vendredi 18 août 2017

Alien Covenant

Film de Ridley Scott (2017), avec Katherine Waterston, Michael Fassbender, Danny Mc Bride, Billy Crudup, Demian Bichir, etc…

vlcsnap-2017-08-27-18h03m05s245



Et c'est reparti pour un tour ! Non content d'avoir déçu les fans avec un Prometheus moins que convaincant, Ridley Scott remet le couvert pour un nouvel opus. C'est à se demander si le réalisateur, pourtant connu pour son éclectisme, ne traverse pas actuellement un gros passage à vide pour être obligé de se replonger ainsi dans l'univers qui a fait sa renommée. Pourtant, rares sont les occasions où les grands classiques du 7ème Art sont revisités des années après par leur créateur. Même si l’idée est séduisante, elle induit forcément une certaine déception.



vlcsnap-2017-08-27-18h14m15s71Car comme nous l’avions dit dans la critique de Prometheus, entre temps, beaucoup de choses ont changé, à commencer par l’approche du réalisateur. Là où le premier film le laissait apparaître comme un artiste très visuel, donnant une place prépondérante à l’esthétique de ses films, Scott a vite renié cette approche arty pour un cinéma très diversifié, mais pas franchement personnel. Du film de guerre au péplum, il a revisité tous les genres avec plus ou moins de bonheur, mais sans réellement apporter ce petit quelque chose de plus qui avait fait de Alien ou de Blade Runner des films uniques, quasiment des chefs d’œuvre dans leur catégorie.



vlcsnap-2017-08-27-20h04m26s157Mais la Fox poussant à la roue, il a bien fallu prolonger cette franchise au mieux, ce qui a donné des films très disparates et pas toujours complètement réussis. Et bien évidemment, Ridley Scott s’est mis sur les rangs pour apporter sa pierre à l’édifice. Après tout, quoi de plus normal ? Sauf que le style, ce style unique qui faisait le prix du premier film n’est plus là. A la place, une intrigue tarabiscotée, des personnages inintéressants et des péripéties pas vraiment renversantes. Pas de peur et encore moins d’angoisse, bref rien de ce qui faisait toute la singularité du film original.




vlcsnap-2017-08-27-19h58m32s190C’était déjà le bilan qu’on pouvait tirer de Prometheus. Entre temps, Ridley Scott, prétendument à l’écoute des fans, faisait son mea culpa et promettait du coup une nouvelle suite, plus fidèle au concept original. Oui, on verrait des aliens comme avant, et le film ferait la jonction entre le film précédent et le reste de la saga. Vous me suivez ? Bref, à tous les déçus du petit dernier, on promettait monts et merveilles, un truc plus “dans l’esprit” de la série, l’argument mastoc pour faire revenir le chaland dans les salles. Tout ça pour ça, a-t’on envie de dire en fin de course.




vlcsnap-2017-08-27-18h10m34s171Car en définitive, on prend la même trame et on recommence. Sauf que quand même, l’alien, le vrai, est de retour, ainsi que toutes les gentilles bestioles qui ont fait la renommée de la franchise, les œufs tout visqueux, les face huggers (si vous ne savez pas ce que c’est, vous n’êtes pas un vrai fan!)Et puis vu que le précédent était un peu light sur l’horreur, celui-là en rajoute une bonne louche histoire de contenter tout le monde. Ah si ! Surprise, le mode de contamination a été revu et corrigé : il est aujourd’hui possible d’être infecté par un alien aussi facilement qu’on attrape un rhume ! Si, si, je vous jure, parole de Strapontin !



vlcsnap-2017-08-27-19h53m24s193Bon allez, ne soyons pas trop méchants, il y a quelques bonnes choses dans tout ça. En particulier, le fait de montrer les responsables de la mission comme faillibles et humains. Un peu trop, même. Le capitaine, joué (plutôt bien) par Billy Crudup, ne possède carrément pas la stature d’un meneur d’hommes. On le croirait presque dépressif ou au bord de la crise de nerfs. C’est un peu too much mais ça crédibilise un personnage qui s’est retrouvé là par la force des choses et qui ne sait définitivement pas prendre les bonnes décisions.




vlcsnap-2017-08-27-20h02m40s111C’est grosso modo la même semoule avec l’héroïne : plus de nana forte façon Sigourney Weaver, mais un petit bout de femme avec une sensibilité à fleur de peau. Scott revisite donc l’inspiration de ses personnages, mais ça n’est pas pour autant qu’il nous intéresse à eux. Tout comme dans Prometheus, on n’accroche pas particulièrement à l’un ou l’autre, on devient donc très vite indifférent à leur sort. Là où en 1979, il arrivait à typer l’équipage du Nostromo en quelques scènes, il donne ici l’impression de dérouler une galerie de protagonistes dont on se contrefiche.




vlcsnap-2017-08-27-18h02m11s243En fait, il apparaît très vite que le seul personnage qui intéresse vraiment Ridley Scott dans tout ça, c’est le robot. Le seul problème, c’est que des films sur des androïdes et l’intelligence artificielle, on s’en est déjà cogné une bonne flopée. Scott a même mis la barre assez haut dans le genre avec son Blade Runner. Donc si le réalisateur ne propose pas une méditation particulièrement chiadée sur le sujet, autant dire que, malgré l’interprétation sans faille de Michael Fassbender, tout cela est un peu vain et hors-sujet. On est venu voir de l’alien, et en fait, on dérive vers tout autre chose, une intrigue alambiquée à base de mutations génétiques. Bref on est a côté de la plaque.



vlcsnap-2017-08-27-18h08m50s108Ce ne serait pas gênant si on retrouvait dans Alien Covenant un petit peu de ce qui faisait le film original, mais là encore, on est loin du compte. Ni claustrophobique, ni angoissant, ce nouvel opus oublie consciencieusement tous les ingrédients qui ont fait le succès du premier épisode, ce sentiment d’isolation dans un monde inconnu, cette suggestion qui renforçait l’angoisse. Scott a même le culot d’y recycler des extraits de la partition musicale qu’il avait pourtant rejetée en 1979. Complètement inadaptée dans ce cas précis, elle ne fait que souligner la profonde médiocrité du reste de la musique.




Si on pouvait avoir quelques espoirs quant à l’avenir de la saga, cet Alien Covenant les douche brillamment. Ce n’est pas à proprement parler un mauvais film, c’est juste un produit de série, ni pire ni meilleur que les gros blockbusters qui défilent sur nos écrans. Il semble pourtant que Ridley Scott envisage une nouvelle suite. On de demande bien pourquoi. À part rabâcher des situations déjà vues, on voit mal ce qu'elle pourra apporter de neuf à une franchise en bout de course qui renie ici tout ce qui a pu faire son originalité.



vlcsnap-2017-08-27-20h00m26s40

jeudi 17 août 2017

The Circle

Film de James Ponsoldt (2017), avec Emma Watson, Tom Hanks, John Boyega, Karen Gillan, Bill Paxton, etc…

 

vlcsnap-2017-08-17-13h59m38s016

 

 

Sur le papier, The Circle avait tout bon : un sujet en prise avec l’actualité, qui parle à tout le monde, un casting top moumoute. Ce n’était apparemment pas suffisant pour faire un bon film. Et c’est bien dommage, car l’intrigue ouvrait la porte à des développements fascinants. Pensez un peu, les réseaux sociaux, ces must de notre génération, dont tout un chacun ne sait pas toujours s’il faut les utiliser ou les fuir, et qui finissent par effacer la frontière entre vie privée et sphère publique. En plus, c’était aussi l’occasion de découvrir Emma Watson autre part que dans la sphère Harry Potter. Bref, on ne peut pas dire qu’il n’y avait pas la matière !

 

vlcsnap-2017-08-17-14h14m57s432Et d’ailleurs, The Circle nous met un peu dans le même état d’esprit que son héroïne. Après un début qui patine un peu, les premiers pas dans ce monde numérique sont mis en scène de manière attrayante. On a droit aux inévitables pop-ups qui envahissent l’image à tout bout de champ, et qui semblent être devenus des éléments visuels incontournables dès qu’on parle de numérique. C’est pas nouveau nouveau, mais ça fonctionne. Qui plus est, le film bénéficie d’une musique électro-bizarroïde, très efficace et plutôt surprenante de la part d’un Danny Elfman qui renouvelle intelligemment son style.

 

 

vlcsnap-2017-08-17-14h02m11s159Quand on entre dans le vif du sujet, par contre, les choses se gâtent et le film sort ses gros sabots. Le “circle” du titre n’est en effet ni plus ni moins qu’un réseau social de plus, qui a pour objectif d’exercer une surveillance en temps réel grâce à des mini-caméras disposées un petit peu partout. Le film reste plutôt bien dans les clous quand il évoque les effets pervers de ce genre de communication, où un individu peut se retrouver au ban de la société parce qu’il aura été jugé d’une certaine manière.

 

 

 

vlcsnap-2017-08-17-14h09m57s383Par contre, lorsque le réseau envisage comme expérience ultime de donner en pâture la vie de l’héroïne aux internautes, on a vite compris où The Circle voulait en venir. L’approche n’est pas d’une finesse exemplaire, et il faut un accident bien traumatisant (et un rien ridicule dans son déroulé) pour que la brave Emma Watson prenne conscience qu’elle bosse pour une filiale de Big Brother. Ceci dit, ce n’est certainement pas en jouant sur la carte du voyeurisme qu’on fait avancer le débat. Les zones un peu limite sur les réseaux sociaux, ce n’est pas ce qui manque et il n’est pas certain que choisir une dérive grosse comme une maison apporte grand chose au débat.

 

 

vlcsnap-2017-08-17-14h17m46s868De ce fait, The Circle tourne très vite en rond (oui, je sais, elle était facile, mais si tentante !) et ce ne sont certainement pas les talents de comédienne de miss Watson qui vont donner le change. Elle était bien meilleure dans le très sympa Monde de Charlie. Ici, c’est un festival plutôt agaçant de mimiques faciales façon Hermione. Tom Hanks s’en sort plutôt bien, comme d’habitude, et si son personnage à la Steve Jobs n’a rien de transcendant, au moins a t’on droit à la fameuse “minute Hanks”, où sa prestation s’élève au-dessus de la moyenne. Il faut également mentionner Bill Paxton. Son personnage de père handicapé est d’autant plus touchant que ce fût son dernier film (il lui est d’ailleurs dédié).

 

 

Donc le film sur les réseaux sociaux, le vrai, reste encore à faire. The Circle, sous ses dehors irrésistiblement mode, se cantonne à proposer une vision simpliste du débat et enquille des péripéties tellement énormes qu’on les sent taillées sur mesure pour un public ado. Diable, le film n’allait pas en plus se tirer une balle dans le pied en dézinguant des univers virtuels dans lesquels son cœur de cible passe des heures ! Il n’était peut-être pas utile d’embringuer des acteurs de renom pour un résultat aussi fade et dispensable.

 

vlcsnap-2017-08-17-14h45m42s326