dimanche 28 août 2016

Only God Forgives

Film de Nicolas Winding Refn (2013), avec Ryan Gosling, Kristin Scott-Thomas, Vithaya Pansringarm, Rhatha Phongam, Tom Burke, etc…

vlcsnap-error244

 

Drive avait été, en son temps, une sacrée bonne surprise : polar ultra-violent, mâtiné d’une ambiance électrique, le film triturait les codes habituels du polar pour livrer une œuvre inclassable et déconcertante. Qui plus est, le succès public étant au rendez-vous, il a également consacré son réalisateur, Nicholas Winding Refn. Du coup, le metteur en scène a eu carte blanche pour son projet suivant. Carte blanche et tapis rouge, puisqu’Only God Forgives s’est retrouvé dans la sélection Cannoise, et s’est pris une sacrée déculottée dans la foulée, les critiques et les spectateurs tirant à boulet rouges sur le film.

 

vlcsnap-error731C’est donc non sans une certaine appréhension que le Strapontin a découvert ce Only God Forgives, et honnêtement, il y a de quoi se poser des questions. Car s’il est vrai que l’œuvre ne brille pas par l’originalité de son scénario, en revanche, sur le plan visuel, c’est une véritable claque. Le film déroule son imagerie ultra-violente sur un rythme contemplatif et presque zen, que renforce la présence fantomatique de Ryan Gosling. La photo de Larry Smith, pleine de couleurs saturées et criardes, compose des plans à la fois magnifiques et oniriques, bref on n’est pas loin d’un véritable trip.

 

 

 

vlcsnap-error625Plus qu’un polar, c’est une expérience sensorielle, que je rapprocherais volontiers des films de Gaspar Noé. Comme ce dernier, Refn a le goût de la provoc, il cherche à déranger et à choquer le spectateur à tout bout de champ. Mais il sait également jouer sur les ruptures de ton, juxtaposant une violence extrême avec des intermèdes très austères, d’une lenteur calculée. On pense à du Kubrick revisité par Tarantino, c’est délibérément tape-à-l’œil et excessif, mais le fait est que ça fonctionne, et le bad guy, à qui Vithaya Pansringarm prête une physique passe-partout et incroyablement menaçant.

 

 

 

vlcsnap-error941Alors maintenant, il va falloir m’expliquer la volée de bois vert que le film s’est pris. Car si Only God Forgives n’est certes pas un chef d’œuvre, il est tout de même loin de mériter les critiques haineuses dont il a fait l’objet. Il est évident que Refn possède un réel talent de mise en scène, comme le prouve la scène de la fusillade nocturne, impeccablement filmée et découpée. Je comprends parfaitement qu'on puisse être déconcerté voire agacé par le mélange qu'opère le film, mais le traiter comme le pire des nanars me semble faire preuve d'un certain manque de discernement et surtout d'un mépris certain pour ses qualités esthétiques, qui sont plus qu’évidentes.

 

 

 

Donc, vous l’aurez compris, c’est ou tout l’un ou tout l’autre. Soit vous serez séduit par le rythme atypique de ce polar qui n’en est pas vraiment un, soit vous n’y verrez qu’une suite d’effets de style sans réelle substance. Only God Forgives vous flatte l’oeil puis, la seconde d’après, vous balance une bonne grosse baffe avant de vous brancher sur du 220. C’est donc davantage une expérience qu’un véritable film, mais que ses qualités esthétiques placent largement au-dessus du lot. A tenter, donc, si vous êtes curieux et que vous avez l’esprit ouvert et l’estomac solide. 

 

vlcsnap-error595

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire