Film de François Ozon (2013), avec Fabrice Luchini, Kristin Scott-Thomas, Emmanuelle Seigner, Denis Ménochet, Ernst Umhauer, etc...
Dans
le paysage actuel du cinéma français, François Ozon fait un peu figure
d'électron libre. Sans style réellement défini, il a tout de même une
prédilection pour les intrigues troubles, dans lesquelles la manipulation joue
souvent un grand rôle. Dans La Maison
est dans la lignée de ce courant d'inspiration. Il s'agit d'un jeu sournois
entre un professeur (Fabrice Luchini) et son élève, qui lui raconte par
rédactions interposées comment il s'introduit dans la famille de son ami et la
détruit de l'intérieur.
Le
film est un subtil jeu de miroirs sur le pouvoir de la narration. Nous mêmes
spectateurs devenons tout autant fascinés et dépendants du déroulé de cette
histoire que le personnage de Luchini. Avec de subtiles distanciations, Ozon
nous entraine petit à petit dans une manipulation qui devient de plus en plus
sournoise et tordue. C'est un peu là que le bât blesse, car le final semble un
peu plaqué sur le reste, avec une pirouette à laquelle on a du mal à adhérer et
qui parait bien loin de la rigueur de l'ensemble. Cela est d'autant plus frustrant que le film tient un discours très cohérent et critique sur la construction dramatique de sa propre histoire.
Mais
à l'exception de cette conclusion, Dans La Maison
reste particulièrement subtil, tant dans la mise en place de ces situations que
dans l'observation de leur dérèglement. Luchini, comme à son habitude, est
excellent, mais on aurait souhaité des seconds rôles un petit peu plus présents. Emmanuelle Seigner, pourtant un personnage crucial, parait éteinte, Scott-Thomas fait du Scott-Thomas et seule Yolande Moreau crée la surprise dans un rôle parfaitement inattendu. Magnifiée par la musique lancinante de
Philippe Rombi, c'est globalement une bonne surprise, à laquelle on aurait
juste souhaité adhérer dans son ensemble.