lundi 31 mars 2014

Elysium

Film de Neill Blomkamp (2013), avec Matt Damon, Alice Braga, Sharlto Copley, Jodie Foster, Diego Luna, etc…

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Il y a quelques années était sorti sur nos écrans un curieux petit film de SF, District 9, dont l’idée de départ était brillante. En clair, une invasion d’extra-terrestres était montrée sous un angle « social », avec de nombreux parallèles liés à l’immigration. C’était très original, mais malheureusement desservi par une approche très « reportage » qui sonnait un peu toc. OK, ça renforçait le côté quasi-documentaire, mais se bouffer 1 h 30 de caméra portée, non merci. Fort heureusement, le film a attiré l’attention d’Hollywood sur le réalisateur Sud-Africain Neill Blomkamp, qui débarque aujourd’hui avec son petit dernier, Elysium.

 

vlcsnap-2014-03-31-13h54m29s204 L’affiche ne faisait pas vraiment envie, on avait presque l’impression qu’on allait se cogner un clone d’Oblivion, bref de la SF friquée et conventionnelle. Eh ben non ! Elysium s’avère être une bonne surprise qui, si elle ne révolutionne pas le genre, l’enrichit au moins de plein de petits détails bien sympathiques. Tout d’abord, le versant social est mis en avant. De la part de Blomkamp, on n’en attendait pas moins, mais le fait est que cela enrichit considérablement une intrigue de SF construite sur la lutte des classes. En clair, dans le futur, les nantis s’expatrieront sur une station spatiale paradisiaque, alors que les pauvres seront confinés sur Terre avec la pollution et la surpopulation. Le film est bien entendu l’histoire du rouage qui va faire dérailler le système.

 

vlcsnap-2014-03-31-13h42m34s220 Je ne suis pas vraiment un fan de Matt Damon, que je trouve inexpressif au possible et toujours cantonné au même style de rôle. Rien de révolutionnaire dans Elysium, mais son personnage d’ancien repris de justice se tient plutôt bien. Jodie Foster est très bonne aussi, dans un rôle de garce haïssable au possible. Enfin, il faut signaler la prestation de Sharlto Copley, qui jouait déjà dans District 9, et qui campe ici un méchant totalement déjanté.

 

 

 

vlcsnap-2014-03-31-13h41m11s145 Le film intègre avec plus ou moins d’adresse plusieurs éléments futuristes, comme la robotique, dans une intrigue finalement assez classique, mais sans en faire trop, et en conservant toujours vivant son arrière-plan social. Bien entendu, il y a les passages obligés avec des pétoires qui dézinguent tout, ou bien les inévitables séquences de piratage informatique, dans lesquelles les disques durs sont carrément remplacés par le cerveau lui-même.

 

 


Il y a donc suffisamment d’éléments inédits ou sortant de l’ordinaire pour que l’on ne s’ennuie pas. Même si, sur la fin, Elysium cède un peu trop à la tentation du spectaculaire et des gunfights à répétition, il reste tout du long assez divertissant et original pour insuffler une bouffée d’air frais dans le genre. Réjouissant.

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samedi 29 mars 2014

Perfect Sense

Film de David Mackenzie (2013), avec Eva Green, Ewan Mc Gregor, Connie Nielsen, Ewen Bremner, Stephen Dillane, etc…

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Alors que les grosses productions hollywoodiennes mettent en scène la fin du monde sous un déluge d'effets spéciaux, Perfect Sense aborde l'apocalypse sous un angle beaucoup plus inhabituel, et donc d'autant plus déstabilisant : la race humaine est ainsi privée progressivement de ses cinq sens. C'est dans ce cadre inhabituel que le film va nous décrire la plus improbable des histoires d'amour entre Eva Green et Ewan Mc Gregor.

vlcsnap-2014-03-29-10h39m37s225D'emblée, Perfect Sense refuse les clichés pour imposer une vision de l'apocalypse d'autant plus dérangeante qu'elle nous touche dans ce que nous avons de plus personnel : la perception du monde qui nous entoure. L'idée en elle-même est tellement cauchemardesque (et quelque part plausible, dès qu'on pense aux différents virus qui existent actuellement), la réalisation n'a pas besoin d'en rajouter dans le spectaculaire. Les personnages ne sont pas des héros, mais simplement des gens ordinaires qui vont tenter de survivre à l'inexplicable et de s'adapter à des évènements qui les dépassent. Alors du coup, la narration peut sembler un peu lâche, on n'évite pas quelques longueurs, même si le film est relativement court. 



L'histoire, simple, sait être touchante quand il faut, à l'aide de petits détails singuliers (l'apparition de la maladie liée à une crise de larmes) et va jusqu’au bout de sa logique, en imposant une conclusion qui n’a rien d’un happy end. Donc, même si au final, on reste sur une impression d'inachevé, Perfect Sense est suffisamment original pour se démarquer et mériter d'être découvert.

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vendredi 28 mars 2014

Perfect Mothers

(Adore)

Film d’Anne Fontaine (2013), avec Naomi Watts, Robin Wright, Xavier Samuel, James Frecheville, Sophie Lowe, etc…

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Ah celle-là, il fallait la trouver: deux amies de toujours qui tombent respectivement amoureuses chacune du fils de l'autre. Bien évidemment, une idée pareille pouvait difficilement germer dans l'esprit d'un scénariste hollywoodien pur jus. C'est la frenchy Anne Fontaine qui s'y colle, pour son premier film en langue anglaise. 

 

vlcsnap-2014-03-28-17h07m31s49Si on avait pu apprécier le talent provocateur de la réalisatrice dans des œuvres aussi diverses que Nettoyage à Sec ou bien ce thriller en pointillés qu'était Entre ses Mains, il faut bien avouer que cette première tentative en langue anglaise n'est pas vraiment ce qu'on pourrait appeler un coup d'éclat. Compte tenu de la frilosité prévisible des studios et en dépit de la présence d'actrices américaines au générique, le film a été produit avec des capitaux australiens. Donc nous avons Naomi Watts et Robin Wright, grandes copines depuis des années, menant une vie paisible dans un décor de carte postale. Jusqu'à ce qu'un des deux garçons tombe amoureux de la belle Robin et que - toc toc badaboum ! - l'autre décide de faire pareil avec la belle Naomi. Ce qui nous vaut des galipettes passionnées mais pas trop quand même parce qu'il ne faut pas chatouiller la censure.

 

vlcsnap-2014-03-28-17h05m26s29Le sujet est risqué et fort sur le plan émotionnel. On comprend donc d'autant moins pourquoi le film est si exsangue et sans vie. Déjà, les deux acteurs sont aussi convaincants qu'une assiette de moussaka et même si Watts et Wright se débrouillent plutôt bien, elles sont incapables d'être crédibles face à eux. Quant à la dramaturgie, elle pointe aux abonnés absents. Après avoir culpabilisé l'espace de dix minutes, nos deux amies cougars se disent que c'est finalement très cool de se taper des djeunz et ça s'arrête là.

 

 

Avec un tel sujet et des actrices aussi impliquées, le résultat tient franchement du gaspillage de ressources. Le film, lui, est inutile et sans saveur. Un ratage.

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jeudi 27 mars 2014

Effets Secondaires

(Side Effects)

Film de Steven Soderbergh (2013), avec Rooney Mara, Jude Law, Channing Tatum, Catherine Zeta-Jones, Vinessa Shaw, etc…

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Un thriller signé Steven Soderbergh ? Pourquoi pas, après tout, vu que le réalisateur a toujours pris un malin plaisir à ne pas être là où on l’attendait. Après son exploration froide et glaçante d’une pandémie avec Contagion (dont le Strapontin vous parle ici), le voici de retour avec un bon vieux film à suspense des familles, avec retournements de situation et coups de théâtre à la clé. La critique y est allé de sa comparaison avec Hitchcock, oubliant au passage combien le Maître du Suspense pouvait être un artiste visuel, alors que l’approche de Soderbergh est plus intellectuelle qu’autre chose.


vlcsnap-2014-03-26-22h52m33s129Donc ça commence effectivement de manière très clinique, par la peinture d’une névrosée meurtrière. L’approche est assez originale, tant il est peu courant de voir ce genre d’histoires abordées sous un angle purement médical. Les différents développements de l’intrigue sont même assez malins, jouant avec subtilité sur la manipulation des uns et des autres, et faisant évoluer intelligemment l’histoire. Bien entendu, tout cela reste très distant, manque de chaleur, mais après tout, rien d’étonnant : on est chez Soderbergh après tout.

 

 



C’est plutôt bien mené, mais hélas, Side Effects se fait cueillir dans la dernière ligne droite. Le final et ses retournements de situation tellement artificiels foutent en l’air le semblant de rigueur du début. Bien dommage pour un film qui, s’il manquait peut-être d’un soupçon de conviction et d’humanité, méritait vraiment beaucoup mieux que ces grosses ficelles.


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mercredi 26 mars 2014

11.6

Film de Philippe Godeau (2013), avec François Cluzet, Bouli Lanners, Corinne Masiero, Juana Acosta, Johan Libéreau, etc…

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Le cinéma n’a pas beaucoup tardé à s’approprier l’histoire de Tony Musulin, ce convoyeur de fonds qui avait dérobé la coquette somme de 11,6 millions d’euros. Et honnêtement, j’aurais zappé le film s’il n’y avait pas eu Cluzet. Avec le temps, cet acteur a su se forger une image en béton dans le paysage actuel du cinéma français. Cluzet, c’est un peu notre Tom Hanks à nous, un mec qui peut tout jouer et qui apportera à chacun de ses rôles cette petite touche supplémentaire qui en renforcera le réalisme et la crédibilité, tout en gardant ce plaisir d’en faire parfois un peu trop et de se lâcher de temps en temps.

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C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus réussi dans 11.6, ce portrait d’un personnage opaque et énigmatique. Ceux qui comptaient sur le film de Philippe Godeau pour comprendre les motivations du convoyeur risquent fort d’être déçus, puisqu’on n’y apporte aucune lumière dessus. C’est la grosse faiblesse du film. En s’inspirant d’une histoire vraie, il n’a su en importer qu’une illustration du déroulement des faits, rien d’autre. D’où une certaine sècheresse globale, à laquelle fort heureusement, François Cluzet apporte humanité et profondeur. Son portrait de Musulin, tout en demi-teintes et en finesse, est le seul centre d’intérêt d’un film trahi par l’aridité de son sujet.

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lundi 24 mars 2014

Le Loup de Wall Street

(The Wolf of Wall Street)

Film de Martin Scorsese (2013), avec Leonardo di Caprio, Margot Robbie, Jonah Hill, Rob Reiner, Matthew Mc Conaughey,etc…

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Ah ça, on peut dire qu’il n’y va pas avec le dos de la cuillère, le père Scorsese ! Ce portrait d’un golden boy pourri jusqu’au trognon est touffu, excessif, vulgaire et obscène. The Wolf of Wall Street est un film survolté, une sorte de gros mille-feuilles qui déborde de partout et dans lequel on mord goulument. Car en effet, ça commence très fort, avec une voix off et un empilement de situations frénétiques qui, dans son approche, fait irrésistiblement penser aux Affranchis. Avec un sens du rythme absolument démentiel, Scorsese nous entraine dans une sarabande délirante et outrancière, qui donne le vertige et surtout prive le spectateur de tout jugement moral, à tel point qu’il en devient presque anesthésié, comme ces traders défoncés à la coke.

 

vlcsnap-2014-03-24-00h18m52s74Soyons honnête: dans sa première heure, The Wolf of Wall Street  est franchement emballant. Le réalisateur impressionne et éblouit par sa virtuosité et sa maitrise. A 70 ans, Scorsese n’a plus rien à prouver à personne et il enquille tranquillement les figures de style avec l’adresse d’un trapéziste de haut vol. Mais après s’être fumé une heure de plus pleine à craquer de partouzes en tout genre et de lancers de nains (si !), on commence à fatiguer un peu, d’autant plus que le film continue dans la même direction, sans même développer un tant soit peu ses personnages.

 

 

vlcsnap-2014-03-24-00h26m54s195On pourra dire que la vacuité du scénario fait écho à un monde artificiel, dominé par la drogue et les excès en tout genre, mais cela ne fait pas pour autant un tout cohérent. De temps à autre, vu qu’on nous a bien mis le nez dessus, on se dit que le FBI va intervenir à un moment ou à un autre et que l’intrigue va évoluer un tant soit peu… Peau de balle ! Toute cette partie est torchée à la va-vite, au bout de 3 heures de projection. On pourrait se plaindre de l’absence de point de vue moral, mais finalement, Les Affranchis fonctionnait également sur le même principe. Sauf que le scénario avait tout de même autre chose à proposer que de la défonce à tout va.

 

Alors oui, Di Caprio est impérial dans un rôle putassier au possible, notre Jean Doujardine national est rigolo en banquier suisse et la mise en scène est superbe d’efficacité, mais ça tourne en roue libre. On regrette juste qu’autant de talent soit mis au service d’un scénario aussi répétitif et de personnages sans le moindre intérêt, qu’il soit aussi bien humain que dramatique. Ouvertement et  bêtement provocateur, The Wolf of Wall Street  a du mal à cacher un réel manque d’inspiration de la part de Scorsese qui, en dépit de quelques belles figures de style, peine à convaincre. Boursoufflé et vain.


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mardi 18 mars 2014

La Tour Infernale

(The Towering Inferno)
Film de John Guillermin et Irwin Allen (1974), avec Steve Mc Queen, Paul Newman, William Holden, faye Dunaway, Fred Astaire, etc…
























Autoproclamé « le plus gigantesque des spectacles », The Towering Inferno représente l’apogée de la vague de films-catastrophe qui submergea Hollywood au milieu des années 70. Avec son casting de valeurs sûres, ses personnages découpés à l’emporte-pièce et ses bons sentiments, le film peut aujourd’hui prêter à sourire. Mais malgré tout et en dépit de ses défauts, il reste, quelque 35 ans après sa sortie, une référence du genre et un sacré spectacle.



A l’origine de The Towering Inferno, il y a surtout un producteur, Irwin Allen. Après un parcours fructueux à la TV (toutes ses séries seront des succès, même si seulement Voyage au Fond des Mers et Au Cœur du Temps seront diffusées en France), il s’oriente vers le cinéma avec un peu moins de bonheur. Ses films d’aventure un brin ringards connaîtront un honnête succès, mais c’est en 1972 qu’il touchera le jackpot. Un concept intriguant (des passagers prisonniers d’un paquebot retourné) et ce sera le jackpot de The Poseidon Adventure (dont on vous reparlera sous peu sur le Strapontin), lançant du même coup la mode du film-catastrophe.





Aussi lorsque la Warner décide d’adapter le roman The Tower, qui relate un incendie dans un gratte-ciel, elle est un peu inquiète d’apprendre qu’Allen a eu la même idée avec un autre bouquin, The Glass Inferno. Donc, plutôt que de rivaliser, les deux major companies décident d’unir leurs forces pour produire le film. Après avoir recruté bon nombre de stars, le tournage est réparti entre plusieurs équipes. Une principale, sous la responsabilité du réalisateur John Guillermin, se chargera des scènes classiques avec acteurs, alors qu’Irwin Allen dirigera toutes les séquences d’action. Enfin, une troisième équipe se chargera des effets spéciaux et une quatrième des prises de vues aériennes.





Le résultat, on le connaît, et si le film tient encore bien la route, c’est en particulier grâce au travail sur les cascades et les effets spéciaux. Pour ce qui est du reste, il faut bien avouer que The Towering Inferno se roule parfois dans les clichés les plus éhontés, avec des personnages très (trop) stéréotypés : le chef des pompiers (Steve Mc Queen), bon gars tout le temps sur le qui-vive, le brave architecte (Paul Newman) qui reconnaît ses responsabilités dans la catastrophe, le vilain promoteur (William Holden) et son encore plus vilain gendre (Richard Chamberlain), qui ont sacrifié la sécurité à la rentabilité…


 

 
On ne peut pas dire que le scénario brille par sa finesse ni par son intelligence, et les dialogues sont à l’avenant, avec des traits d’humour lourdement appuyés. La direction d’acteurs n’a jamais été le fort d’Irwin Allen. C’est même à se demander s’il n’embauchait pas volontairement des comédiens multi-oscarisés pour justement s’épargner cette besogne. Il ne faut donc surtout pas attendre des merveilles, ni au niveau de l’interprétation, ni au niveau de l’intrigue. On reste constamment au niveau d’un cinéma « à la papa », parfaitement calibré. Bien entendu, les dialogues fustigent gentiment les responsabilités des urbanistes et des architectes, et tressent des lauriers aux pompiers, quoi de plus normal ?



Pourtant, malgré toutes ces casseroles, The Towering Inferno réussit tout de même à emporter le morceau et à demeurer une référence du genre. A cela plusieurs raisons. Le scénario, tout d’abord. Même si le script de Stirling Silliphant n’a rien de révolutionnaire, il a l’intelligence de respecter une unité de temps, de lieu et d’action, à la différence des films comme Tremblement de Terre, qui s’éparpillaient. Le cadre de l’action, ensuite, n’offre aucune porte de sortie aux personnages, et rend toute tentative de secours extrêmement périlleuse. Malgré l'étendue de l'action, le film entretient un sentiment de danger d'autant plus efficace que la menace du feu est telle que n'importe qui peut s'y identifier. Ensuite, l’enchaînement des péripéties les plus diverses et variées est particulièrement bien géré et arrive à soutenir l’attention sur une durée de projection de près de 3 heures, ce qui n’est pas négligeable.




Sur le plan technique, le film tient ses promesses. A l’aide de maquettes démesurées et de modèles radiocommandés, il parvient à rendre crédible les péripéties les plus invraisemblables, aidé il est vrai par un impressionnant travail sur les cascades. Les séquences d’incendie, tournées au ralenti pour des impératifs techniques, acquièrent parfois une certaine démesure plutôt grandiose, aidées par une excellente partition musicale de John Williams. Et assez curieusement pour un spectacle aussi pépère, le film fait parfois preuve d’un sadisme assez déconcertant, comme dans la séquence où Robert Wagner et sa maîtresse périssent dans l’incendie de leur bureau.




On retrouve certains échos de The Poseidon Adventure, mais de manière finalement assez subtile, les structures des deux films étant différentes. Là où le premier reposait sur un itinéraire de survie dans un cadre inhabituel, le second est bâti à la fois sur la progression du sinistre et sur les tentatives des personnages pour y échapper. Irwin Allen y fait toutefois référence dans la séquence de l’escalier de secours, mais également dans le découpage, tout le film étant rythmé par des courtes séquences d’explosion qui agissent presque comme des ponctuations dans le récit.

 

 

Le final, à la fois démesuré et énorme, est le point d’orgue du film, mais aussi quelque part de l’œuvre d’Allen, qu’on surnommait le Master of Disaster. Steve Mc Queen, Paul Newman, William Holden et Fred Astaire sont noyés pour de vrai sous des trombes d’eau, le réalisateur conclue son épopée catastrophiste par une séquence apocalyptique pleine de bruit et de fureur. C’est l’apogée d’un certain cinéma-spectacle des années 70, réalisé à l’ancienne et garanti sans image de synthèse. Quelque part, The Towering Inferno, même s’il est à des lieues de la perfection technique des effets actuels, marque le triomphe de cette approche traditionnelle du cinéma, avec ses aspects un peu gauches et loupés qui confèrent au film un véritable capital de sympathie.



Il y aurait beaucoup à redire sur le film et sur ses défauts, ainsi que sur le fait de transformer une tragédie en spectacle (un aspect encore plus évident après les évènements du 11 septembre). C’est ce mélange de démesure et d’imperfection, de maîtrise technique et de crétinerie, de grand spectacle et de nanar qui fait tout le prix de The Towering Inferno. Un mélange que son producteur ne saura hélas pas retrouver dans ses films suivants, et qui reste paradoxalement à ce jour une des plus belles réussites du genre.











Arrêts sur Images
 


Les Effets Spéciaux

A une époque où les images de synthèse n’existaient pas, beaucoup de techniques différentes ont été utilisées pour donner vie au gratte-ciel et à l’incendie du film. Tout d’abord, les matte paintings (ou peintures sur verre) ont permis de superposer des acteurs sur des fonds peints, ou d’insérer carrément la Tour de Verre dans le panorama de San Francisco.



 


Les séquences où intervient le feu ont été tournées sous la supervision de plusieurs conseillers appartenant aux pompiers de Los Angeles et San Francisco. Les cascadeurs qui devaient « prendre feu » étaient équipés de protections et utilisaient un gel spécial pour la combustion. Comme ils ne pouvaient supporter les flammes que pendant un temps limité, Irwin Allen a eu l’idée d’utiliser le ralenti afin de maximiser la durée de ces séquences. Cet impératif technique a finalement servi le film puisque, ces scènes étant muettes et sans effets sonores, elles sont intégralement soutenues par la musique, qui renforce leur impact dramatique. Des mannequins ont également été utilisés dans certaines séquences, comme celle où la secrétaire de Robert Wagner se jette par la fenêtre. La main plaquée sur le visage aide à dissimuler l’illusion.






Ensuite, l’essentiel des effets repose sur une maquette aux proportions gigantesques (près de 30 mètres). Elle était équipée de mécanismes qui permettaient d’y mettre le feu, en dosant du propane, de l’acétylène et de l’air afin de pouvoir maîtriser la coloration des flammes. Les différents éléments tels que le feu et l’eau ont été filmés à des vitesses élevées, afin de produire un effet de ralenti qui leur donne davantage de volume.






Plusieurs étages de la tour ont été reconstitués à une échelle plus importante, ce qui permettait des effets plus réalistes. De plus, une équipe aérienne a été utilisée dans certains plans.





La très grande hauteur de la maquette a également permis d’utiliser des angles en plongée qui renforcent l’impression de vertige. La caméra était alors fixée sur une nacelle montée sur un bras articulé, ou pour certains plans, sur un hélicoptère. Le fait que l’action se déroule la nuit permet de masquer l’arrière-plan, qui aurait pu trahir l’aspect maquette de l’ensemble.






Le film combine également plusieurs techniques différentes. Certains plans, nottament une bonne partie de la séquence de sauvetage depuis le Peerless Building, ont été réalisés sur fond bleu, et combinent les acteurs avec la maquette de la tour.







Des modèles réduits radiocommandés ont aussi utilisés, comme dans la scène où l’hélicoptère doit déposer Steve Mc Queen sur le toit de l’ascenseur extérieur.







La destruction de la salle de réception a été réalisée en live, sur un plateau surélévé et spécialement équipé pour pouvoir être inondé. Aucun des acteurs principaux ne sera pas doublé pendant la séquence, et même Fred Astaire, avec plus de 70 ans au compteur, encaissera sans broncher le déluge de plusieurs tonnes d’eau. Pour plus de sécurité, sept caméras seront utilisées pour filmer l’action en une seule prise, le décor étant détruit par l’inondation.








La Musique
 
Bien avant que Jaws ou Star Wars ne le propulsent vers la célébrité, John Williams avait déjà collaboré plusieurs fois avec Irwin Allen, en particulier sur l’excellente partition de The Poseidon Adventure. Il était donc logique que le producteur lui demande de travailler sur cette nouvelle production. La musique est assez différente du style actuel du compositeur, elle est beaucoup plus sombre, retenue, discrète dans ses effets et son utilisation (il y a à peu près 50 minutes d’accompagnement sur 2 h 45 de film). En même temps, elle sait parfois occuper le devant de la scène. Le superbe générique (Main Title), de près de 5 minutes, est vraiment remarquable, par son approche rythmique et sa tonalité héroïque. De même, Trapped Lovers, qui accompagne la mort de Robert Wagner et de sa maîtresse, possède des moments assez grandioses, et le long morceau qui suit la préparation des charges pour le final est remarquable dans ses ruptures de ton et la façon dont il unifie différentes actions parallèles.

La musique a été éditée au moment de la sortie du film, dans un album qui reprenait les principaux morceaux du film, mais faisait quand même la part belle à pas mal de morceaux d'easy listening plutôt dispensables. Il faudra attendre une récente édition sur le label FSM pour pouvoir découvrir la partition dans son intégralité. Edition hélas épuisée car tirée à 3000 exemplaires, et s’arrachant sur le Net à des prix défiant toute concurrence. Autant pour la démocratisation de la musique de film !






Le Logo
 
L’aspect publicitaire du film est assez inhabituel pour un film de genre comme celui-ci. A l’époque, des designers comme Saul Bass avaient commencé à utiliser des graphismes particuliers et des logos pour les titres de films, mais cela n’était pas encore très courant. L’originalité de l’approche d’Irwin Allen, c’est de résumer à l’aide d’une seule image stylisée tout le sujet du film. The Poseidon Adventure avait utilisé cette formule avec succès, et The Towering Inferno continue dans le même sens. Notons également que le design du titre lui-même reflète le cadre « incendiaire » du film, avec un lettrage qui semble déformé par la chaleur.





Scènes coupées et version longue

Comme c'est parfois le cas sur les chaînes de TV américaines, le film a été diffusé dans une version plus longue que la version cinéma. Cela ne signifie pas que le montage final n'était pas conforme aux désirs d'Irwin Allen, cette "version longue" n'utilisant que des prises alternatives ou des éléments d'intrigue parfaitement dispensables. Vu la différence flagrante de qualité entre les éléments coupés et le reste du film, elle n'a donc pas été reconstruite pour l'édition en vidéo. Bien que ce métrage supprimé représente près de 45 minutes, il ne contient rien d'essentiel .A titre de curiosité, on pourra le visionner sur l'édition DVD collector ou le blu-ray du film.




En vidéo

Le film a connu des fortunes diverses en vidéo, surtout en France, à cause de sa production partagée entre deux studios, la Fox gérant la distribution aux USA et la Warner pour le reste du monde. La première édition parue en Amérique ne comportait aucun bonus, puis le film a été réédité plusieurs années plus tard dans une somptueuse édition collector… qui n’a malheureusement pas franchi l’Atlantique ! Warner, dans notre beau pays, se contenta d’une édition basique à l’image plutôt bonne qui (outre l’absence de bonus), n’avait qu’un seul défaut : un nouveau doublage français particulièrement exécrable, la VF originale (et culte… Marcel Bozzuffi y doublait Newman) étant passée à la trappe…





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Surprise : lorsque le blu-ray Warner sort en France, il reprend pratiquement le contenu de l’édition collector Fox… et il y a de quoi faire ! Documentaires rétrospectifs, commentaires audio (non sous-titrés hélas), scènes coupées, bref largement de quoi rassasier le fan le plus exigeant. Ajoutons que, si la terrible VF refaite est toujours là, la qualité du transfert image est vraiment épatante, et rend du coup cette édition pratiquement indispensable pour tout fan du film qui se respecte.

lundi 10 mars 2014

Parkland

Film de Peter Landesman (2013), avec Paul Giamatti, Billy Bob Thornton, James Badge Dale, Marcia Gay Harden, Zac Efron, etc…

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Parkland
, pour ceux qui l’ignoreraient, c’est le nom de l’hôpital de Dallas dans lequel a été transféré le corps de John Kennedy juste après l’attentat fatal de novembre 1963. On pige donc vite le principe du film : raconter un évènement historique sous l’angle de la petite histoire. Pourquoi pas, après tout ? C’est un  moyen comme un autre de lui redonner une dimension humaine. Sauf que dans ce domaine, Oliver Stone est passé avant et que malgré tous les reproches qu’on peut adresser à son J.F.K., on ne peut nier qu’il s’agît tout de même d’un ensemble assez exhaustif sur le sujet. On était donc un peu curieux de voir ce que ce Parkland pouvait nous apprendre de nouveau.

vlcsnap-2014-03-10-00h37m05s86Eh bien, pas grand-chose ma foi. La reconstitution de l’attentat est traitée à la va-vite. On a bien compris que ce n’était pas ce qui intéressait le réalisateur, car le film s’attarde ensuite sur quelques histoires éparses. La plus connue (et aussi la plus intéressante) c’est bien évidemment celle d’Abraham Zapruder, qui est devenu célèbre pour avoir filmé l’attentat. Il y a également la famille de Lee Harvey Oswald, le personnel de l’hôpital, le chef de la sécurité. Inévitablement, un petit parfum de complot plane sur tout ça, mais le réalisateur ne force pas le trait inutilement dans ce domaine. On évite tout sensationnalisme, c’est toujours ça de pris.

 


 

Malheureusement, le film, à force de vouloir rester dans les rails et se cantonner à une description très factuelle des évènements, n’évite pas certaines chausses-trappes. Tous ces personnages réunis autour d’un évènement historique d’importance finissent par s’effacer derrière lui. Ne reste plus alors que l’anecdotique, ce qui est suffisant pour faire de Parkland un film intéressant. Avec un sujet pareil, on attendait davantage.

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mardi 4 mars 2014

Man of Steel

Film de Zach Snyder (2013), avec Henry Cavill, Amy Adams, Michael Shannon, Russell Crowe, Kevin Costner, etc…
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Un petit reboot, ça vous dirait ? C’est la grande mode après tout, signe que l’industrie cinématographique est vraiment à court d’inspiration pour aller ainsi taper dans une franchise qui a déjà beaucoup servi. Exit donc le Superman de 78 et ses transparences foireuses, on ne parle même pas de celui de Bryan Singer en 2006, voici donc la cuvée 2013. Après tout, c’est la mode du film de super-héros, donc pourquoi pas glisser un homme volant au milieu des innombrables personnages de la franchise Marvel ?
 
 
vlcsnap-2014-03-04-19h53m45s130C’est donc Zach Snyder qui s’y colle, juste histoire d’éveiller l’intérêt du geek moyen. Après tout, le réalisateur avait signé avec Watchmen un film de super-héros qui brisait allègrement les stéréotypes, donc pourquoi pas ? Pour faire bonne mesure, on ne tape pas non plus dans le déjà fait, on zappe la double identité Klark Kent-Superman, ainsi que la romance avec Loïs Lane, et on fait appel aux grands méchants. Vous vous souvenez du Général Zod ? Celui-là même qui foutait un boxon pas possible dans New-York avec ses deux acolytes dans Superman II ? Eh ben coucou le revoilou, comme dirait Polnareff.

 
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Ça vous donne une petite idée du contenu : on sait que ça va défourailler sévère et que les deux super-héros vont se mettre des peignées homériques du genre à foutre des buildings par terre. Sorti de ça, ben heu, pas grand-chose en fait. Ah si, l’intro un peu ringarde du film de 78 devient un véritable Barnum avec des explosions dans tous les sens et des monstres ailés à la Avatar. Et puis vous avez Kevin Costner et Diane Lane dans le rôle des parents adoptifs de Superman qui, comme vous vous en doutez, a une tronche de beau gosse et porte enfin son slip (qui n’est plus rouge) correctement.


 
Christopher Nolan, qui a produit le film, pensait sans doute retrouver ici le même esprit que sa réécriture de la franchise Batman. Manque de bol, Man of Steel se limite à l’habituelle débauche d’effets spéciaux (certes impressionnants) sans vraiment beaucoup de substance derrière. Inutile et superficiel.
 
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