméra, parfois jusqu’à des angles excessifs, puisqu’elle pivote jusqu’à 90°. Cet effet accentue l’impression d’étrangeté dans certaines séquences, comme la scène d’amour entre Carlito et Gail. Dans la scène finale, l’image bascule carrément, un peu comme si le spectateur était à la place de l’âme de Carlito qui quitte son corps. Ce mouvement de caméra permet au réalisateur de raccorder sur la civière puis le visage d’Al Pacino.

 

 
 
 
L’Ascenseur
Plus classique dans sa forme, cette séquence repose essentiellement sur le rythme du montage. Le public sait que le personnage est menacé, et la musique, très nerveuse, fait lentement monter la tension. De Palma alterne entre les plans du visage de Kleinfeld, qui a remarqué quelque chose d’anormal, et des plans de coupe sur son agresseur qui progresse vers lui. Le réalisateur crée la surprise avec le gros plan d’un second attaquant sur qui s’ouvrent les portes de l’ascenseur. L’agression en elle-même se déroule très vite, le montage s’emballe, l’action devient chaotique jusqu’aux coups de couteau portés sur l’avocat.


 
 

 
« Adios Counselor ! »
Carlito se venge de son ami en retirant les balles de son pistolet, alors qu’il le sait menacé par des tueurs dans sa chambre d’hôpital. Le public n’est pas au courant que l’arme est vide, et De Palma explique la situation sans utiliser le moindre dialogue. Le tueur pénètre dans la chambre, met Kleinsfeld en joue. Celui-ci utilise son pistolet et découvre qu’il est vide. Le plan suivant montre Carlito à l’extérieur de l’hopital, jetant des objets dans une poubelle. Objets qui se révèleront être les balles du revolver, comme nous montre un plan pris depuis l’intérieur même de la poubelle.
 
 
 


 
 
La Poursuite dans le Métro
Carlito est repéré dans la rue par les tueurs qui veulent sa peau. Ils le poursuivent donc dans le métro. La caméra l’accompagne dans le wagon, mais De Palma coupe sur plusieurs plans extérieurs de la rame, qui accentuent le fait que le personnage est en quelque sorte prisonnier et n’a pas vraiment de place pour se cacher. On suit ses déplacements dans le wagon, talonné par ses adversaires. De Palma coupe la tension de la séquence en nous montrant Gail sur le quai de la gare. La pendule, cadrée au premier plan, nous rappelle que Carlito joue contre la montre. Alors qu’il est quasiment piégé à un arrêt, un gros plan sur sa main armée d’un revolver fait comprendre aux malfrats qu’il est prêt à tirer dans la foule pour se défendre.
 
 
 

 

 
Le « Point de vue de Dieu »
C’est un effet de style cher à De Palma, qui avait d’ailleurs été parfois utilisé par Hitchcock (à qui on doit d’ailleurs cette appellation). La caméra filme l’action depuis une position haute. Cela permet généralement d’offrir un point de vue supplémentaire sur l’action, et donc de la clarifier dans certains cas, mais bien souvent, un tel cadrage a tendance à « écraser » les personnages, et à souligner leur vulnérabilité.
 
 


 

 

Split Screen
Un autre effet de style qu’on retrouve souvent chez De Palma, c’est le fait d’impliquer davantage le spectateur en lui montrant deux ou plusieurs actions en simultané. C’est un procédé qu’il utilise à l’extrême avec le split-screen (deux images différentes à l’écran) dans des films comme Sisters ou Carrie. Par contre, son utilisation dans Carlito’s Way est beaucoup plus subtile. Dans le premier exemple, les visages de Carlito et de Gail ne sont sur le même plan et ne devraient donc pas être nets tous les deux. C’est un objectif spécial, le split diopter, qui permet ce type d’image, et cela oblige le spectateur à se concentrer sur les deux visages pour y lire les émotions, ici contradictoires, qui sont liées à la scène. Le second exemple est plus classique, le décor lui-même crée des cadres naturels où deux actions se déroulent en parallèle.
 
 

 

 
Grand Central
C’est le moment fort du film, dans lequel on retrouve un autre élément du style De Palma : le plan-séquence. La caméra suit Carlito alors qu’il essaie de se cacher dans la gare de Grand Central, et le spectateur est réellement impliqué en suivant tous ses déplacements. Le réalisateur fait converger l’action vers l’escalator, où se déroulera la fusillade finale. De Palma n’a pas voulu refaire la célèbre séquence des Incorruptibles et en dépit d’un cadre similaire, l’approche est totalement différente. On notera au passage l’efficacité du découpage et la précision de la mise en place, mais aussi la diversité des plans et le rythme imprimé par le montage et la musique. En même temps, la séquence reste fidèle à un parti-pris de réalisme, et ne succombe pas au côté too much de certaines scènes d’action actuelles.


 


La Fin
Bien qu’on sache depuis le début du film que Carlito est condamné, le film tente de nous le faire oublier. En fait, De Palma nous implique tellement sur le plan dramatique durant la séquence de Grand Central que nous ne pensons même pas que le héros va se faire « cueillir » au dernier moment, alors que tout semble résolu. Nous avions déjà vu la séquence lors du générique, mais en noir et blanc, ce qui lui conférait un caractère irréaliste (on aurait même pu penser qu’il s’agissait d’un rêve). La voir en couleur agit donc comme un dur retour à la réalité. Le film se termine sur une image paradisiaque, une affiche qui s’anime sous les yeux de Carlito, seul vestige d'une réalité qu'il ne connaîtra jamais. « J’ai eu une dure nuit. Je suis fatigué, chérie, si fatigué… »
 
 

 



En vidéo
Sorti initialement dans une édition qui ne comportait que le film, et qui plus est dans un transfert plutôt moisi, Carlito's Way a heureusement bénéficié d'un nouveau pressage tout à fait recommandable. La qualité est au rendez-vous, et le DVD bénéficie d'un documentaire de 40 minutes, signé Laurent Bouzereau (pour les néophytes, une pointure en matière de making of). Sans être aussi fouillé que ceux qu'il a pu réaliser pour Hitchcock ou Spielberg, le reportage est tout de même très intéressant et comporte des interviews de Brian De Palma, du producteur Martin Bregman, du scénariste David Koepp et du monteur Bill Pankow. Une galerie de photos et d'une bande-annonce complètent le disque. Le film a également eu les honneurs d'une édition blu-ray, que je n'ai pas testée, mais qui est paraît-il de bonne qualité. On y trouve également 8 minutes de scènes coupées, absentes du DVD.
 

vendredi 19 août 2011

Harry Potter et les Reliques de la Mort - 1ère et 2ème Partie

Films de David Yates (2010/2011) avec Daniel Ratcliffe, Emma Watson, Rupert Grint, Ralph Fiennes, Alan Rickman, Maggie Smith, etc...




Harry Potter, ça commençait un peu à devenir lourd. Oui, je sais, Le Strapontin va s’aliéner la horde de fans du jeune sorcier, mais il faut quand même bien reconnaître que sur les deux derniers films (le 5 et le 6), on tournait un peu en rond. Pour moi, la série a pris un sérieux coup dans l’aile avec La Coupe de Feu. Condenser un tel bouquin (sans doute le meilleur des 7) en film de 2h30, c’était un exploit que le réalisateur Mike Newell n’était pas parvenu à accomplir. Quant à la mise en scène, si les producteurs avaient eu la bonne idée de confier Le Prisonnier d’Azkaban au talentueux Alfonso Cuaron, qui avait su lui insuffler une certaine poésie, on est depuis revenu au classicisme le plus absolu. David Yates, un réalisateur venu de la télévision anglaise, a pris la relève de la manière la plus anonyme qui soit.


La série a suivi en quelque sorte la qualité des livres, et on en était arrivé à un stade où les choses n’évoluaient pas vraiment beaucoup, et la saga était un peu en train de s’étouffer elle-même. On pouvait donc craindre le pire à la lecture du dernier volume, que j’avais trouvé brouillon et répétitif, et c’est un peu en trainant les pieds que Le Strapontin s’y est mis. En plus, les producteurs ont eu la géniale idée de scinder le livre en deux films distincts (c’est le syndrome Kill Bill : pourquoi faire payer le public pour un film quand on peut le faire payer pour deux ?). Jusqu’à ce que… Damned !... on nous propose d’aller voir le tout dernier épisode en salles. Donc branle-bas de combat pour mettre la main sur le Blu-Ray de la première moitié du dernier film, histoire de ne pas être largué. Vous suivez toujours ? Donc c’est parti pour Les Reliques de la Mort – 1ère partie.


On ne peut pas franchement dire que cette première moitié est très convaincante. Hormis une scène assez rigolotte où Harry se dédouble en 7 versions différentes pour tromper l’ennemi, le film se résume en un long jeu de piste où les personnages sont censés mettre la main sur des objets (les fans appellent ça des Horcruxes) liés au pouvoir magique de Voldemort. Il y a quelques belles scènes, comme celle où Hermione « s’efface » de la vie de ses parents (les initiés comprendront), mais la plupart du temps, l’action piétine, et l’émotion n’est jamais là où il faut. En matière d’action, c’est aussi un peu léger, bref on s’ennuie gentiment et on ne peut pas dire que ce soit trop engageant pour la suite.


Pour ce qui est de la 2ème partie, les choses s’améliorent grandement. Heureusement, d’ailleurs, car rater l’ultime épisode d’une saga pareille aurait quasiment été criminel. C’était pas gagné vu la qualité plus que discutable du livre, mais bon. On sent vraiment que les producteurs ont mis les bouchées doubles pour que cette conclusion reste dans les mémoires.


Malgré une 3-D plutôt sans intérêt, Les Reliques 2 déploie des séquences véritablement grandioses, telle l’attaque de Poudlard par les forces de Voldemort. On sent que Le Seigneur des Anneaux et en particulier Le Retour du Roi sont passés par là, mais le résultat est plus que convaincant. Par rapport au rythme somnolent du premier volet, le second met le pied au plancher et accumule les péripéties, jusqu’aux différentes révélations finales et à l’inévitable duel entre Harry et Voldemort.




On pourra trouver à cette deuxième partie des Reliques les mêmes défauts qu’aux épisodes 5, 6 et 7.1, à savoir une mise en scène strictement illustrative qui ne fait pas vraiment dans l’originalité. Dans le fond, les millions de fans que la saga compte dans le monde n’attendent pas autre chose. Il y a pourtant un élément qui distingue ce dernier film des autres. Peut-être un ton particulier, le fait que l’on sache que c’est la dernière fois qu’on revoit tous ces personnages. En ce sens, Les Reliques 2 ressemble un peu à un best of de la série, avec de nombreux renvois aux différents épisodes. Les révélations, toujours un peu scolaires dans les livres, sont assez bien amenées dans le film, en particulier celles concernant Rogue. Le fameux duel final, qui se déroule au petit matin dans les décombres de Poudlard, est aussi visuellement intéressant, avec son ambiance grisâtre. Enfin, il faut relever que, tout comme sa première partie, le film possède une solide partition musicale, signée Alexandre Desplat. Sans valoir le style de John Williams, qui avait quand même fortement marqué la série, ça change agréablement de la bande-son passe-partout des précédents épisodes.




En définitive, la saga Harry Potter se conclut de manière plutôt respectable. On sait à quoi s'attendre, mais finalement, les défauts qu'on y trouve sont aussi ceux des livres. Sans surprise, certes, mais pas désagréable et même franchement emballant à certains moments.