mercredi 15 octobre 2014

L'Extravagant Voyage du Jeune et Prodigieux T.S. Spivet

(The Young and Prodigious T.S. Spivet)

Film de Jean-Pierre Jeunet (2013), avec Kyle Catlett, Helena Bonham Carter, Judy Davis, Callum Keith Rennie, Niamh Wilson, etc…

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Jeunet, on aime ou pas. Avec son univers doucereux et coloré, le réalisateur a, qu'on le veuille ou non, créé un style bien à lui et reconnaissable entre mille. Au fil d'un parcours plutôt inégal, ses films sont des sortes de petits bonbons acidulés qu'on déguste pour le plaisir et dont on sait toujours plus ou moins à quoi s'attendre, c'est un peu l'inconvénient. Donc, forcément quand il abandonne un cadre un peu franchouillard pour aller filmer aux States, on est toujours curieux de voir comment un artiste aussi frenchy parviendra à imposer sa patte.

 

 

vlcsnap-2014-09-10-20h37m43s26On est un peu surpris par ce T.S. Spivet, sorti sans tambour ni trompette, mais le cadre du film nous rassure bien vite. Cette voix off narquoise, cet esprit un peu enfantin, ces images à dominante verte ou orange : pas de doute, on est bien chez Jeunet. Avec, pourtant, davantage de mélancolie qu'à l'accoutumée. L'histoire de ce tout jeune inventeur surdoué se double d'une dimension plus attendrissante, d'un lourd secret révélé délicatement qui installe une chape d'émotion sur une intrigue somme toute assez banale.

 

 

 

vlcsnap-2014-09-10-20h35m19s95D'un bout à l'autre, ce Jeunet U.S. est attendrissant et classique. Avec une réalisation dont on sent que chaque plan est conçu pour mettre en valeur la 3D, T.S. Spivet se feuillette comme un beau livre d'images, un peu comme les pop up books dont Jeunet parsème son film. Il est enrichi par une photo splendide, même si elle reste conforme à la charte graphique du réalisateur. Peu importe si le film perd un peu pied lorsque le jeune héros parvient à Washington. L'originalité et la cocasserie font place à un ton plus mordant et caricatural qui agace, ne fonctionne pas vraiment et pour tout dire n'est pas franchement raccord avec le reste tant il parait artificiel et forcé.

 

Cette seconde incursion américaine de Jeunet s'avère donc plutôt réussie, malgré ses maladresses. Bien mieux que dans le caricatural Mic-Macs à Tire-Larigot, le réalisateur reste fidèle à son style, tout en racontant une histoire à la fois touchante et originale. Pas révolutionnaire, mais indéniablement sympa.

 

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dimanche 5 octobre 2014

Edge of Tomorrow

Film de Doug Liman (2014), avec Tom Cruise, Emily Blunt, Bill Paxton, Brendan Gleeson, Charlotte Riley, etc…

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Ayé, le beau Tom Cruise a trouvé son créneau: celui du film de SF high concept. Et comme il faut battre le fer tant qu'il est chaud et faire rentrer les billets tant qu'il est au top, coucou le revoilou, pas si longtemps après l'intéressant Oblivion. Et il faut bien avouer que l'argument de base de ce Edge of Tomorrow est tout de même assez excitant. 

 

 

vlcsnap-2014-10-04-11h01m13s65En gros, le bon Tom est condamné, à la suite d'un heureux loupé, à revivre indéfiniment la même journée. Sauf qu'ici, il n'y a ni marmotte ni chanson de Sonny & Cher et qu'il doit mettre à profit ces reboots sauvages pour maitriser la lutte contre des aliens vicelards. Évidemment, le film rame un peu à essayer d'expliquer son implausible concept mais en définitive on s'en fout un peu. L'idée est suffisamment originale pour éveiller l'intérêt pendant la première heure de projection, et notre  bon Tom n'hésite pas à déboulonner son personnage d'action hero invincible en s'affichant comme un véritable lâche dans les premières minutes du film.

 

 

vlcsnap-2014-10-04-11h09m45s63Après, ma foi, c'est plus classique. Tom le pleutre va devenir un guerrier top moumoute, après un entrainement de derrière les fagots entre les mains de la belle Emily Blunt. On retrouve le schéma des films précédents de l'acteur, où le personnage touchait le fond dans le premier acte pour ensuite triompher de l'adversité. Outre le fait d'encourager un esprit très américain du triomphe à tout prix, ça aide à faire passer la pilule quand on vous sert des invraisemblances vraiment too much (et il y en a un bon paquet !)

 

 

 

vlcsnap-2014-10-04-11h20m16s222Edge of Tomorrow fait moins patchwork que son prédécesseur Oblivion. Bon, OK, le concept a déjà été vu dans Un Jour Sans Fin, mais il est correctement exploité avec pas mal d'humour. Quant aux aliens, ils feraient volontiers penser à ceux de Starship Troopers, avec toutefois un design assez original. On pense souvent au film de Verhoeven, mais aussi un peu à Transformers, Terminator ou Pacific Rim pour l’esthétique techno-cybernétique. L’histoire est assez prenante pour qu’on passe outre ces différentes références. Pendant la première partie du moins, car la seconde est beaucoup plus conventionnelle, hélas.

 

 

Donc pour résumer, un pitch sympathique, une mise en images rythmée et plutôt efficace : cet Edge of Tomorrow s’en sort plutôt bien et remplit sagement son cahier des charges, en recyclant avec un minimum d’adresse des idées et un design empruntés à droite à gauche. Pas franchement original, donc, mais divertissant, ce qui correspond peu ou prou à ce qu’on attend d’un blockbuster estival.

 

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Le Générique
Bon, comme on Strapontin on aime bien les génériques un peu stylés, il faut quand même relever celui-ci, même s’il sacrifie une fois de plus à un design très (trop) en vogue en ce moment: celui des accessoires du film (armes, armures) reconstitués en images de synthèse. C’est pas follement original, donc, mais plutôt bien fichu. La séquence a été créée par Fugitive Studios, une boite anglaise, sur une conception de Matt Curtis.

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Trombi surprise
C’est bien la dernière personne à qui on se serait attendu de tomber dans un tel film, et pourtant ! C’est bien notre cher président qui fait une apparition éclair lors d’un faux flash d’infos. À défaut d’autre chose, François Hollande pourra au moins se vanter d’avoir tourné dans un film de Tom Cruise !

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mercredi 1 octobre 2014

Sideways

Film d’Alexander Payne (2004), avec Paul Giamatti, Thomas Haden Church, Virginia Madsen, Sandra Oh, Alysia Reiner, etc…

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Alexander Payne, au Strapontin, on est fans. Le réalisateur a réussi, en quelques films, à installer un univers drôle et mélancolique, à travers des sortes d'itinéraires personnels qui ne manquent ni d'humour ni d'originalité. On avait applaudi Les Descendants et Nebraska, il était donc plus que tentant de découvrir ce Sideways qui l'avait révélé il y a quelques années.

 

vlcsnap-2014-10-01-22h47m38s94C'est une fois encore un road movie au cours duquel deux amis partent ensemble pour enterrer la vie de garçon de l'un d'entre eux. Au départ organisée autour de parties de golf et de dégustations de grands crus, la virée va bien vite déraper au gré des pulsions du futur marié, Jack, dragueur impénitent, pour ne pas dire sex addict. A partir de là, comme pour les autres films de Payne, difficile de résumer une comédie qui décrit avec beaucoup de finesse et de drôlerie les rapports entre ses différents personnages. 

 

 

 

 

vlcsnap-2014-10-01-22h52m13s12C'est assez amusant de voir d'aussi grandes théories sur les vertus du Merlot ou du Pinot Noir déballées dans un film américain, surtout avec ce que le pays trimballe comme image liée à la malbouffe. Malgré cela, Sideways convainc sans mal. Je dirais même qu'il est parfois désarmant, comme dans cette très belle scène où Virginia Madsen, qu’on n’avait plus vue à l’écran depuis belle lurette, vante avec grace et conviction les mérites d'une bonne bouteille. A priori la dernière des choses qu'on attendrait dans une telle comédie et pourtant cela passe comme une lettre à la poste.

 

 

 

vlcsnap-2014-10-01-22h54m29s123Paul Giamatti, avec sa dégaine de Droopy geek, est parfait dans la délicatesse et les sentiments en demi-teintes que le personnage ne parvient pas toujours à gérer. Face à lui, Thomas Haden Church, éternel second rôle, joue les séducteurs indécrottables avec beaucoup d'humour. L'alchimie entre les acteurs est telle que le film trouve tout naturellement son rythme et nous embarque sans mal dans un périple œnologique à la fois tendre et impayable.  

 

 

 

 

Au final donc, une très bonne surprise que ce Sideways, qui a la fraicheur d'un verre de blanc dégusté avec des potes autour d'un pique-nique improvisé. Frais au palais, délectable et grisant, voici une cuvée fort sympathique qui mérite amplement le détour.

 

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