jeudi 29 mai 2014

Robocop

Film de Jose Padilha (2014), avec Joel Kinnaman, Abbie Cornish, Gary Oldman, Samuel L. Jackson, Jackie Earle Haley, etc…

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Dans la série "je remake, tu remakes, il remake", on remet le couvert avec notre bon vieux Robocop. Notons au passage que le réalisateur Paul Verhoeven est à l'honneur, puisqu'après Total Recall, c'est la seconde fois qu'un de ses films subit un lifting et une remise à niveau. Et comme d'hab, c'est davantage une occasion pour mettre en avant les avancées en matière de trucages numériques que pour apporter quelque chose de réellement neuf. Bref...

 

vlcsnap-2014-05-29-17h26m06s25Il était difficile d'égaler l'original. Entre violence excessive et cynisme, Verhoeven avait trouvé l'approche juste pour un scénario à la base assez crétin. Mieux, il avait transformé son thriller high-tech en méditation sur l'humain et la machine. Son héros, crucifié symboliquement puis ressuscité, prenait des allures de Christ des temps modernes, qui essayait de reconstituer une vie qui lui avait été volée. Il y avait aussi à la clé une formidable galerie de personnages, tous plus veules et haïssables les uns que les autres, et des méchants vraiment méchants, pour le coup.

 

 

vlcsnap-2014-05-29-15h58m36s218Autant de domaines dans lesquels ce Robocop new look se ramasse allègrement. Passons sur la performance de l'acteur principal, Joel Kinnaman, qui est aussi convainquant qu'un bigorneau. Passons également sur des bad guys aussi effrayants qu'un épisode des Télétubbies. Il reste quoi ? Deux heures interminables où un grand ponte de l'ingénierie informatique (c’est Michael Keaton) et un spécialiste de la chirurgie robotique (c’est Gary Oldman) se posent plein de questions éthiques pour savoir ce qui différencie l'homme de la machine. Avec entre temps, une ou deux séquences d'action (il en faut bien, histoire de réveiller le spectateur !) dans  lesquelles ça pétarade de partout.

 

vlcsnap-2014-05-29-17h34m45s98Alors oui, c'est vrai, les robots font moins toc que dans l'original et il y a plein de graphismes hi-tech trop cools façon Terminator. Il y a même un semblant de satire sociale à la Verhoeven, avec Samuel L. Jackson en animateur télé lourdingue. Pour le reste, les producteurs de cette nouvelle mouture n'ont visiblement rien compris à ce qui faisait la force de l'original, et sous couvert de "modernisation du sujet", nous balancent une variation parfaitement inintéressante qui en reprend l'argument mais pas l'esprit. Et puis, sommet des sommets, il y a tout de même un grand moment de n'importe quoi : une séquence d'action accompagnée par des chants tyroliens ! Non, promis, je n'ai rien fumé. 

 

Tout ça pour ça, donc, ou bien comment vider un sujet a priori prometteur de toute sa substance. C'est ennuyeux, sans relief  et prévisible mais peut-être cela donnera-t'il à la jeune génération de découvrir le chef d'œuvre de Verhoeven. C'est en tout cas la seule utilité qu'on puisse voir à ce remake poussif et paresseux. A la ferraille, Robocop !

 

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mardi 27 mai 2014

Le Trou Noir

(The Black Hole)

Film de Gary Nelson (1979), avec Robert Forster, Anthony Perkins, Yvette Mimieux, Ernest Borgnine, Maximilian Schell, etc…

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Pour une curiosité, c’en est une ! Imaginez plutôt: un film de science-fiction monté par Disney. A priori, on imagine mal, mais il faut se remettre dans le contexte de l’époque, et se souvenir qu’un certain George Lucas avait dégoupillé deux ans plus tôt un film qui était devenu un carton planétaire. Et donc, tous les studios hollywoodiens s’y sont mis, avec plus ou moins de bonheur. Et il faut bien dire que le projet de la firme de tonton Walt avait de quoi exciter la curiosité, puisqu’il était basé sur un phénomène astronomique peu connu et intriguant. Il y avait donc largement de quoi saliver d’avance et imaginer un trip complètement délirant aux confins du cosmos.

 

vlcsnap-2014-05-24-23h54m23s162Peine perdue ! En fait, pour limiter au maximum la prise de risque, Disney s’est simplement contenté de transposer dans l’espace un de ses grands classiques, 20.000 Lieues sous les Mers. Il y a donc un vaisseau abandonné, un capitaine un peu branque (Maximilian Schell), et bien évidemment une équipe de bon gars (plus la charmante Yvette Mimieux et un robot qui ressemble à Mickey) pour le remettre dans le droit chemin. Oui, mais me direz vous, et le trou noir, alors ? Il est où ? Ben en fait, je vous le donne en mille : il sert de décor ! Un joli tourbillon stellaire, dans le fond, ça en jette. Bon, accessoirement, il servira un peu dans la dernière partie, on y reviendra.

 

vlcsnap-2014-05-25-00h12m57s37Donc, l’équipage des gentils, après avoir mis la main sur ce fameux capitaine Reinhardt disparu depuis des lustres, commence à se poser des questions sur ses membres d’équipage tous disparus, (bizarre, non ?) et bien évidemment, ça se corse. Je n’en raconterai pas trop, histoire de ne pas gâcher le peu de surprises que le film réserve, mais une chose est certaine: les scénaristes ne se sont pas foulés. Et pour le coup, ils n’ont pas oublié les ingrédients obligatoires, c’est-à-dire les robots, les lasers qui font pschiout et la pluie de météorites. Il y a tout ce qu’il faut là où il faut.

 

 

vlcsnap-2014-05-24-23h52m11s108Soyons honnêtes, il y a de bonnes choses dans The Black Hole. Le design du Cygnus, le vaisseau spatial, est particulièrement réussi, à l’opposé des formes froides et lisses habituelles de rigueur dans le genre. Son look art-déco louche plutôt du côté de Jules Verne, et c’est une touche d’originalité assez bienvenue. De même, les effets spéciaux “à l’ancienne”, même s’ils n’atteignent pas la sophistication d’un Star Wars, ajoutent une certaine poésie, créant une vision de l’espace qui tient davantage du film d’aventure que de la S.F. Enfin, la splendide partition musicale de John Barry, à la fois mystérieuse et envoutante, est pour beaucoup dans l’ambiance très particulière que dégage le film.

 

vlcsnap-2014-05-27-21h45m23s8En revanche, on ne peut pas vraiment dire que les acteurs fassent des étincelles, c’est le moins qu’on puisse admettre. Le casting, ici, c’est un peu l’auberge espagnole. Comme dans les gros budgets de l’époque, les stars jouent les utilités. Il ne faut donc pas attendre des exploits de la part d’Anthony Perkins ou d’Ernest Borgnine. Au contraire, on leur colle en plus un texte pompeux qui n’arrange pas les choses, loin de là. Quant au dénouement, qui nous emmène dans le fameux trou noir, c’est un mic-mac incompréhensible et fumeux, qui clôt le film sur une note qui se voudrait ésotérique, mais qui s’avère en fait parfaitement ridicule.

 


Sorti en même temps que le premier volet de la saga Star Trek, The Black Hole ne fera pas de grosses étincelles au box-office. Disney ne soutiendra pas non plus le film, auxquelles d’autres productions de S.F. plus ambitieuses comme Alien finiront de donner un sacré coup de vieux dans la foulée. Avec le recul, The Black Hole possède le charme d’un nanar des années 50… sauf qu’il a été produit 20 ans plus tard, à une époque où la distanciation par l’humour donnait une autre dimension à ce genre de cinéma. Avec son approche sérieuse et coincée, il demeure un curieux vestige, un ratage qui séduit malgré tout par son esprit enfantin et son absence de prétention.

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Arrêts sur Images

Le Générique

Bien des années avant la révolution des images de synthèse, The Black Hole créait discrètement l’évènement en proposant une séquence entièrement générée par ordinateur. L’idée de base est une grille informatique, autour de laquelle se déplace la caméra, et sur laquelle se matérialise un tourbillon – le fameux trou noir du titre. Le concept est simple, original, brillamment exécuté et admirablement soutenu par le thème musical entêtant et répétitif composé par John Barry.

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Les Effets Spéciaux

Star Wars a révolutionné les monde des effets spéciaux, tout le monde le sait. Par contre, il a également changé la manière dont ces derniers étaient réalisés. Avant, chaque studio possédait son propre département d’effets spéciaux, qui assurait vaillamment chacune de ses productions, quelles qu’elles soient. Depuis, les effets visuels sont gérés par des sociétés extérieures. Industrial Light & Magic (ILM) fût la première, et par la suite, des centaines de boites vont éclore, chacune se spécialisant dans un domaine particulier. The Black Hole est l’un des derniers films à bénéficier d’une confection “maison”. Il a été réalisé avec les techniciens de l’équipe Disney, mobilisés pour l’occasion pendant plus d’un an.

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Toutefois, ils se sont heurtés à plusieurs handicaps. Désireux d’utiliser la même technologie que Star Wars, à savoir la Dystraflex (une caméra asservie à un ordinateur), Disney cherchera à la louer auprès d’ILM, mais les couts prohibitifs les décourageront très vite. Du coup, les techniciens de chez Disney mettront au point leur propre modèle, l’ACES (Automated Camera Effects System) qui sera finalement plus perfectionné, et permettra d’utiliser le système avec des peintures sur verre, les matte paintings.

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Le problème, c’est qu’à côté de cette innovation technique, il y a quand même pas mal d’effets visuels limite. Disney n’était pas très doué à l’époque pour les trucages utilisant l’écran bleu. Il y a donc beaucoup de détourages très approximatifs autour des personnages et des décors.

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A côté de cela, le travail sur les miniatures est tout de même assez impressionnant. La séquence avec la météorite a été réalisée avec le corridor reconstitué en miniature et les acteurs incrustés sur fond bleu.

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Le trou noir, quant à lui, a été réalisé en injectant des colorants dans un bassin spécialement aménagé pour créer un tourbillon, qui a été ensuite filmé à haute vitesse pour apparaitre au ralenti à la projection.

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La destruction du Cygnus, par contre, apparaît comme un peu baclée, avec des images solarisées, teintées en rouge et mal détourées.

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Quant au final très approximatif, il mélange des images ésotériques avec des scènes se déroulant dans la navette. Elles ont été réalisées sur un plateau mobile. Toute cette dernière séquence a été entourée d’un grand secret lors du tournage, mais il est clair que Disney ne savait pas vraiment comment l’aborder, et a donc opté pour un symbolisme fumeux à la 2001. Une conclusion un peu simpliste pour un film qui promettait beaucoup.

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La Musique

vlcsnap-2014-05-24-23h45m57s194Surprise ! On n’attendait pas vraiment John Barry, le musicien attitré des James Bond, signer pour un film de science-fiction. Et pourtant, à une ou deux reprises, le compositeur avait déjà illustré l’espace avec bonheur, comme par exemple avec la sublime Space March d’On Ne Vit que Deux Fois (sans compter le fameux nanar italien Star Crash, composé un an plus tôt). Les flutes, soutenues par les cordes, y tressaient des mélodies hypnotiques, qu’on retrouve ici.

 

 

blackhole_600aLe motif central, celui du tourbillon qui symbolise musicalement le trou noir, est un thème obsédant qui se répète en boucle. Le compositeur saura également sacrifier à la mode Star Wars avec un thème héroïque un peu pompeux, qui est sans doute l’aspect le moins intéressant d’une partition qui mélange avec beaucoup de subtilité et de classe (comme toujours chez Barry) le suspense et la grandeur, comme dans le fantastique Into the Hole. Le tout avec une coloration mélancolique, typique du compositeur, qui apporte une tonalité un peu triste et nostalgique, ce qui distingue la musique des partitions habituelles du genre et en fait l’une des plus singulières de son auteur.

Le 33 tours publié lors de la sortie du film présentait la particularité d’être le premier enregistrement numérique d’une musique de film. Longtemps indisponible, elle a été récemment rééditée sur le label Intrada, qui a d’ailleurs eu toutes les peines du monde à trouver un équipement capable d’exploiter les fichiers digitaux d’époque. D’abord présenté dans sa version vinyle d’environ 30 minutes, il a été réédité récemment dans une version intégrale avec 20 minutes supplémentaires, et peut donc se trouver très facilement sur le net (Disney/Intrada D001383402 disponible ici).

samedi 24 mai 2014

Pompéi

(Pompeii)

Film de Paul W.S. Anderson, avec Kit Harington, Emily Browning, Carrie-Anne Moss, Jared Harris, Kiefer Sutherland, etc…

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Ami lecteur, pour reprendre une réplique célèbre, est-ce que tu aimes les films de gladiateurs ? Ça tombe bien, il y en a plein dans Pompéi, avec tous les clichés qui vont avec : ralentis chichiteux, musique tchak-boum à la Hans Zimmer, sans oublier le héros à l’air impénétrable qui ne dit jamais rien et le grand black qui a l’air méchant comme ça, mais qui se révèlera être une véritable crème. Il faut dire que depuis le film de Ridley Scott, le genre n’a pas vraiment joué la carte de l’originalité et nous ressort toujours la même tambouille.

 

vlcsnap-2014-05-24-14h55m52s148Pompéi, c’était à la base un projet qui devait être dirigé par Roman Polanski. Tiré d’un livre de Robert Harris, le film est tombé à l’eau à cause d’une grève du syndicat des acteurs US, qui aurait mis en danger la viabilité de la production, l’un des plus gros budgets en matière de cinéma européen. Visiblement, l’idée n’a pas été perdue pour tout le monde puisque youplaboum, le revoilou qui refait surface sept ans après, grace à des investisseurs canadiens. Ceci dit, on va vite se rendre compte que ça n’a plus grand’chose à voir avec le concept initial.

 

 

vlcsnap-2014-05-24-14h57m01s20The Impossible, il y a quelques années, avait apporté la preuve qu’un film produit en Europe pouvait rivaliser sur le plan technique avec les grosses productions hollywoodiennes. Et le fait est que ce qui est le plus réussi dans Pompéi, ce sont bien ces scènes de destruction massive, bourrées jusqu’à la garde d’images de synthèse. Parce que franchement, le reste, bof quoi ! Ce n’est pas l’histoire d’amour neu-neu, défendue qui plus est par des acteurs inexpressifs, qui va nous faire vibrer. Encore moins un méchant centurion, joué sans finesse par un Kiefer Sutherland qui a l’air de se demander ce qu’il fout là. Il y a même Carrie-Ann Moss, la Trinity de Matrix, dans un rôle insignifiant.

 

vlcsnap-2014-05-24-15h08m20s44Mais bon, finalement, les acteurs, on s’en tamponne un peu, vu que ce qu’on est venu voir, c’est de l’éruption, du glissement de terrain, de la coulée de lave, du tsunami. Et sur ce plan, on a vraiment mis les petits plats dans les grands. Après une (trop) longue intro, ça pête dans tous les sens. Entre les blocs de pierre qui volent dans tous les sens, le raz-de-marée et la nuée ardente, on en a pour son argent, et il faut reconnaitre que le spectacle a de la gueule, même si - on n’est pas dans un nanar pour rien – on nous ressert les habituels clichés du film-catastrophe. N’ayez crainte, la petite fille sera sauvée, le grand black est là pour ça !

 

 

En même temps, on n’attendait pas non plus des merveilles de la part de Paul W.S. Anderson, réalisateur attitré de la série Resident Evil. C’est du bon boulot, mais sans aucune originalité, que ce soit dans la mise en scène ou dans la direction d’acteurs. Pompéi remixe des recettes éprouvées, que ce soit dans le peplum ou le film-catastrophe. C’est tout juste suffisant pour un film qui ressemble pour finir à un doux mélange entre Gladiator, 2012 et Le Pic de Dante. Tant pis pour le sujet, qui méritait beaucoup mieux.

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jeudi 15 mai 2014

Philomena

Film de Stephen Frears (2013), avec Judi Dench, Steve Coogan, Simone Lahbib, Elliot Levey, Mare Winningham, etc…

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Voilà un sujet qui a au moins le mérite de sortir des sentiers battus: à travers l'histoire vraie de Philomena Lee, c'est le procès de certaines pratiques pas très nettes du début du siècle, ou comment des nonnes qui recueillaient des mères célibataires organisaient secrètement l'adoption de leurs enfants. Une histoire tellement édifiante qu'elle provoque instantanément la sympathie pour cette femme à la recherche de son fils qui lui a été enlevé 50 ans auparavant.

 

vlcsnap-2014-05-15-23h03m59s98Judi Dench, en rupture de James Bond, campe avec beaucoup de sensibilité et d'humour ce personnage attachant. Philomena, c'est aussi la confrontation de Martin, ce reporter cynique et revenu de tout (Steve Coogan, également scénariste et producteur du film) et d'une vieille dame très digne qui sait s'émerveiller du moindre signe de bonté humaine. C'est savoureux et toujours traité avec finesse sur un mode si délicat que tout le contenu du film s'en trouve enrichi.

 

 

 

vlcsnap-2014-05-15-23h07m05s164Malgré l'émotion qu'il dégage immanquablement, Philomena est tout sauf un tire-larmes, et lorsque l'histoire prend un détour inattendu, les résonances humaines n'en deviennent que plus fortes et la quête du personnage principal plus poignante. La situation qui sert de base est en elle-même tellement scandaleuse qu'il n'est pas nécessaire d'en rajouter, et le film a l'honnêteté de ne pas virer à la charge anti-catho. Tout au contraire, il surprend en présentant à la fois le point de vue de la victime, plein de compassion, et celui du témoin extérieur, qui représente un peu celui du spectateur. On a donc un subtil dosage entre la dignité de la réaction de Philomena et celle, plus à vif, de Martin.

 

J'avais beaucoup apprécié les premiers films de Stephen Frears (en particulier The Hit et Les Liaisons Dangereuses), mais je l'avais un peu perdu de vue par la suite, tant il m'avait bien souvent donné l'impression de s’égarer dans des genres un tantinet trop disparates. Avec Philomena, il prouve qu'en plus d'être un excellent directeur d'acteurs, il reste aussi un conteur de premier ordre, qui n'a pas besoin d'en rajouter pour émouvoir. Une bien belle surprise.

 

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lundi 12 mai 2014

Neuf Mois Ferme

Film d’Albert Dupontel (2013), avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Philippe Uchan, Philippe Duquesne, etc…

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Dupontel, c'est un peu une marque de fabrique. Avec Bernie, le réalisateur a cartonné et pratiquement créé un genre à lui tout seul, un style reconnaissable entre mille. C'est de la comédie de mœurs politiquement incorrecte, speedée et bourrée jusqu'à la garde de trouvailles visuelles abracadabrantes, un doux mélange entre les frères Coen et Terry Gilliam, indéniablement rafraichissant dans le paysage du cinéma français actuel.

 

vlcsnap-2014-05-12-22h31m17s84Neuf Mois Ferme remet le couvert dans le même style, avec, comme dans Enfermés Dehors, une idée de base excellente : un procureur (Sandrine Kiberlain) se retrouve enceinte d'un dangereux repris de justice (c'est Dupontel). A partir de là, les quiproquos vont s'enchainer, dans une ambiance hystérique et débraillée fidèle au style du réalisateur.

 

 

 


C'est souvent drôle, parfois inutilement lourdingue et vulgaire (le pétage de plombs de Kiberlain lors du procès) et toujours très riche et inventif sur le plan de la mise en scène. On se serait en revanche dispensé de certaines facilités (l'avocat bègue joué par Nicolas Marié) et le film botte un peu en touche par rapport à l'audace de son sujet grâce à un retournement de situation un peu facile. Heureusement, ce n'est pas suffisant pour nous gâcher le plaisir. Dupontel reste Dupontel, et on sait à quoi s'attendre. Néanmoins, il y a là un ton et un style tellement originaux qu'on aimerait bien qu'il s'essaie à un genre totalement différent, comme ça, juste pour voir.

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Film de Potes

Comme souvent chez Dupontel, Neuf Mois Ferme comporte quelques clins d’oeil, sous la forme de petites apparitions (des cameos, comme on les appelle outre-Atlantique) de plusieurs de ses potes. On notera donc la présence de Terry Gilliam dans le rôle d’un serial killer, de Jan Kounen et de Gaspar Noé en compagnons de cellule et de Jean Dujardin en traducteur en langage des signes. Quant au petit dernier, il s’agit de Ray Cooper, une sorte de touche-à-tout de génie qui fût le percussionniste attitré d’Elton John, mais qui a également été producteur, compositeur … et acteur !

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dimanche 11 mai 2014

Hunger Games - L’Embrasement

(The Hunger Games : Catching Fire)

Film de Martin Lawrence (2013), avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Philip Seymour Hoffman, Woody Harrelson, etc..

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Le premier volet de la trilogie Hunger Games  (dont il était question ici même) était plutôt pas mal, même s’il laissait de côté toutes les pistes de réflexion liées à son ambitieux sujet. C’était un survival movie bien fichu, même si calibré pour le public djeunz. Donc du coup, fatalement, on n’attendait guère plus de la suite qu’elle continue sur la même lancée. Or, la plus grosse surprise de ce Catching Fire, c’est que justement il se démarque d’emblée de son prédécesseur, et de manière sacrément enthousiasmante.

 

vlcsnap-2014-05-10-13h44m10s104En fait, dès les premières séquences, le ton est donné : tout l’arrière-plan social, dont on avait regretté l’absence ou le peu de développement dans le précédent opus, retrouve ici sa véritable place. Cela se fait au gré d’une longue introduction, qui prend le temps d’expliquer et de détailler tout ce qui avait été laissé dans l’ombre. Du coup, le film endosse plutôt brillamment sa dimension de saga science-fictionnesque, avec tout l’univers totalitaire à la clé. Katniss et Peeta, les deux héros, deviennent malgré eux les symboles de la révolte d’un peuple opprimé, qu’un régime totalitaire essaie vainement de museler.

 

 

vlcsnap-2014-05-10-13h57m36s223Tout comme dans le premier film, Catching Fire se dispense de toute réflexion sur la violence et les dérives de son exploitation audiovisuelle. C’est la manipulation qui est au centre de l’intrigue, Katniss et Peeta devenant les instruments d’un dirigeant sans scrupules, campé par un Donald Sutherland fidèle à lui-même dans le suave et le menaçant, auquel s’adjoint un Philip Seymour Hoffman toujours aussi putassier que d’habitude. Dans sa seconde partie, le film repart dans un nouveau tournoi, un peu selon la même configuration que dans le numéro 1 : les ennemis qu’on nous présente comme sans pitié s’avèrent être de bons gars et finalement on se met gentiment sur la gueule sans que la violence ne soit trop dérangeante.

 

 

 

vlcsnap-2014-05-11-00h41m10s53Fort heureusement, le succès du premier volet aidant, ce second opus bénéficie de moyens plus importants. Le tournoi est donc plus spectaculaire, les effets spéciaux meilleurs et les péripéties plus variées. On pourra également reconnaitre, parmi les adversaires, Jenna Malone qui joua il y a bien des années le rôle de Jodie Foster jeune dans Contact. Le film continue également sur la même lancée en ce qui concerne le mauvais gout des costumes et du design, avec un peu plus de retenue quand même. le présentateur télé joué par Stanley Tucci n’a plus les cheveux bleus et s’il est toujours horripilant dans la caricature, au moins il ne monopolise plus inutilement l’écran. On ne s’en plaindra pas.

 


 

Jennifer Lawrence, dont la carrière a littéralement explosé depuis le premier film, reste fidèle à son personnage un peu simpliste et taillé d’un bloc. Il est donc, du même coup, un peu perturbant de voir l’actrice livrer une performance aussi retenue et millimétrée alors qu’on sait désormais de quoi elle est capable. Quelque part, son jeu, plus affirmé et sûr de lui, rencontre l’évolution du personnage de Katniss. Le film, quant à lui, est une très bonne surprise, qui laisse augurer du meilleur pour le dénouement de cette épopée. Reste maintenant à espérer que ce dernier sera à la hauteur.

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vendredi 9 mai 2014

Monuments Men

(The Monuments Men)

Film de George Clooney (2014), avec George Clooney, Matt Damon, Cate Blanchett, John Goodman, Bill Murray, etc…

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Après des débuts plus que prometteurs, George Clooney réalisateur semble désormais s’orienter vers des films plus plan-plan. Déjà, son précédent, Les Marches du Pouvoir, était bien en deça de ce qu’on pouvait en attendre, et aujourd’hui, ce Monuments Men confirme le virage de Mister Nespresso vers un cinéma en charentaises.  Non que ce nouveau film soit totalement mauvais, non. Le sujet, tirée d’une histoire vraie, a le mérite de tirer de l’ombre une des pages les plus méconnues de la seconde guerre mondiale: l’épopée d’un peloton de militaires, chargé de pister et de retrouver les innombrables œuvres d’art sur lesquelles les nazis ont mis la main pour le compte du musée personnel d’Hitler.

 

vlcsnap-2014-05-09-17h54m04s73Monuments Men, c’est du cinéma à l’ancienne, on a presque l’impression de se retrouver 40 ans en arrière dans un de ces films style De l’Or pour les Braves, où on ne prend pas vraiment la guerre au sérieux et où la bonne vieille entente entre mecs y’a que ça de vrai. Clooney a eu la bonne idée de réunir tous ses potes, et s’il y a bien un domaine dans lequel Monuments Men réussit, c’est à rendre palpable cette camaraderie goguenarde entre les comédiens. Et puis un film dans lequel on retrouve l’excellent mais sous-employé Bob Balaban ne peut être totalement mauvais.

 

 

vlcsnap-2014-05-09-17h58m33s199Malheureusement, tout ça ne fait pas un film, et entre une construction dramatique très molle et des péripéties pas vraiment prenantes, la mayonnaise ne prend pas franchement. L’histoire progresse comme par à-coups, les personnages sont sous-traités, et malgré quelques belles idées, le film ne trouve son souffle que dans son dernier tiers, lorsque les Monuments Men se retrouvent dans une course contre la montre pour mettre la main sur le trésor nazi avant les russes. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais, mais c’est insuffisant pour rattraper la sauce.

 

 

Mal construit et démodé, Monuments Men se laisse voir sans déplaisir. Mais on est bien loin de ce que le sujet et le réalisateur pouvaient laisser attendre. George, mets toi vite au ristretto, ça urge !

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