dimanche 18 août 2013

Oblivion

Film de Joseph Kosinski (2013), avec Tom Cruise, Olga Kurylenko, Melissa Leo, Morgan Freeman, Nikolaj Coster-Waldau, etc...
















Tom Cruise est un malin. Alors que sa vie people (Scientologie and co) aurait largement matière à plomber sa carrière, lui arrive toujours à rebondir, avec des gros budgets qui cartonnent généralement au box-office. C'est que l'acteur a le nez fin: il sait bien s'entourer, et dégotter les bonnes personnes pour se renouveler. Il n'hésite pas non plus à miser sur des choix risqués (Abrams et Bird pour la saga Mission Impossible) qui en définitive s'avèrent payants.


Pour son dernier film, Oblivion, il est allé chercher un jeune metteur en scène, Joseph Kosinski, qui avait déjà à son actif la suite de Tron, et qui adapte ici sa propre BD. Et d'emblée, ce qui impressionne de prime abord dans le film, c'est son design: propre, très épuré, glacial, à tel point que ça ne fait pas vraiment envie. Du coup, le Strapontin a tenté sans idées préconçues ni sans rien savoir sur le film. Et au final, c'est plutôt pas mal.


Sans trop en dire sur Oblivion, disons qu'il se rattache à un courant de films post-apocalyptiques qui fleurissent depuis quelques temps. Le bon Tom est un mécano du futur, chargé de réparer des drones qui montent la garde sur une Terre vidée de ses habitants par la guerre nucléaire. Voilà pour le postulat de départ, le film vous embarque ensuite dans une intrigue plutôt bien menée, avec son lot de rebondissements et de surprises. Rien à redire question spectacle: Kosinski possède un style qui, s'il n'est pas d'une originalité débordante, a au moins le mérite d'être clair. Pas de montage au marteau-pilon, ni de caméra parkinsonienne, c'est toujours ça de pris.


En revanche, et c'est son gros défaut, Oblivion donne un peu trop l'impression d'avoir pioché son inspiration à droite à gauche. Vous me direz qu'à l'heure actuelle, il n'est pas vraiment facile de faire du neuf, et qu'on tape forcément dans ce qui a déjà été fait. C'est le génie de la mise en scène que de savoir alors jongler avec ces différents éléments, et le film n'y arrive qu'à moitié. On pense donc (pêle-mêle) à 2001, Total Recall, Moon, Solaris, La Planète des Singes, Wall-E... Ca fait un peu beaucoup !


Les paysages, captés en Islande, sont magnifiques, mais on reste un peu sur notre faim question déco. C'est un peu léger d'évoquer la post-apocalypse avec un ou deux détails qui se battent en duel. Un bout de l'Empire State Building qui sort du sol, idem pour la torche de la Statue de la Liberté... Avec un budget de 120 millions de dollars, ça fait un tantinet cheap, un peu comme si tout l'argent était passé dans la conception des décors, véhicules et autres robots.





Donc cet Oblivion est un film mi-figue, mi-raisin, plutôt réussi par certains aspects mais un peu rapiécé par d'autres. Globalement séduisant, mais sans véritable personnalité, le film n'arrive pas vraiment à transcender ses trop nombreuses sources d'inspiration. Reste un spectacle agréable, à défaut d'être vraiment original.

dimanche 4 août 2013

Hello Dolly

Film de Gene Kelly (1970), avec Barbra Streisand, Walter Matthau, Michael Crawford, Louis Armstrong, Marianne Mc Andrew, etc...
 
















 
 
 
 
 
 
 
Hello Dolly fait partie de ces films auxquels il est de bon ton de tailler un costard. Ce n'est pas un musical de la grande époque, c'est un bon gros film de studio, qui de plus s'est complètement ramassé au box-office et a mis de surcroît sa compagnie de production (la Fox, pour ne pas la citer) sur la paille. Seulement voilà: au Strapontin, on aime les vilains petits canards, les films que personne ne défend. Retour sur un film mal-aimé, qui a marqué l’apogée et la fin d'une époque.
 
 
 
La comédie musicale, en tant que genre à part entière, a connu pas mal de déclinaisons, et l'une des plus particulières a été celle des années 60, au cours de laquelle Hollywood a cherché à faire toujours plus grand, toujours plus beau et toujours plus spectaculaire. Dans une logique de concurrence avec la télévision, on a produit des films qui ressemblaient davantage à de grosses pièces montées qu'autre chose. C'est le règne du frou-frou, de l'élégance, de la grosse figuration. L'avènement, aussi, du gnan-gnan, pour ratisser large et toucher le public le plus familial possible, ce qui en fait bien souvent des monuments de ringardise et de kitsch. Tout ça ne vieillit pas toujours très bien non plus, et il faut vraiment avoir une tendresse particulière pour cette époque pour apprécier pleinement tous ces films. On est ici plus proche de l'opérette filmée avec de très très très gros moyens que des musicals vintage MGM.
 
 
 

Histoire de mettre tous ses œufs dans le bon panier, la Fox recrute donc Gene Kelly lorsqu'elle met en chantier cette adaptation filmée d'un très très gros succès de Broadway. Peu importe que l'actrice principale, Barbra Streisand, n'ait absolument pas l'âge du rôle: elle vient de cartonner avec Funny Girl. D'emblée, les moyens sont énormes, les producteurs allant même jusqu'à reconstituer une avenue de New-York pour une séquence de parade démesurée. Rien ne manque au luxe de la reconstitution. Malheureusement, en pleine guerre du Vietnam, le public boudera cette super-production, ce qui donnera un coup d'arrêt définitif aux budgets pharaoniques. L'âge d'or de la comédie musicale est donc bel et bien enterré, et ne refera surface que bien des années plus tard.



 
Alors qu'en est-il de cet Hello Dolly ? Disons-le tout net: si vous êtes allergique aux intrigues un rien cucul, et si vous avez l'estomac fragile, passez votre chemin: ce film n'est pas fait pour vous. En revanche, si vous êtes un tantinet indulgent, il est facile de ce laisser embarquer dans cette gourmandise qui emprunte un petit peu partout. Un chouia de comédie romantique, un humour basique (on dira plutôt familial), des personnages et des situations déjà vues cent fois... ça pourrait se casser la gueule à chaque séquence, mais quelque part, la sauce prend. C'est assez culotté d'avoir choisi le bougon Walter Matthau dans le rôle du jeune premier (et même lui avoir fait pousser la chansonnette!). Son face-à-face avec Barbra Streisand passe plutôt bien, même s'il est notoire que les deux acteurs ne pouvaient pas se sentir et se sont copieusement engueulés sur le tournage.


 
Mais surtout, deux composantes essentielles du genre sont au rendez-vous. La musique de Jerry Herman et la chorégraphie de Michael Kidd confèrent au film tout son charme et son pouvoir de séduction. Même si on est bien loin des grands standards de la comédie musicale, les chansons de Hello Dolly respirent de cette joie de vivre qui forge les moments forts du genre, et il faudrait être sacrément de mauvaise foi pour ne pas être emballé par le ballet des serveurs des Harmonia Gardens. La chanson-titre, arrangée à grands renforts de cuivres, est exaltante à souhait, avec l'intervention de Satchmo himself, je veux parler de Louis Armstrong, qui est tout de même crédité au générique pour une apparition de quelques minutes chrono à l'écran.



 
Il faut aussi parler de la chanson Put On Your Sunday Clothes, qui a connu une seconde carrière en apparaissant de manière assez décalée dans Wall-E. Une manière de rendre hommage à un numéro musical qui, même s'il apparaît comme particulièrement daté, reste toujours aussi galvanisant et porté par l'enthousiasme de sa réalisation. La parade new-yorkaise est également un très beau moment, que Streisand commence sur un mode très délicat, où elle évoque comment son passé la rattrape, avant de se laisser emporter dans une fanfare dont l'exubérance et le faste fleurent bon les grandes heures d'Hollywood.
 



 
Donc oui, il y a pas mal de choses à aimer dans ce Hello Dolly, même si cela reste tout de même un sous-produit d'un genre qui commençait à tomber en désuétude. Contrairement à pas mal de films actuels, qui copient les classiques et se contentent d'appliquer bêtement des recettes, le film de Gene Kelly possède tout de même, quelque part, une sincérité, un cœur et un savoir-faire indéniables. Bien entendu, le film n'est pas exempt de défauts, loin de là, mais ce qu'il perd en originalité, il le gagne en charme et en séduction.




 
Qu'il me soit permis de terminer cette critique sur une note plus personnelle. On ne peut, après tout, pas vraiment dissocier les films du contexte dans lequel on les découvre. Hello Dolly reste pour moi lié au souvenir d'une séance particulière. Le petit gamin de 9 ans que j'étais alors découvrait le cinéma, en compagnie de sa famille, mais surtout de son père, grand amateur de comédies musicales, et hélas parti trop tôt. Sans lui, le Strapontin ne serait sans doute pas ce qu'il est aujourd'hui. Je tenais donc à lui rendre ce petit hommage.
Cette chronique lui est dédiée.


 

 
 
Le Trombinoscope
 
Fox a investi des fortunes dans la production, mais pas dans son casting, puisqu'il est en grande partie constitué d'inconnus. Cela n'empêche pas le film de fonctionner, même si certains seconds rôles sont plutôt moyens. Michael Crawford est un répertoire à grimaces, quant à Danny Lockin, son partenaire, il a tristement défrayé la chronique en se faisant poignarder sauvagement quelques années plus tard. La présence de Louis Armstrong tient plus du clin d’œil que d'autre chose, car le chanteur avait cartonné avec sa propre version de la chanson-titre cinq ans auparavant. Enfin, surprise: petite apparition de Scatman Crothers, une des trognes les plus reconnaissables du cinéma US, au tout début du film.


Barbra Streisand
Walter Matthau    


Michael Crawford
Danny Lockin
Louis Armstrong
Marianne Mc Andrew
E.J. Peaker
Scatman Crothers


Le Blu-Ray

Comme bon nombre de grosses productions de l'époque, Hello Dolly utilisait un format image particulièrement pointu, le Todd-AO. Mieux, il a également été tourné en 70 mm, soit avec une définition et une qualité d'image largement supérieure à ce qui se faisait alors. Très rares étaient les films captés en 70 mm natif, à cause des couts prohibitifs. Du coup, on attendait avec une certaine impatience le transfert HD. Et le fait est que l'image de cette nouvelle édition est particulièrement impressionnante. Le transfert DVD était assez moyen, et il est donc désormais possible de discerner plein de détails jusqu'alors passés à la trappe par une définition pas franchement top. La robe de Dolly aux Harmonia Gardens, la figuration imposante, le luxe des décors et des costumes sont magnifiés par une définition impeccable et des couleurs plus que pimpantes. Par contre, zéro pointé à Fox France, qui n'a même pas daigné sous-titrer les suppléments (une évocation du tournage par la femme de Gene Kelly et un reportage d'époque). Ce n'est franchement pas avec une attitude éditoriale pareille que le blu-ray va parvenir à s'imposer sur le marché.

How To Train Your Dragon (Dragons)

Film d'animation de Chris Sanders et Dean Deblois (2010), avec les voix de Jay Baruchel, Gerard Butler, Christopher Mintz-Plasse, America Ferrara, etc.
















Franchement, je dois dire que les films d’animation Dreamworks ne m’ont jamais convaincu au niveau de l’esthétique. C’est laid. Là où Pixar nous éblouit à chaque fois, eux jouent la carte du marrant, du sympa, mais pas forcément du plaisir de l’œil. Ce How to Train Your Dragon a beau être bien vu et plein d’idées, il se ramasse sur le design de son personnage principal : un dragon qui ressemble à un chat, désolé, ça ne le fait pas et c’est d’autant plus rageant que les autres bestioles du film sont assez bien vues. Sinon, on a droit aux habituelles séquences speed de voltige (du genre qui déchirent tout en 3D !), mais l’idée de base (apprends à connaître ton ennemi avant de le chasser) est plutôt bienvenue dans un film de ce genre, et le cadre viking intelligemment exploité. En résumé, ça se laisse voir, même s’il n’en reste pas grand’chose une fois le film terminé.