jeudi 29 janvier 2015

Les Associés

(Matchstick Men)

Film de Ridley Scott (2005), avec Nicholas Cage, Sam Rockwell, Alison Lohman, Bruce Mc Gill, Bruce Altman, etc…

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Ça, ça fait partie des projets qui encouragent la sympathie: lorsqu'un réalisateur important signe un petit film après toute une ribambelle de grosses productions. Surprise : ces Associés s'avèrent fichtrement plus frais et régalants que les derniers exploits de son réalisateur.

 

vlcsnap-2015-01-29-22h50m45s153On ne sait pas toujours très bien sur quel pied danser avec Ridley Scott. Après avoir réinventé la science-fiction avec Alien et Blade Runner, il a ensuite œuvré avec plus ou moins de bonheur dans tous les genres possibles et imaginables, et renoué avec le succès public le temps d'un Gladiator. La filmographie de Scott, c'est un peu en dents de scie. Pour une réussite comme La Chute du Faucon Noir, combien de ratages comme A Armes Égales ou Hannibal, la suite ratée du Silence des Agneaux.

 

 

vlcsnap-2015-01-29-22h43m50s102Donc le voir œuvrer pour une comédie, a priori un genre pour lequel il n'était pas vraiment fait, on s'inquiétait un peu. Et on avait tort, car en définitive ces Associés se révèlent une très bonne surprise, avec une intrigue bien menée, des personnages attachants et un casting épatant, bref que demande le peuple ? Ca commence donc avec un Nicolas Cage, pourri de TOC en tous genres, qui gère des arnaques aux petits oignons avec son associé Sam Rockwell. Va débarquer dans sa vie sa fille (Alison Lohman) qu'il n'a jamais connue, et dont il va devoir s'occuper entre des préparatifs pour une escroquerie de grande envergure. 

 

vlcsnap-2015-01-29-23h00m44s6Toute la force de ces Associés, c'est que le film ne se prend pas une seconde au sérieux. En apparence seulement car on sent bien que derrière cette apparente décontraction, il y a quand même à la clé un sacré boulot de mise en place et un talent d’horloger dans l’enchainement des péripéties. En ce sens, le choix de Ridley Scott est très judicieux, car il apporte au film l’élégance et l’efficacité de son style, tout en s’effaçant derrière son sujet. Le mélange se fait tout naturellement entre comédie et polar, sur une sorte de valse-hésitation qui est en tout cas très séduisante, même si elle a pourtant pas mal déstabilisé le public américain lors des projections-test.

 

C’est donc une assez brillante rupture dans la carrière assez balisée de Ridley Scott, où tout le monde semble s’être mis au diapason pour faire dans la différence. Nicholas Cage est à la fois drôle et touchant dans un rôle pourtant à la limite de la caricature, et même le compositeur Hans Zimmer a laissé tomber son style tonitruant pour une musique qui évoque avec bonheur un certain esprit européen, entre Astor Piazzola et Nino Rota. Tout cela donne un film qui sort définitivement de l’ordinaire, une sorte de respiration qui vous séduit petit à petit pour mieux vous désarçonner ensuite. Extrêmement vivifiant.

 

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mercredi 28 janvier 2015

The Two Faces of January

Film de Hossein Amini (2014), avec Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Oscar Isaac, Daisy Bevan, David Warshofsky, etc…...

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En matière de littérature policière, Patricia Highsmith, c'est toujours un peu ces histoire troubles où on ne peut faire confiance à personne et où les uns manipulent les autres. Ici, c'est un jeune couple (Viggo Mortensen et Kirsten Dunst) qui fuit les autorités grâce à l'aide d'un petit arnaqueur local (Oscar Isaac). Ah oui, j'allais oublier : ça se passe en Grèce. Et puis ... voilà, on a fait le tour. Oui mais me diras-tu, ami lecteur, il est où le suspense ? Eh bien, il y a un meurtre à la clé, et puis l'ami Viggo, il a un passé plutôt trouble. Pas net, le gars. Le petit arnaqueur non plus, d'ailleurs.


vlcsnap-2015-01-28-22h16m44s91The Two Faces of January n'est pas à proprement parler un mauvais film, c'est juste qu'il se suit sans réel intérêt. Ce n'est pas la faute aux acteurs, qui font correctement leur boulot. Kirsten Dunst, après son passage chez Lars Von Trier, négocie plutôt bien son passage vers des rôles plus adultes, et Oscar Isaac possède une certaine présence. C'est juste une mise en scène appliquée et sage, qui manque singulièrement de corps pour faire vivre ces personnages. En matière de suspense, il suffit de comparer l'approche plan plan de Hossein Amini avec l'angle qu'aurait pu adopter un Hitchcock pour mesurer combien la réalisation joue la sécurité et évite de prendre des risques.


Au final, cela donne un thriller mollasson, qui se suit d’un œil sans réellement convaincre ni intéresser. De la part du scénariste de Drive, on attendait un petit peu mieux. Sinon, l’Acropole est très belle et Kirsten aussi.


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mardi 27 janvier 2015

Les Poings Contre Les Murs

(Starred Up)

Film de David McKenzie (2014), avec Jack O’Connell, Ben Mendelsohn, Rupert Friend, David Ajala, Sam Spruell, etc…

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Un film de prison, on se doute bien que ça va pas être une partie de rigolade. Mais il faut reconnaître qu'après avoir vu Starred Up, on ne regarde plus le genre du même œil et qu'il ferait presque passer des fresques pourtant hard comme Le Prophète ou Midnight Express pour les aventures des Bisounours. Tout ça pour dire que Starred Up vous cueille comme une bonne grosse baffe dans la gueule. Ca secoue. Voilà, c’est dit, vous voilà prévenus !


vlcsnap-2015-01-25-23h55m18s178C'est donc l'histoire d'un jeune garçon, Eric, qui se retrouve transféré dans la prison ou se trouve son père. D'entrée de jeu, il marque son territoire en agressant sauvagement aussi bien gardiens que détenus. Un psychologue, Oliver, tentera de le comprendre et de le faire changer, pendant un parcours chaotique ou son père tente désespérément de reprendre le contrôle d'un fils qu'il a perdu des années auparavant.

 


 

vlcsnap-2015-01-25-23h53m12s152Starred Up ne s'embarrasse pas de verbiages ou de scènes inutiles. C'est un film brutal, qui vous rentre dans le lard de la façon la plus violente qui soit. David Mc Kenzie, dont on avait déjà remarqué l’original Perfect Sense (chroniqué ici), vous balance un uppercut dans les tripes avec une mise en scène dépouillée et brute de décoffrage. Il est, il faut dire, magnifiquement secondé par un Jack O’Connell, dont la présence à l'écran est une véritable révélation. Au delà de son jeu en apparence incontrôlable, l'acteur s’efface totalement derrière un personnage dont on ne sait absolument pas quoi attendre.

 

vlcsnap-2015-01-25-23h55m47s185Ecrit par un ex-psychologue pénitentiaire, on n’est pas étonné que le film choisisse l’angle de la réinsertion par la thérapie de groupe. Starred Up pose à cet égard bon nombre de questions sur la manière dont la violence peut être appréhendée puis maitrisée dans un tel cadre… Ou pas, puisque le film montre également du doigt le manque de crédits ou les directives gouvernementales qui empêchent de mener de telles missions à bien. La situation montrée par le film est tellement extrême qu’on se demande comment elle peut être maitrisée par des gardiens qui sont loin d’être des surhommes.


Par son côté réaliste et son refus des clichés, Starred Up impressionne et malmène, c’est un fait. Inconfortable et souvent d’une violence extrême, qu’elle soit physique ou psychologique, il développe pourtant un semblant d’humanité, en nous faisant pénétrer et comprendre, l’espace d’une séquence, le vécu de son personnage principal. Cette violence si présente, on comprend qu’elle est le seul moyen d’expression de ce gamin, tout juste sorti de l’adolescence, et le film a le bon gout de ne pas proposer de réponses toutes faites à cette problématique. C’est juste un instantané, d’une force peu commune et qui réussit l’exploit d’être à la fois impitoyable et bouleversant. Percutant.


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dimanche 25 janvier 2015

Les Yeux Jaunes des Crocodiles

Film de Cécile Telerman (2014), avec Julie Depardieu, Emmanuelle Béart, Patrick Bruel, Alice Isaaz, Jacques Weber, etc…

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Ça part plutôt mal, avec Julie Depardieu en mère courage, larguée par son mari, insultée par sa gamine, détestée par sa mère, manipulée par sa sœur … (je continue ?) Ca en fait beaucoup pour charger et plomber un personnage, et honnêtement, si l’actrice ne lui prêtait pas tout son talent, il y aurait largement de quoi verser dans le cliché. Ceci d’autant plus que la réalisation ne fait pas vraiment preuve d’originalité et qu’on a au départ un peu de mal à voir quel sera l’angle adopté par le film. Avec une profusion d’histoires entremêlées, on peine à trouver ses marques.


vlcsnap-2015-01-24-00h03m30s6Puis tous les éléments se mettent en place, et l’histoire commence réellement : celle de la rivalité de deux sœurs (Julie Depardieu et Emmanuelle Béart), avec à la clé, un roman qui devient un best-seller et l’objet de lourds enjeux. Une fois la mécanique lancée, Les Yeux Jaunes des Crocodiles trouve son rythme de croisière et se tient plutôt bien, soutenu par des acteurs impeccables, dont un Patrick Bruel au jeu très sobre et la jeune Alice Isaaz, parfaite en petite peste ado. Malgré des ficelles parfois un peu grosses, le film se laisse suivre sans déplaisir, avec un petit côté feuilletonnesque qui finit par séduire.






Évidemment, tout cela part en cacahouète, ce beau petit monde se déchire avec talent et fort heureusement, tout se remet en place à la fin, de manière peut-être un petit peu trop harmonieuse pour être honnête. Mais bon, ça fait partie du plaisir de cinéma, ça aussi, ces personnages qu’on déteste et qui finissent par s’en prendre plein la gueule, alors que ceux qu’on aime renaissent et prennent un nouveau départ. C’est le jeu et tant pis pour les facilités, tant que l’émotion est là. Entre une intrigue bien menée et un casting irréprochable, Les Yeux Jaunes des Crocodiles arrive à faire naitre sa petite musique, et c’est très bien comme ça.


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vendredi 23 janvier 2015

The Island

Film de Michael Bay (2006), avec Ewan Mc Gregor, Scarlett Johansson, Sean Bean, Steve Buscemi, Djimon Hounsou, etc…

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Allez comprendre pourquoi, The Island, un des films le plus ambitieux de Michael Bay, s'est ramassé au box-office. Quand le réalisateur signe des blockbusters bas de plafond et dopés à la testostérone façon Transformers, c'est le carton garanti, mais dès qu’il tate à la S.F. ambitieuse, macache oualou. Pourtant, même s'il n'est pas exempt de défauts, le film aurait mérité un peu mieux que cet accueil plus que tiédasse, mais bon c'est comme ça, on n’y peut rien.

 

vlcsnap-2015-01-22-20h38m53s29Bay, son truc, c'est de mettre des bonnes vieilles recettes au gout du jour, et tant pis pour la subtilité. Une esthétique de pub, une musique tchakapoum tonitruante, des plans archi-courts, montés sur un rythme ultra-speed. Et bien sûr les inévitables ingrédients du film d'action moderne: cascades de voiture irréalistes, explosions en pagaille et bande son Dolby à fond les manettes. Ca tombe bien, il y a tout ça dans The Island, mais comme dirait Jean Lefebvre dans Les Tontons Flingueursy’a aut’chose!”. De la science-fiction, donc, mais pas n’importe laquelle puisque le film compile ingénieusement plusieurs idées à priori disparates.


 

vlcsnap-2015-01-21-23h43m42s200Ca commence façon THX 1138, avec une société idéale où tout le monde est habillé en blanc, porte des Puma (merci le placement de produit !) et joue à l’EuroMillions. Enfin presque : il y a une méga-loterie, où on gagne non pas des patates, mais un voyage sur une ile paradisiaque. Bien entendu, tout cela est trop beau pour être honnête, et notre héros Lincoln 6 Echo (Ewan Mc Gregor) va mener son enquête en compagnie de la belle Scarlett… pour découvrir que la vérité n’est pas franchement reluisante.

 

 

vlcsnap-2015-01-21-23h36m00s191Je n’en raconterai pas plus histoire de ne pas éventer les surprises d’un scénario assez bien fichu, qui emprunte à différents genres plutôt hétéroclites, et qui tient à la fois de L’Age de Cristal, de Bienvenue à Gattaca, de Minority Report ou même de Coma. C’est de la S.F. bourrée d’idées, et qui se révèle beaucoup plus sombre que ce à quoi le sujet pourrait faire penser. Mais en même temps, ça garde un petit ton décalé, entre les clins d’œil sur les obsessions sécuritaires ou sanitaires du futur et le numéro de Steve Buscemi, comme toujours impeccable dans son rôle de machino rigolo.

 

vlcsnap-2015-01-21-23h22m34s4Après ce début plus que prometteur, Michael Bay se lâche dans une seconde partie sur-saturée de poursuites en tout genre. On n’y va pas par quatre chemins : le film veut carrément exploser tout ce qui a pu se faire dans le genre, et franchement le réalisateur met le paquet. J’en veux pour preuve une ébouriffante séquence sur autoroute où les gentils balancent carrément des essieux de train (vous avez bien lu !) sur les bagnoles des méchants, avec les résultats désastreux que vous pouvez imaginer. C’est un festival de tôle froissée et de cascades bluffantes et en soi un petit régal.

 

 

vlcsnap-2015-01-21-23h39m06s10Ce qui est bien dommage, c’est qu’après cet intermède plutôt bidonnant, Bay se croit obligé d’en faire toujours plus. Tout ce beau monde se course en moto volante, à pied ou en voiture, tout en se payant au passage une chute libre accroché à l’enseigne d’un building, rien que ça ! Cette surenchère dans le too much devient très vite saoulante, encore que le réalisateur a le bon goût de lui conserver une certaine lisibilité sur le plan visuel : pas de caméra shaker ou de cadrages parkinsoniens ici. Les effets sont bluffants, mais tout cela est bien vain et ne fait pas beaucoup avancer le schmilblick.

 

 

Résultat, le réalisateur dilue inutilement un concept qu’il avait pourtant plutôt bien posé dans la première partie. Cela crée un déséquilibre, et du coup la conclusion, pourtant dans la logique du reste, semble artificielle et convenue. En embrayant sur l’action à tout va, Michael Bay bousille tout ce que son idée de base pouvait avoir de réaliste ou d’effrayant et nivelle par le bas un sujet qui méritait bien mieux.  Dommage pour ceux qui attendaient un grand film de S.F. ou une réflexion sur les perspectives passionnantes offertes par le scénario. Ils se retrouvent avec une moitié de thriller boostée aux stéroïdes, ce qui est ma foi plutôt sympathique mais qui aurait pu aller beaucoup, beaucoup plus loin.

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jeudi 22 janvier 2015

Le Crépuscule des Aigles

(The Blue Max)

Film de John Guillermin (1966), avec George Peppard, Ursula Andress, James Mason, Karl Michael Vogler, Jeremy Kemp, etc…

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Monté dans la foulée des gros budgets de la Fox dans les années 60, The Blue Max est une oeuvre curieuse et atypique à plus d’un titre. De par son sujet d’abord, puisqu’elle nous raconte l’odyssée d’un pilote allemand durant la Première Guerre Mondiale. De par son approche ensuite, puisque le héros est finalement un personnage parfaitement détestable, hautain et prétentieux. Normalement, avec un tel handicap, le film devrait se ramasser or, assez paradoxalement, il tient passablement bien la route, puisqu’il négocie plutôt bien une durée de projection de plus de 2 heures et demie.

 

vlcsnap-2015-01-20-22h57m07s172Bon, bien évidemment, il ne faut pas y chercher la patte d’un grand metteur en scène. John Guillermin n’est ni David Lean, ni Robert Wise, mais en même temps, pas mal des films de guerre de cette époque étaient réalisés par des yes men, de bons exécutants qui bouclaient le boulot avec professionnalisme et efficacité. Guillermin n’a jamais vraiment fait d’étincelles : on lui doit entre autres de beaux nanars comme la version 1976 de King Kong ou le terrible Alerte à la Bombe, un film-catastrophe plutôt miteux. Néanmoins, il se sort plutôt bien de cette épopée, mise en scène sans génie mais avec un certain panache.

 

vlcsnap-2015-01-20-22h59m15s209The Blue Max est surtout resté célèbre pour ses scènes aériennes, qui même plus de 50 ans après, demeurent toujours assez impressionnantes. Réalisées par une deuxième équipe sous la supervision d’Anthony Squire et du coordinateur aérien Allen Wheeler, elles sont en fait l’épine dorsale d’un film qui a un peu tendance à s’égarer dans des péripéties pas franchement passionnantes, qui tiennent un peu du roman de gare. L’intrigue romantique avec Ursula Andress est assez maladroite, en grande partie à cause du talent d’acteur très limité de George Peppard, dans le rôle principal. Elle ne semble être là que pour justifier une ou deux scènes de cul un peu plus dénudées que la moyenne, du moins dans une production de ce genre.

 

vlcsnap-2015-01-20-22h55m44s144On appréciera (ou pas, c’est selon) les transparences très vintage et plutôt moisies des séquences de vol, qui sont le seul élément qui a très mal vieilli. Le film, assez inhabituellement pour une production Fox, a été tourné en Europe (en Irlande, plus précisément), ce qui explique peut-être que les effets ne soient pas aussi soignés que dans d’autres œuvres du même genre et de la même époque. Enfin, il faut mentionner la splendide musique de Jerry Goldsmith qui, bien que massacrée par les producteurs, s’impose comme un élément primordial de la réussite du film et communique aux scènes aériennes une grâce particulièrement bienvenue.

 

Film de guerre mii-figue mi-raisin et inhabituel, The Blue Max surprend souvent, étonne parfois mais enthousiasme rarement. La faute à des personnages trop arides et à des têtes d’affiche pas franchement convaincantes (même l’immense James Mason est terne, c’est dire !). Ceci dit, il possède suffisamment d’atouts et de savoir-faire pour assurer le spectacle, à défaut de lui conférer un statut de classique.

 

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La Musique

vlcsnap-2015-01-20-22h49m29s214Si The Blue Max demeure l’une des partitions les plus réussies de Jerry Goldsmith, ce n’est certainement pas grâce à sa présentation dans le film. Bien au contraire, les producteurs, après avoir mis le compositeur au défi en utilisant comme maquettes provisoires des morceaux de Strauss ou de Wagner, mettront au rebut la plupart des morceaux qu’il composera. Malgré ce charcutage, la partition parvient tout de même à s’imposer, avec un thème d’une grande noblesse, qui renforce, avec quelques effets musicaux, l’élégance et la majesté des séquences aériennes. Ailleurs, la composition retrouve des accents guerriers, nottament lors d’un superbe morceau de bravoure de plus de 7 minutes, “Retreat”, dont seulement quelques portions seront utilisées dans le film.

Blue_max_LLLCD1296Heureusement, si le film s’est chargé de torpiller consciencieusement la partition, son édition discographique a largement rectifié le tir, puisqu’avec ses 5 ou 6 pressages différents, The Blue Max est un des albums les plus réédités de Jerry Goldsmith. On privilégiera bien évidemment la toute dernière édition, parue sur le label LaLaLand (LLCD 1296), un double CD qu’on peut qualifier de définitif : sur un CD, la partition telle qu’elle aurait dû figurer dans le film (reconstruite d’après les notes du compositeur), sur l’autre, la présentation de l’album vinyl d’époque (remasterisé, bien entendu), avec en bonus des prises alternatives. Une édition exhaustive et magnifique qui, bien que limitée à 2000 exemplaires, peut toujours se trouver sur le site de l'éditeur.

dimanche 18 janvier 2015

Divergente

(Divergent)

Film de Neil Burger (2013), avec Shailene Woodley, Theo James, Kate Winslet, Ashley Judd, Tony Goldwyn, etc…

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Le problème, quand vous avez un film qui cartonne beaucoup beaucoup, c’est qu’on doit se tartiner, dans son sillage, une foultitude de dérivés plus ou moins réussis. Le procédé n’a rien de nouveau, les décideurs des grands studios ne sont pas connus pour être de grands innovateurs, et on fait donc ce qui est dans l’air du temps et qui rapporte. Le bon Harry Potter a été le déclencheur d’un business plan infaillible, avec des aventures déclinées sur plusieurs volumes (et donc plusieurs films !). Et nous avons donc vu défiler des teenagers vampires, puis des gladiateurs du futur. Par ici la monnaie !

 

vlcsnap-2015-01-18-21h59m16s134Donc, comme dans Hunger Games, il s’agit ici d’une société du futur, forcément totalitaire et post-apocalyptique, dans laquelle la population est divisée en cinq factions suivant ses aptitudes. Et puis il y a les divergents, une catégorie à part qui possède le pouvoir d’échapper au contrôle d’un état forcément très très méchant, qui opprime les minorités, tout ça. Seulement voilà, notre héroïne, Tris, est une divergente. Donc grosso modo, une bonne moitié est consacrée à la prise de conscience. La gentille Tris se rend bien compte qu’elle fait des rêves chelous et qu’elle a des pouvoirs inhabituels. Il faut un bon moment avant que la vérité tombe : c’est une divergente ! On s’en doutait un peu !

 

vlcsnap-2015-01-18-22h06m55s109Obligatoirement, Tris va se dire qu’en définitive, autant utiliser ses super-pouvoirs pour renverser la dictature en place. Bon, si tout ça ne vous rappelle vraiment rien, c’est que vous avez passé ces dernières années coupé du monde, à visionner des films d’art et d’essai moldaves en version originale non sous-titrée. En clair, si vous avez vu Hunger Games, c’est la même semoule mais pas tout à fait pareil. A la place de Donald Sutherland président, on a Kate Winslet, qu’on est un peu surpris de retrouver là, mais bon. Elle joue, sans trop de conviction, les méchantes bien comme il faut, donc on lui pardonne un peu de s’être fourvoyée dans un projet qui ne met pas vraiment en valeur ses talents d’actrice.

 

Pour le reste, le cahier des charges est suivi et respecté à la lettre. Il y a l’inévitable beau brun qui finira par s’allier à l’héroïne, les entrainements, les rêves prémonitoires, la révolte contre l’autorité… C’est balisé à mort, et donc d’autant plus prévisible, et on ne peut pas vraiment dire que la tête d’affiche, Shailene Woodley (soi disant la star montante du moment) possède la charisme et le talent d’une Jennifer Lawrence, loin de là. Donc si vous n’êtes pas trop regardant et si la perspective de revoir Hunger Games en beaucoup moins bien vous tente, ça tombe bien parce que c’est ce que propose ce Divergent, sans trop se fouler. Le monde est bien fait, quand même !

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lundi 12 janvier 2015

Melancholia

Film de Lars Von Trier (2012), avec Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland, John Hurt, Charlotte Rampling, etc…

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Tiens, si on parlait de Lars Von Trier, histoire de se mettre un peu sur la gueule ? Entre ceux qui reprochent au réalisateur danois son gout immodéré pour la provoc et ceux qui applaudissent des deux mains un cinéma qui se voudrait polémique et proche du réel, choisis ton camp, camarade ! En ce qui concerne le strapontin, c'est vite vu. Après avoir été enthousiasmé par ses deux premiers films, Element of Crime et surtout Europa, ça a vite été la douche froide. Le metteur en scène a vite abandonné un cinéma aux trouvailles visuelles passionnantes pour un pseudo-style qui, allez comprendre, a fait fureur dans les communautés cinéphiles.

 

vlcsnap-2015-01-07-21h54m16s122Le bonhomme n’en est plus à une provocation près, à vrai dire. Après avoir fait vœu de chasteté avec la mise en place du Dogme (en clair on fait des films pas attrayants du tout sur le plan visuel parce que c’est pas réaliste), l’ami Von Trier a imposé un cinéma qui laisse perplexe, tellement brut de décoffrage que toute émotion est annihilée par un style à la limite de l’amateurisme, façon film de vacances au caméscope. Comme si ça ne suffisait pas (et que le spectateur moyen risquait de se lasser), le réalisateur a joué la carte du choquant. Et vas-y que je te colle des inserts à la limite du porno ou des trucs bien gore. Ca se voudrait novateur, c’est juste pénible.

 

 

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Donc, vous allez vous dire que si le Strapontin ne pouvait pas saquer son cinéma, c’était pas très malin d’aller s’infuser Melancholia et ça tenait un peu du masochisme. Fichue curiosité : la fin du monde vue par Von Trier, on se demandait ce que ça allait bien pouvoir donner. Et puis Kirsten Dunst, quand même, qui se taille petit à petit une stature de grande actrice (et qui a d’ailleurs récolté un prix d’interprétation à Cannes, c’était pas rien). Bref, des tas de petits trucs comme ça qui, sans vraiment convaincre, donnaient envie d’aller y voir.

 

 

vlcsnap-2015-01-07-21h53m25s79Et honnêtement, au début on est réellement saisi. Des images ésotériques, filmées au ralenti sur le Tristan et Yseut de Wagner. C’est d’une fulgurante beauté et surtout complètement inattendu de la part de Von Trier. On se dit alors que l’heure est peut-être venue de balayer ses a-prioris sous le tapis. Eh bien non. Passé ce prologue magnifique, le réalisateur retombe dans ses habituels travers. On passe un bon quart d’heure à se demander si la limousine des jeunes mariés va pouvoir négocier un virage… Le tout bien évidemment filmé caméra à l’épaule et en DV, pour faire plus réaliste.

 

 

vlcsnap-2015-01-07-21h53m55s177S’ensuit une longue et interminable séquence de mariage. Au bout de cinq minutes, on a bien compris que la belle Kirsten n’en n’a rien à cirer de son beau mari et de sa belle-famille. On tombe sur Kiefer Sutherland en rupture de Jack Bauer et sur un John Hurt mal peigné. Charlotte Rampling joue la mère abusive et Charlotte Gainsbourg la sœur compatissante. Au cours de ce long prologue, Melancholia installe la clé de son intrigue, à savoir la dépression de son héroïne. Et il faut reconnaitre que l’idée de base est particulièrement ingénieuse : mettre ainsi en parallèle la fin du monde et l’effondrement d’un univers personnel, cela fournissait matière à des développements passionnants.

 

vlcsnap-2015-01-07-21h53m28s109Sauf que Von Trier se cantonne au ressenti, à la violence des sentiments, mais sans aller au delà. Il déploie les grandes orgues, mais reste constamment au niveau de l’individu. Du monde extérieur, de la panique qui saisit une humanité en train de vivre ses dernières heures, nous ne saurons rien. Du désarroi de l’héroïne non plus, d’ailleurs. C’est une description tellement clinique qu’il est impossible de rentrer dedans, et ceci malgré les prestations de Kirsten Dunst et de Charlotte Gainsbourg, qui sont vraiment excellentes dans ces rôles difficiles.

 

 

Donc quelque part, ce Melancholia reste éminemment plus comestible que les derniers brulots provocateurs de Von Trier. Ses indéniables qualités plastiques et l’implication de ses acteurs en feraient même un film recommandable. L’espace de quelques moments à couper le souffle, il trouve même une dimension extraordinaire. Mais entre ces visions apocalyptiques et le tourment intérieur des personnages, la jonction ne se fait pas réellement. Cela donne un film disparate, traversé d’éclairs magnifiques, mais qui peine à former un véritable tout.

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