jeudi 31 mars 2011

Bienvenue à Zombieland

(Zombieland)
Un film de Ruben Fleischer (2008), avec Woody Harrelson, Jesse Eisenberg, Emma Stone, Abigail Breslin, plus plein de figurants zombies, etc.  































Oui, je sais, recommander un film qui s’appelle Bienvenue à Zombieland, ça ne fait pas vraiment sérieux, et pourtant le film en question est bien ce que j’ai vu de plus marrant et original ces dernières semaines. Comment un ènième film de zombie peut faire la différence ? C’est ce que nous allons voir.



Franchement, le film de morts-vivants, je suis pas vraiment fan. Hormis les classiques du style Night of the Living Dead, je trouve ça plutôt chiant et dramatiquement très limité. Vous avez d’un côté un groupe de survivants armés jusqu’au dents, et de l’autre une horde de figurants maquillés et grimaçants qui passent leur temps à leur courir après pour les bouffer à la tartare. Accessoirement, si le réalisateur fait bien son boulot, il y plane une ambiance de fin du monde bien étouffante. Mais bon, sorti de tout ça, on se demande ce qui fait le succès de ce genre de films. Et pourtant ça marche, si on en juge la quantité de films de zombies sortis sur les écrans ces dernières années. Il faut dire qu’avec l’avènement des images de synthèse, on peut pratiquement tout se permettre dans le domaine du gore et de la tripaille, donc forcément ...





Quand on parle de comédie et de film de zombie, on pense immédiatement à Shaun of the Dead, qui personnellement ne m’avait pas fait tant rire que ça… d’où la montagne d’idées préconçues que j’avais avant de m’attaquer à ce Zombieland (oublions le titre français). Eh bien, il n’y a pas photo ! Le second est tout ce que le premier n’est pas, à savoir drôle, rythmé et surtout fichtrement original.










La grande idée du film, c’est de faire raconter l’histoire du point de vue d’un geek. C’est comme un petit journal de survie dans lequel le personnage principal vous donne, en voix off, une liste de règles pour rester en vie. En fait, dans sa première partie, Zombieland détourne avec malice les codes du film d’ados. Il faut dire que le personnage principal est remarquable joué par Jesse Eisenberg, qui est aussi tête à claques ici que dans le premier rôle de The Social Network. Ensuite, un baroudeur, joué par Woody Harrelson, entre en scène, et là nous sommes davantage dans le registre de la comédie classique avec l’opposition entre le gros dur et l’ado coincé. Pour le reste… ne comptez pas sur moi pour en dire plus sur une intrigue qui réserve une bonne quantité de surprises. On est bien content aussi de retrouver Abigail Breslin, la petite fille de Little Miss Sunshine, qui a bien grandi, mais qui est toujours aussi talentueuse!




La réalisation est ingénieuse, même si elle ne brille pas par son originalité. Il y a toujours le petit clin d'oeil visuel qui fait sourire, et les effets spéciaux complètent intelligemment le côté décalé du film. Le générique est très réussi, et il y a quelques moments assez bienvenus, comme la scène où les personnages démolissent un magasin de souvenirs. Sur la fin, on a l’impression que ça tourne légèrement à vide. A part des cartons sur les morts-vivants, les protagonistes ne peuvent pas faire grand’chose d’autre, et on sent que le film a un peu de mal à boucler les 1 h 24 de projection. On annonce pourtant une suite, car le film a fait un carton au box-office. Il faut donc espérer que les auteurs trouveront de quoi renouveler le concept. En attendant, Zombieland est une petite surprise qui vaut vraiment le détour… si bien entendu vous n’avez pas l’estomac trop fragile !







Le Trombinoscope


Woody Harrelson
Jesse Eisenberg
Emma Stone
Abigail Breslin
Amber Heard

dimanche 27 mars 2011

Les Petits Mouchoirs

Film de Guillaume Canet (2010) , avec Benoit Magimel, François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, etc.
 
 
 
 














 
 
 
 
Je n’en attendais pas des merveilles, vu que je n’étais pas particulièrement fan du précédent film de Canet, Ne le Dis à Personne. Et puis finalement, on se laisse prendre au jeu. Cette histoire d’un groupe d’amis réunis par l’accident survenu à un des leurs m’a beaucoup fait penser à The Big Chill (Les Copains d’Abord), le superbe film de Lawrence Kasdan. C’est donc une version frenchie que Canet nous propose, alors bien évidemment, il y a les scènes à faire : grosses engueulades, apéro entre amis sur la plage, visionnage de vieilles vidéos, couples qui se défont ou se refont… De ce côté-là, pas vraiment de surprise. Les acteurs, en revanche, sont excellents et c’est grâce à eux que l’alchimie du film finit par agir.
 
 
 
 
Cluzet en fait des caisses avec son personnage d'homme d'affaires stressé. Il m’a fait beaucoup rire avec ses fouines, surtout quand il dézingue le mur de sa salle de bains à la hache, dans un improbable clin d’œil à Shining Bonjour ! C’est l’proprio ! »). Magimel est, comme toujours, très bon dans un rôle pourtant casse-gueule. Les personnages féminins sont plus effacés, sans doute Canet s’est-il senti un peu obligé de sacrifier leur développement par rapport à la durée déjà conséquente du film. Il y a aussi Hocine Mérabet, impayable en coach sportif new-age, avec ses histoires de pots de riz, qui deviennent vite un gag récurrent du film. Mais la palme revient à Joël Dupuch, dans le rôle de Jean-Louis. Le jeu de cet acteur, pourtant non professionnel, est particulièrement vrai et sincère, et c’est à lui qu’on doit d’ailleurs l’une des plus belles scènes du film, où il règle ses comptes avec toute la bande d’amis.
 


Pour le reste, on ne peut pas vraiment dire que les errances sentimentales de Marion Cotillard m’aient particulièrement accroché. La fin joue un peu trop sur la corde sensible, mais elle est heureusement sauvée par quelques beaux moments d’émotion. Au crédit du film, on peut dire qu’on ne voit pas passer les 2 h 30 de projection. Mais au final, on a un peu l’impression qu’hormis une ou deux scènes, il n’en reste pas grand’chose de vraiment fort. C’est le gros défaut d’un film qui, en définitive, repose un peu trop sur ses performances d’acteurs (au demeurant excellentes) et pas assez sur l’authenticité de ses émotions.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le Trombinoscope
Je passe bien évidemment sur les têtes d'affiches que tout le monde connaît.
 
 
Laurent Laffite
Louise Monot
Pascale Arbillot
Joël Dupuch
Anne Marivin
Valérie Bonneton
Hocine Mérabet

samedi 26 mars 2011

Surveillance

Un film de Jennifer Lynch (2008) - avec Bill Pullman, Julia Ormond, Michael Ironside, Ryan Simpkins, Cherie Oteri, Pell James, etc.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Un OVNI intégral ! Bon, on n’en attendait pas moins de la fille du réalisateur de Blue Velvet. Elle s’était déjà rendue coupable du déjà bien barré Boxing Helena, dans lequel un chirurgien amputait une femme pour pouvoir la garder sous son contrôle. 15 ans après ce premier film culotté, Jennifer Lynch repasse derrière la caméra et nous livre avec Surveillance un polar inattendu et ma foi assez jouissif.
 
 
Deux agents du FBI sont dépêchés dans une petite bourgade américaine pour enquêter sur un meurtre dans lequel sont impliqués des policiers. C’est le point de départ d’un jeu de piste, où la vérité n’est pas forcément là où on le pense et où chaque personnage cache quelque chose.
 

 



 
 
 
Outre sa violence particulièrement scotchante, le film flirte avec le bizarre et le tordu, tout en maintenant le spectateur en haleine en ne lui dévoilant que petit à petit les différents détails de l’intrigue. Surveillance frappe très fort d’entrée de jeu avec une scène d’assassinat ultra-violente, à la limite du gore. Puis le film semble plus familier, avec l’enquête et ses inévitables séquences d’interrogatoire. On y prend même un malin plaisir à décrire des flics de province beaufs et incapables, voire complètement pourris.
 

 
 


 
Tout le talent de Jennifer Lynch, c’est de savoir faire savamment déraper les choses vers une ambiance glauque, avec des personnages parfaitement haïssables, des flics psychopathes qui en définitive ne valent pas mieux que les tueurs qu'ils poursuivent. Le casting, composé en grande partie d’inconnus, est plutôt bon, mais ce sont Julia Ormond et surtout Bill Pullman, qui tirent leur épingle du jeu.
 
 
 
 
 
 
 
Bien sûr, le film n’est pas exempt de défauts, il y a ça et là des petites baisses de rythme, mais même si Jennifer Lynch reste encore bien loin d’égaler son paternel, Surveillance est une petite réussite, dont l’épilogue assez culotté vaut le détour. A découvrir.
 
 



Le Trombinoscope
Et hop! Une petite rubrique supplémentaire! Comme on ne se souvient pas forcément de qui est qui (surtout dans les films étrangers), et qu'il est toujours bon de saluer le travail des comédiens de second rôle, voici une rubrique que j'essaierai d'associer aux films dont je discute. Bon, j'avoue, l'idée n'est pas de moi, je l'ai honteusement piquée sur un autre blog, mais ça faisait longtemps que j'avais envie de rendre hommage à ces acteurs de second plan, dont on ne retient jamais le nom !
 

Bill Pullman
Julia Ormond
Michael Ironside
Ryan Simpkins
Pell James
Charlie Newmark
Gill Gayle


 

La Maison du Diable

(The Haunting)
un film de Robert Wise (1963) - avec Julie Harris, Richard Johnson, Claire Bloom et Russ Tamblyn, etc...





Un film d’angoisse qui ne ressemble à aucun autre. Au lieu de se vautrer dans les effets spéciaux faciles (ce que fera son remake des années plus tard), The Haunting préfère la suggestion, l’ambiance. Cette histoire de maison hantée éblouit toujours par la sobriété de sa réalisation et la justesse de ses interprètes.



En montrant le minimum, Robert Wise installe une atmosphère unique et piège ses personnages. La plupart des films d'angoisse reposent bien souvent sur des trucs à bon marché pour faire sursauter le spectateur (le bon vieux chat qui surgit toujours au moment opportun pour faire hurler tout le monde). The Haunting est le contraire de tout ça, le film est d’une grande rigueur, déjà par son approche, puisqu’il s’agît d’étudier le surnaturel sous l’angle scientifique. Rigueur également dans la psychologie des personnages, en nous identifiant principalement à celui d’Eleanor, remarquablement joué par la fragile Julie Harris. Nous sentons peu à peu cet envoûtement qui la lie à la maison de Hill House, jusqu’à la faire basculer dans la folie. Avec un minimum de moyens, le film arrive à susciter une réelle atmosphère d’angoisse : une ombre sur un mur, des bruits inexpliqués…




Hill House elle-même finit par devenir un personnage à part entière, une entité qui vit, comme dans une des scènes-clé du film, où une porte se déforme comme si la maison respirait. The Haunting est aussi formidablement aidé par le splendide travail sur la photo de Davis Boulton. Peu connu, ce chef opérateur anglais fait ici des merveilles, avec des plans parfaitement composés et éclairés, qui ajoutent grandement à l’atmosphère. On a dit du film que c’était « le Citizen Kane des films de maison hantée », et ce n’est pas par hasard, tant certains cadrages évoquent bien souvent le style d’Orson Welles.






La grande réussite du film, c'est justement être arrivé à faire de Hill House un personnage à part entière, et non plus seulement un cadre où se déroule une histoire. A travers les éclairages inquiétants et teintés d’expressionnisme, la maison prend véritablement vie. Il faut également saluer la performance incroyable de Julie Harris. Cette comédienne, qui n'a jamais été véritablement reconnue à sa juste valeur, trouve ici l'un de ses plus beaux rôles. Le personnage d'Eleanor, d'une sensibilité à fleur de peau, mène une vie tellement banale et quelconque qu'elle s'investit corps et âme dans l'expérience, jusqu'à en devenir la victime. Le jeu nuancé et subtil de Harris arrive à rendre crédible et émouvante sa personnalité hors-normes.



A la fois épuré, sobre et mesuré dans ses effets, The Haunting est une formidable réussite du genre. Son atmosphère unique sait faire travailler l'imagination du spectateur, sans jamais avoir recours au spectaculaire. Robert Wise signe ici l'un de ses meilleurs films, une véritable perle du cinéma fantastique qui mérite d'être redécouverte et réhabilitée à sa juste valeur.








Arrêts sur Images
 Les Coulisses du Film

Robert Wise réalise The Haunting deux ans après le carton planétaire de West Side Story. Entre temps, il signe un petit film, Two for the Seesaw. Très intéressé par l'adaptation du roman de Shirley Jackson, The Haunting of Hill House, il essaie de convaincre la MGM de le laisser produire le film. Malgré tout, comme le sujet n'est pas très porteur à l'époque (le fantastique est alors un cinéma de genre, pas très grand public), la compagnie accepte, mais le réalisateur doit travailler avec un budget réduit. Ceci l'amènera à tourner le film en Angleterre, avec un casting américain, et à utiliser le noir et blanc.



L'influence de Citizen Kane
Robert Wise, avant d'être réalisateur, a travaillé sur le montage du film d'Orson Welles. Il n'est donc pas surprenant de retrouver la même esthétique dans la composition de certains plans et l'utilisation de la profondeur de champ.




 


Objectifs spéciaux
Robert Wise utilise les objectifs grand angle, ce qui a pour effet de donner une perception de l'image très proche de la réalité, mais en la déformant subtilement. Il souligne ainsi l'étrangeté de Hill House.




  
Traitement de l'image
Afin d'altérer subtilement le rendu de l'image, Robert Wise et son chef opérateur Davis Boulton ont utilisé une pellicule infra-rouge qui accentuait le relief de la pierre. C'est ce qui donne aux prises de vue de l'extérieur de Hill House cet aspect très contrasté.







L'héritage Hitchcockien
Trois ans auparavant, Hitchcock avait réinventé le vocabulaire cinématographique avec son chef d'oeuvre, Psycho. Difficile de dire donc si ces emprunts à son style sont conscients ou non. Le fait est qu'ils constituent de beaux hommages, et qu'ils s'intègrent parfaitement à la narration du film, que ce soit pour appuyer la première rencontre d'Eleanor avec la maison ou avec ce gros plan assez incongru d'un oeil de poisson pendant la séquence du dîner.







On note également l’influence d’Hitchcock dans certains angles de prise de vues. L’utilisation des cadrages en plongée et du grand angle accentue le côté vertigineux de certains décors, comme celui de l’escalier de la bibliothèque. Martin Scorcese, grand fan du film, le reprendra d’ailleurs dans son Shutter Island.




Ce type de cadrage est utilisé à l’extrême, lorsque Wise filme ses personnages à la verticale, ce qui a pour effet de les « écraser »  encore davantage, et de les faire apparaître comme désemparés face au pouvoir de la maison.





Le second plan va encore plus loin: le personnage n'est pas seulement écrasé, il est perdu au milieu du décor et donc encore plus vulnérable.




Du silence et des ombres

Lors d’une des séquences les plus impressionnantes du film, Eleanor sent une présence durant la nuit. Fidèle à l'esprit très épuré du film, toute la scène repose uniquement sur un jeu d’ombres sur le mur et sur la performance d’actrice de Julie Harris. La voix off nous communique la peur du personnage, et de cette "présence" nous entendrons seulement des murmures. Contrairement à la plupart des films fantastiques qui s'en servent pour renforcer l'angoisse, il n'y a ici aucune note de musique.







La première manifestation des esprits de Hill House ne sera pas visuelle, mais sonore, sous la forme de coups violents frappés contre une porte. Là encore, nous ne verrons rien. Pas de musique, là encore (le son suffit largement à créer l'angoisse), mais de simples gros plans sur les visages des comédiennes ou sur un bouton de porte qui tourne.






Pour la petite histoire, l'un des rôles secondaires est tenu par Loïs Maxwell, qui fera ensuite une belle carrière au cinéma dans le rôle de Miss Moneypenny, la secrétaire des films de James Bond.




Petit clin d'oeil: les noms figurant sur le tableau noir, supposés être ceux de spécialistes de la parapsychologie, sont en fait des membres de la famille du scénariste Nelson Gidding.






A sa sortie, The Haunting n'a pas remporté un très gros succès public. Par contre, il a été très bien accueilli par la critique et a fini par se créer une réputation aux Etats-Unis via de multiples rediffusions à la TV et sur le cable. En 1999, Dreamworks en produira un remake, réalisé par Jan De Bont, avec Liam Neeson et Catherine Zeta-Jones. Une nouvelle version qui, contrairement au film original, misera à fond sur les effets spéciaux et le spectaculaire... pour un résultat pitoyable!

L'affiche originale du film



La petite madeleine
J'ai découvert The Haunting à la télévision, il y a bien longtemps, du temps où France 3 s'appelait encore FR3 et avait le culot de programmer des films pas très connus (et en noir et blanc, de surcroit) en prime time.  Depuis, le film a été très (trop) rarement programmé sur les chaînes hertziennes. Il faut donc se tourner vers le DVD paru chez Warner Home Video, qui propose le film dans une copie de bonne qualité.