jeudi 22 mars 2012

La Relève

(The Rookie)

Film de Clint Eastwood (1990), avec Clint Eastwood, Charlie Sheen, Raul Julia, Sonia Braga, Lara Flynn Boyle, etc...























A présent qu’il a fait la preuve de son immense talent, c’est toujours un peu marrant de revoir Eastwood dans ses rôles de flic bourru et franc du collier. Au Strapontin, on avait gardé un souvenir plutôt bon de The Rookie. Des années plus tard, il faut reconnaître que le film ne tient pas vraiment la route, et se révèle être un des plus faibles qu’Eastwood ait pu signer.



En fait, le gros défaut de The Rookie, c’est son côté trop « fabriqué », un peu comme si le film se résumait à une accumulation de recettes mises bout-à-bout. Si encore Eastwood n’était pas dupe de cette approche et la tournait en dérision, cela pourrait passer. Mais il est clair qu’il ne s’agit là pour lui que d’un produit de série, et il assure donc le strict minimum : un personnage principal directement inspiré de Dirty Harry, un duo de flics parce que les buddy movies cartonnaient à l’époque, une méga-explosion à la Die Hard… J’en passe et du moins bon. Si l’idée d’associer notre bon Clint à Charlie Sheen peut sembler prometteuse, le duo ne fait jamais véritablement d’étincelles, pas vraiment aidé, il faut dire, par des dialogues plutôt médiocres.



De même, tout ce qui tourne autour du personnage de Sheen, que ce soit dans ses relations avec ses parents ou son trauma d'enfance, est sous-exploité.
The Rookie met trois plombes à démarrer et à poser ses enjeux, et malgré tout le talent de Raul Julia, le méchant n’est guère impressionnant. Vers les deux-tiers, le film semble trouver son rythme et suscite un peu plus d’intérêt, mais avouons-le, Eastwood ne s’est pas vraiment foulé question mise en scène : c’est paresseux au possible, ce qui pour un thriller est tout de même un sacré handicap.





Si Clint Eastwood est un cinéaste passionnant, c’est aussi parce qu’il a su acquérir une indépendance financière en tournant des films comme celui-ci, conformes à un certain cahier des charges. Le fait qu’il se vautre dans les tics du cinéma d’action des années 90 n’aide pas The Rookie, bien au contraire, tant il synthétise tout ce que le genre pouvait avoir de creux et d’artificiel. On sourira donc devant les figures imposées, dont une scène de cul totalement gratuite qui aura au moins le mérite de faire sourire. Désormais, on sait Clint capable de largement mieux.






Un petit mot quand même sur la gargantuesque explosion, qui mériterait de figurer au panthéon des effets spéciaux par sa démesure. Le véhicule n'était pas un vrai - heureusement - et la détonation fût une des plus importantes jamais effectuées à Los Angeles. Une séquence ébouriffante - même si totalement andouille dans son principe - qui figurera d'ailleurs en bonne place sur le matériel publicitaire du film, tant affiche que bande-annonce.



mardi 20 mars 2012

Astérix et Obélix : Mission Cléopatre

Film d'Alain Chabat (2002), avec Christian Clavier, Gérard Depardieu, Jamel Debbouze, Monica Bellucci, Claude Rich, Alain Chabat, etc...


















Au Strapontin, on a toujours été bon client d’Alain Chabat et des Nuls. Partant de là, j’avais gardé un souvenir plutôt pas mauvais de cet Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre qui, à côté du premier film commis par Claude Zidi, m’avait paru bien plus fidèle à l’œuvre d’Uderzo. A la revoyure, pourtant, je dois avouer une certaine incompréhension : étais-je gazé par le battage organisé autour de la sortie du film ? Ou bien avais-je été très très indulgent vis-à-vis de son réalisateur ?… Mystère ! Peut-être aussi qu’entre-temps, la réussite artistique du Tintin de Spielberg aura fait réfléchir pas mal de monde sur l’impossibilité d’adapter une BD au cinéma. Toujours est-il que cette Mission Cléopâtre m’a parue bien poussive comparé à la légèreté dont Chabat réalisateur avait su faire la preuve dans son sympathique Didier. Si dans les décors et certains effets spéciaux, le film est effectivement assez conforme à l’album, il est plombé par le défilé incessant et systématique des stars Canal ou des potes à Chabat. Quant à Jamel, dont je suis plutôt bon client d’habitude, que dire ? Il fait du Jamel et monopolise l’écran. Si encore c’était drôle et un tant soit peu écrit, on n’aurait rien contre, mais comme les ¾ de ses vannes tournent autour de mots écorchés ("Astérisme", "Panoramisme" et ainsi de suite), ça devient un peu lassant à la longue. Le personnage de Numérobis n’a plus grand-chose à voir avec la BD, et Mission Cléopâtre présente finalement les mêmes défauts que le premier épisode, à savoir qu’il joue à fond sur des choix de casting  surprenants (« Tiens si on prenait untel pour jouer machin ») qui provoqueront la curiosité du public, mais qui, au final, ne laissent pas beaucoup de place au talent des comédiens. Claude Rich est transparent en Panoramix et Monica Bellucci insignifiante en Cléopâtre. Quant à Astérix et Obélix, ils sont plus effacés que dans le premier film, ce qui est loin d’être un défaut, du moins pour le détracteur de Christian Clavier que je suis.

vendredi 16 mars 2012

The Artist

Film de Michel Hazanavicius (2011), avec Jean Dujardin, Bérénice Béjo, John Goodman, James Cromwell, Penelope Ann Miller, etc...
















 

On a tellement bouffé du The Artist ces derniers mois qu’il y avait de quoi agacer même les plus réfractaires. Excusez du peu : un film français qui cartonne aux Golden Globes et aux Oscars, ça faisait belle lurette que ça ne nous était pas arrivés ! Donc du coup, autant pour notre fibre franchouillarde. Au-delà de ce que pouvait valoir le film, il y avait quand même une certaine fierté de s’être imposé avec une œuvre au concept aussi casse-gueule. C’est donc avec une certaine curiosité que le Strapontin attendait de découvrir le nouveau film de Michel Hazanavicius , tout en restant quand même un peu dubitatif. Woody Allen, Terrence Malick et Martin Scorsese coiffés au poteau par le réalisateur d’OSS 117 ??? Fallait voir !

A la base, c’est vrai que l’idée était intrigante : réaliser un film muet à une époque où on ne bouffe pratiquement plus que des grosses machines à effets spéciaux, ça tenait de la gageure ! Et c’est effectivement un bien beau concept auquel toute l’équipe du film a apporté un soin incroyable dans la reconstitution. Hazanavicius avait déjà prouvé avec ses précédents films qu’il savait parfaitement saisir l’essence d’un genre cinématographique donné et le restituer à l’écran. Le problème, c’est que, un peu comme dans ses autres œuvres, le résultat tient un peu de la coquille vide et ne semble pas très bien savoir ou il va. Son OSS 117, s’il capturait à merveille l’ambiance des films d’action des années 50, préférait miser sur un humour à la Y’a-t’il un Flic qui n’avait pas grand-chose à voir avec le héros de Jean Bruce (tant mieux, diront certains).



Ainsi, le film emprunte allègrement aux grands classiques qui l’ont précédé, quoi de plus logique. L’histoire est calquée sur celle d’Une Etoile est Née, par la mise en parallèle de la déchéance d’une star avec le succès de sa protégée. Le cadre, quant à lui, évoque Chantons sous la Pluie, avec le passage du muet au parlant. Là où ça coince, c’est qu’il n’y a pas réellement de substance dans tout ça. Les personnages ne sont pas véritablement attachants, et en dépit de petites touches finement observées. The Artist, c’est un peu comme l’intro d’OSS 117 (pas ce qu’il y avait de mieux dans le film, soit dit en passant) étirée sur 1 h 40. 


Assez curieusement, le seul instant de véritable émotion triche un peu avec l’approche minimaliste du reste du film. La scène finale est en effet accompagnée du thème d’amour de Vertigo, et c’est un joli moment. La musique de Bernard Herrmann ferait fondre des pierres, c’est sûr, mais en l’occurrence, elle apporte une épaisseur dramatique et émotionnelle assez bienvenue. Maintenant, que dire de la performance de Jean Doujardine ? Honnêtement, j’aime bien l’acteur donc loin de moi l’idée d’en dire du mal. Ceci dit, est-ce que ça valait un Oscar ?  Personnellement, je pense que non, même si la faute est plus à imputer à un personnage insuffisamment développé dans le scénario qu’à la performance elle-même.





The Artist fait partie de ces films qu’on voudrait aimer tant il possède de bonnes choses pour lui. Malheureusement, il lui manque l’essentiel, à savoir une vraie personnalité et une profondeur. Cela en aurait fait autre chose qu’un simple divertissement, dont on se demande bien qui il pourra séduire, hormis une poignée de cinéphiles, tant il est à contre-courant de ce que peuvent être les attentes du public actuel. Un beau pari, certes, mais, en dépit de ses récompenses, certainement pas un grand film. 


Le Trombinoscope:
L'élément le plus surprenant du film, c'est son casting qui, à l'exception des deux rôles principaux, est intégralement américain. Et pas du n'importe quoi puisqu'on y retrouve, entre autres, John Goodman et James Cromwell, mais aussi un "second couteau" méconnu comme Ed Lauter ou des revenants comme Penelope Ann Miller et Malcolm Mc Dowell. Un bon point, donc, pour cette distribution plutôt inhabituelle. Ah, et le chien est très bien!

Jean Dujardin
Bérénice Bejo
James Cromwell
Penelope Ann Miller
John Goodman
Malcolm Mc Dowell
Ed Lauter
Uggie