jeudi 27 novembre 2014

Le Cercle Rouge

Film de Jean-Pierre Melville (1970), avec André Bourvil, Alain Delon, Yves Montand, Gian-Maria Volonte, François Périer, etc…

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Dernier film de Jean-Pierre Melville, Le Cercle Rouge est aussi passé à la postérité pour être le chant du cygne de Bourvil, et aussi son seul et unique rôle dramatique. Ce n'est pas totalement vrai. On se souvient des Grandes Gueules de Robert Enrico dans lequel l'acteur avait prouvé qu'il savait faire autre chose que de jouer les benêts gentiment couillons. Et aujourd'hui, c'est ce qui marque profondément le film, cette gravité profonde mais aussi un extraordinaire travail d'acteur, tout dans la simplicité et le dépouillement. Il fallait avoir le culot de briser ainsi son image, surtout à un moment de sa vie où la maladie qui allait l'emporter le rongeait petit à petit. 

 

vlcsnap-2014-11-27-13h37m42s161Toutefois, si le risque artistique était grand, Bourvil ne tournait pas non plus avec le dernier des nuls, puisque Jean-Pierre Melville avait également bâti sa carrière sur des films ascétiques et dépouillés. Melville, c'est du polar existentiel, un genre qui peut désarçonner dans la mesure où il casse les codes et le rythme d'un style de films bâtis ordinairement sur la rapidité et la vivacité. Ici, rien de tout cela, mais une intrigue empreinte de fatalité, avec des personnages, qui comme l'indique la citation en début de film, vont lentement converger les uns vers les autres.

 

 

 

Donc, vu dans la perspective des films actuels,Le Cercle Rouge peut surprendre. Là où certains se concentreraient sur l'essentiel, Melville laisse vivre les scènes et les gestes apparemment inutiles. On n’évite pas certaines longueurs ou maladresses (la séquence de delirium tremens d'Yves Montand, qui a bien mal vieilli), mais contribue à faire du Cercle Rouge une œuvre à part, qui pourra sembler totalement décalée par rapport à ce qu'on peut attendre d'un film de genre tel qu'il se conçoit aujourd'hui. Un film atypique, à découvrir, ne serait-ce que pour l'impressionnante prestation d'un acteur hélas disparu trop tôt. 

 

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Bourvil, prénom André

Melville a été, paraît-il, fortement impressionné par la prestation de son acteur principal. A tel point qu’il le fera figurer au générique du film sous le nom d’André Bourvil. Presque son vrai nom, puisque Bourvil était un pseudonyme, l’acteur s’appelait André Raimbourg. C’est néanmoins un bel hommage qu’il lui a rendu. Enfin, une chute de tournage a récemment été retrouvée, dans laquelle l’acteur se met brusquement à entonner “La Tactique du Gendarme'” en plein milieu d’une scène. On peut d’ailleurs la visionner sur le site (fort recommandable) du documentaliste Jérôme Wybon: Forgotten Silver.

 

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