mercredi 31 août 2016

Le Septième Juré

Film de Georges Lautner (1961), avec Bernard Blier, Maurice Biraud, Francis Blanche, Danièle Delorme, Jacques Ribeirolles,etc…

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Georges Lautner, pour le grand public, c’est avant tout Les Tontons Flingueurs. Après, pour le reste, on retient surtout un cinéaste spécialisé dans le comique et les films taillés sur mesure pour Belmondo, avec de temps en temps, de rares et curieuses incursions dans le dramatique, comme avec La Maison Assassinée. Tout ça pour dire que la découverte du Septième Juré est une sacrée surprise, aisément le chef d’œuvre de son auteur.

 

vlcsnap-2016-08-31-12h46m20s470A la base, il y a un scénario particulièrement malin et retors, qui imagine comment le personnage principal, coupable d’un meurtre se retrouve comme juré au procès du tueur supposé. Ce personnage, c’est Bernard Blier, qui trouve ici un de ses meilleurs rôles. Car au travers de cette intrigue tortueuse, c’est tout l’univers de cet homme ordinaire qui va voler en éclats. D’abord en cherchant à faire innocenter le véritable coupable lors d’un mémorable procès d’assises, puis en tentant d’assumer sa faute. En dire plus ne rendrait pas justice aux nombreuses surprises que réserve le film.

 

 

 

 

 

vlcsnap-2016-08-31-12h50m18s540En effet, au-delà de l’intrigue policière proprement dite, Le Septième Juré est le portrait au vitriol d’une certaine société bien pensante, et d’un certain esprit de village, où le notable est forcément respectable quoi qu’il advienne. Blier joue admirablement ce bourgeois coincé dans une existence monotone, qui tente désespérément d’assumer les conséquences d’un moment d’égarement dont l’issue lui a échappé. Outre cet esprit très cynique, entretenu par de remarquables monologues en voix off, le film questionne également notre rapport à la justice. A l’époque, en effet, la peine de mort existait encore, ce qui rend d’autant plus prenants les enjeux de ce procès.

 

 

 

 

vlcsnap-2016-08-31-12h40m23s803Les dialogues, adaptés d’un roman de Pierre Laroche, ont la verve insolente d’un Audiard, et la réalisation sert le scénario sans surprise, mais avec des partis-pris parfois surprenants, et de belles idées de mise en scène. La scène de viol qui ouvre le film, si elle peut paraître très désuète aujourd’hui, était assez corsée pour l’époque (elle sera d’ailleurs “allégée” dans d’autres pays). Seule la musique, avec une utilisation un peu pataude de Vivaldi, n’est pas toujours très subtile, mais c’est bien peu de chose par rapport à la réussite du film.

 

 

 

 

 

Ajoutez à cela la présence de valeurs sûres du cinéma français (Francis Blanche et surtout un Maurice Biraud parfait dans un rôle capital), quelques “gueules” (Robert Dalban, Jacques Monod), et vous aurez une formidable réussite qui, en plus de vous captiver avec une intrigue pernicieuse, vous scotche par son ambiance désabusée et sardonique, qu’on jurerait échappée d’un film de Chabrol. Tout cela fait d’autant plus regretter que Georges Lautner ne se soit pas plus souvent risqué dans le drame, car la force et la finesse de ce Septième Juré font vraiment plaisir à voir. Un petit classique en puissance qui vaut largement mieux que certains autres certifiés.

 

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