samedi 3 septembre 2016

Le Livre de la Jungle

(The Jungle Book)

Film de Jon Favreau (2016), avec Neel Sethi et les voix de Ben Kingsley, Bil Murray, Idriss Elba, Christopher Walken, Scarlett Johansson

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C'était quasiment inévitable, couru d'avance après le carton de Maléfique. Et hop ! Un nouveau filon pour les studios Disney, l'adaptation en live de ses grands classiques animés. Après tout, pourquoi pas ? Angelina Jolie en sorcière, ça le faisait, malgré quelques parti-pris pas très heureux. Et le Cendrillon revu et corrigé par Kenneth Branagh, c’était plutôt pas mal. Donc, on était plutôt confiant quant au Livre de la Jungle, même si en soi, recréer un tel univers était loin d'être évident.


vlcsnap-error762C'est pourtant sur ce plan que le film se révèle particulièrement éblouissant. La re-création de la jungle en images de synthèse est une formidable réussite visuelle. Certes, il y en aura toujours pour pester contre un univers artificiel, où les bestioles sont numériques et tout a été filmé sur fond vert. C'est l'évolution logique d'une forme de cinéma qui, après avoir maîtrisé l'art de l'animation, s'emploie désormais à créer des mondes virtuels extravagants. Celui de The Jungle Book est d'une richesse extraordinaire, magnifiée par la superbe photographie de Bill Pope, le chef opérateur attitré de Sam Raimi.
 
 
 
 
 
 
 
 
vlcsnap-error411Par contre, là où ça coince un peu, c'est que The Jungle Book hésite constamment entre l'univers de Kipling et celui de Disney, entre une vision un peu plus adulte et la fidélité à un grand classique. On ne veut pas faire trop sombre, mais on ne veut pas faire trop gamin non plus, alors qu'à la base, le roman était tout de même assez violent et avait été pas mal édulcoré par le père Walt. Au début, on a l’impression que le film va davantage respecter l’esprit du livre. Quelques séquences y font d’ailleurs directement référence (comme celle du ravin), tout comme l’accent est mis sur les notions d’honneur et de loi dans la jungle.
 
 
 
 
 
 
 
vlcsnap-error222Malheureusement, The Jungle Book retombe très vite dans le sillage du dessin animé et se retrouve un peu le cul entre deux chaises. Parce qu’en fait, tout ce que le film peut avoir d’un petit peu adulte est très vite court-circuité par des choix artistiques plutôt douteux. Pourquoi, par exemple, avoir voulu ressortir à tout prix les chansons de la version animée ? Cela va à l’encontre de la volonté de pseudo-réalisme du film et le ramène recta sur le terrain du film pour enfants, ce qu’il n’est pas complètement. Cette volonté de vouloir constamment jouer sur deux tableaux et ménager la chèvre et le chou finit en définitive par se retourner contre le film.






 
vlcsnap-error948Bon, au Strapontin, on n’est pas obtus et nous aussi on a tapé du pied sur “Il en Faut Peu pour être Heureux”, mais le fait est que dans le film, ça n’a pas sa place et ça plombe tout. Et non content de nous infliger une mauvaise idée, The Jungle Book remet ça avec la chanson de King Louie, pour laquelle on a été chercher notre Eddy Mitchell national pour la VF ! Dans le genre inutile, c'est tout de même assez fort, d'autant plus que la séquence casse complètement le rythme du film. Mais bon, il est clair que Disney mise désormais à fond sur la rentabilité de ses chansons (il n’y a qu’à voir le carton phénoménal du tube de La Reine des Neiges), donc si quelques vieux airs peuvent trouver une nouvelle jeunesse, la firme aux grandes oreilles ne va certainement se priver d’engranger quelques dollars supplémentaires.
 
 
 
 
 
vlcsnap-error729Même si ça agace, ce n’est pourtant pas suffisant pour plomber un film qui possède assez de qualités pour tenir debout tout seul. Il y a beaucoup de bonnes idées. Certaines sont même particulièrement inattendues, comme ce flashback qui explique comment Mowgli s’est retrouvé dans la jungle. Le film joue alors de manière très habile sur la caractérisation du personnage de Kaa, rendu encore plus troublant par l’utilisation d’une voix féminine (Scarlett Johansson dans la VO). Il faut également saluer la justesse de l’illustration musicale. John Debney livre une belle partition à l’ancienne, qui change agréablement de la pauvreté des bandes son actuelles.





 
 
Donc globalement, cette version live du Livre de la Jungle s’en tire plutôt bien, malgré quelques maladresses. Le film ne respecte pas vraiment le roman de Rudyard Kipling, mais évite de trop retomber dans le côté mignon et un peu gnan-gnan du dessin animé. Visuellement, c’est un véritable régal, et même si on retombe plus d’une fois dans des scènes d’action qui veulent en faire dix fois trop, le spectacle est là et c’est ce qui compte. Moins artificiel que Maléfique, moins sucré que Cendrillon, The Jungle Book prouve que Disney commence à trouver ses marques, entre respect de la tradition et réinterprétation de ses grands classiques.

 
 
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Le Générique
 
Preuve d’un certain souci de respect de l’œuvre originale, le réalisateur Jon Favreau souhaitait rendre hommage dans l’ouverture à la caméra multiplane. Cette innovation de Disney permettait en effet de créer des effets de profondeur dans les dessins animés, en superposant différents calques pour créer des avant-plans et des arrière-plans, un peu comme dans un film. Le générique reprend donc cette technique, mais relookée grace aux images de synthèse et à l’apport de la 3D.

 
 
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Le générique de fin contient également un joli clin d’œil. En effet, le livre qui apparaît à l’écran est le même que celui du dessin animé de 1970. Toutefois, afin de dépoussiérer le concept, les auteurs de ce nouveau film en ont fait quelque chose de plus original, puisque le livre s’ouvre sous la forme d’un pop-up book dont s’échappent les différents personnages. C’est Pixar qui a eu l’idée de cette conclusion amusante. Marc Andrews, le réalisateur de Rebelle, est d’ailleurs remercié à la toute fin du film.
 
 
 
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