jeudi 31 mai 2018

Miss Sloane

Film de John Madden (2017), avec Jessica Chastain, Mark Ford, Sam Waterston, Alison Pill, John Lithgow, etc…

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Curieux de voir Luc Besson et sa compagnie Europa derrière tout ça. Enfin, curieux mais rassurant quand même. Ca prouve que l’auteur du Grand Bleu sort de temps en temps de sa ligne éditoriale et qu’il peut produire autre chose que des nanars pleins de baston et de grosses voitures. Miss Sloane, c’est le type même du film dénonciateur, qui entend démonter le fonctionnement aberrant de certaines institutions américaines. Ici, en l’occurrence, ce sont les groupes de pression, ces fameux lobbies qui font et défont les élections et les votes de loi.


vlcsnap-2018-01-09-08h34m33s122Un sujet tellement riche et passionnant qu’on se demande bien pourquoi il n’a pas été abordé plus tôt au cinéma. Car finalement, si on y regarde bien, vous avez tous les ingrédients d’un bon thriller : des intrigues, des manipulations, du suspense. Avec en prime de quoi jouer sur l’indignation du spectateur, quand le sujet touche l’émotion, comme dans le cas du débat sur les armes à feu. C’est aussi le moyen d’en apprendre un peu plus sur le pourquoi du comment, et sur ce plan, Miss Sloane est plutôt instructif, même si on se doute que tout cela est dépeint à grands traits et avec beaucoup de simplification.



vlcsnap-2018-01-09-08h35m04s216On se doute également que ça ne va pas être l’extase en matière de mise en scène. John Madden est un réalisateur appliqué, dont les films sont gentiment incolores. A part le multi-oscarisé Shakespeare In Love, on ne peut pas dire que sa filmographie brille par sa personnalité. Mais tant mieux, finalement, car on sait d’avance que dans des films comme ceux-là, il s’agît avant tout de raconter une histoire et pas de l’agrémenter de touches à soi, même si, quelque part, cela ferait un petit peu respirer le genre. Mais bon, on s’égare. Madden reste dans les clous, c’est bien pour le sujet.



vlcsnap-2018-01-09-08h40m02s72Ca l’est d’autant plus que Miss Sloane fait partie de ce genre de films où l’on n’a pas intérêt à relâcher son attention, sous peine d’être largué vite fait. Heureusement, le film ne s’inscrit pas dans la lignée des drames boursiers façon Margin Call ou The Big Short. Mieux, Madden simplifie à outrance, mais fait surtout filer tout ça à toute allure, à tel point que le film finit par ressembler à son héroïne, une sorte de Terminator en jupons capable de manipuler l’opinion comme elle le désire. Mais ceci dit, on évite d’aller trop loin dans la provoc puisque cette wonder woman des groupes de pression n’adopte jamais des positions trop extrêmes.



vlcsnap-2018-01-09-08h36m51s235Jessica Chastain incarne avec beaucoup de talent ce personnage atypique, et la froideur de l’actrice sert ce personnage sans attaches, qui ne vit que pour son parcours professionnel. Le film creuse sa personnalité juste assez pour nous faire comprendre que justement il n’y a rien à creuser, et qu’en définitive, le panier de crabes dans lequel elle évolue ne vaut pas mieux. On plonge donc allègrement dans les manipulations en tout genre qui démolissent l’intégrité des personnages, et Miss Sloane y perd en crédibilité ce qu’il y gagne en efficacité dramatique.



Mais néanmoins, l’ensemble est si bien ficelé qu’on se laisse volontiers prendre à ce jeu de dupes. Miss Sloane, sous couvert de dénoncer le système, reste fidèle à une tradition de cinéma de divertissement, de film à thèse bien Hollywoodien, avec les acteurs qui vont bien (un Mark Ford surprenant, un John Lithgow et un Sam Waterston fidèles à eux-mêmes) et le savoir-faire invisible qu’il faut. Pas révolutionnaire donc, on s’en serait douté, mais conforme à ce qu’on peut en attendre.


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mardi 22 mai 2018

Vol Au-Dessus d'un Nid de Coucou

(One Flew Over The Cuckoo’s Nest)

Film de Milos Forman (1975), avec Jack Nicholson, Louise Fletcher, Will Sampson, Christopher Lloyd, Danny de Vito, etc…

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One Flew Over The Cuckoo’s Nest est un film paradoxal. Sorti à une époque où triomphait le nouvel Hollywood, il a su imposer un ton bien à lui, à mi-chemin entre le documentaire et le drame psychologique. Mieux, il a révélé dans la foulée toute une génération d’acteurs extraordinaires.


vlcsnap-2018-05-20-14h16m39s130Pourtant, à la base, peu de choses destinaient le film à rencontrer les faveurs du grand public. Le livre, écrit par Ken Kesey, un gourou du baba-coolisme, s’impose pour son contenu contestataire. Et du coup, il tape dans l’œil de Kirk Douglas. A tel point que l’acteur l’adapte au théâtre (la pièce sera un four), puis essaie désespérément de l’adapter au cinéma. C’est finalement son fils Michael qui reprendra les choses en main. L’acteur star de la série TV Les Rues de San Francisco cherche à diversifier ses activités. Avec le concours du producteur indépendant Saul Zaentz, le projet va devenir réalité.





vlcsnap-2018-05-20-12h44m49s79Et Kirk Douglas a eu pour ainsi dire le nez creux, puisqu’à l’occasion d’une tournée de bienfaisance, il découvre les films d’un jeune réalisateur tchèque très prometteur, qui a pour nom Milos Forman. Convaincu qu’il est l’homme de la situation, il lui fait donc parvenir le livre de Kesey. Forman ne le recevra jamais. Le contenu du roman, déjà très contestataire à l’époque, ne passera pas la barrière de la censure communiste. Néanmoins, son fils Michael a la bonne idée de s’en ternir au choix initial de son père lorsqu’il s’agira de trouver un metteur en scène.





vlcsnap-2018-05-20-12h27m43s55Forman, émigré aux USA à la suite du Printemps de Prague, avait déjà fait parler de lui avec Taking Off, un petit film gentiment déjanté, qui avait reçu le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes. Mais ce n’est pas suffisant pour percer, et le réalisateur ne fait pas non plus partie de la clique du Nouvel Hollywood qui est en train de mettre le box-office sans dessus dessous à grands coups de gros succès commerciaux. C’est donc quasiment comme un projet indépendant que le film est lancé.






vlcsnap-2018-05-20-12h39m49s105C’est ce qui donne à One Flew Over The Cuckoo’s Nest son caractère si particulier. D’abord, l’approche y est très réaliste, quasiment documentaire. La réalisation de Forman est extrêmement dépouillée et prend son temps pour décrire avec force détails l’intérieur de l’institution ainsi que les différents patients. Puis, une fois le décor posé, on y lâche un trublion, en l’occurrence Jack Nicholson. Nicholson, à l’époque, c’est la star anti-conformiste par excellence, qui choisit plus volontiers les projets atypiques que les grosses productions.  Tout le film joue sur cette opposition entre un cadre tellement sécurisé qu’il en devient répressif et les provocations d’un élément perturbateur.




vlcsnap-2018-05-20-14h22m29s60Il fallait un réalisateur comme Milos Forman, issu des pays de l’Est, pour comprendre et appréhender tout cet aspect. Comme il le disait volontiers en interview, sa nurse en chef à lui, miss Ratched dans le film, c’était le parti communiste. Du coup, One Flew Over The Cuckoo’s Nest dépasse son cadre purement dramatique pour l’enrichir de résonnances inattendues. Sans verser dans la métaphore politique grossière, cette approche subtile  renforce au contraire la crédibilité du film.






vlcsnap-2018-05-20-14h17m34s179Mais au-delà de ses qualités purement dramatiques, on retiendra surtout de One Flew Over The Cuckoo’s Nest la formidable puissance de son interprétation. A l’époque de la sortie du film, Forman avait brouillé les cartes en indiquant que le casting mélangeait des acteurs professionnels et de véritables patients, mais sans véritablement préciser lesquels. On y découvrait donc pas mal de visages depuis devenus familiers, mais sans réellement savoir s’ils étaient ou non acteurs professionnels. Depuis, plusieurs ont fait une belle carrière, comme Danny De Vito ou Christopher Lloyd, l’inoubliable Doc de Back To The Future.





vlcsnap-2018-05-20-12h42m01s202Ce sont pourtant les moins connus d’entre eux qui livrent les performances les plus spectaculaires. On regrette par exemple que Brad Dourif, inoubliable dans le rôle de Billy Bibbitt, n’ait jamais réellement trouvé de rôle aussi fort que celui-ci. Idem pour Will Sampson, qui joue tout en simplicité le rôle de l’indien, et qui cachetonnera dans quelques films plus ou moins oubliables. Il y a aussi William Redfield, qu’on avait vu dans Le Voyage Fantastique, et qui décèdera malheureusement peu de temps après la fin du tournage.






vlcsnap-2018-05-20-12h26m19s246Mais le plus époustouflant reste Sydney Lassick, dont la performance, tendue comme une corde à piano, impressionne par sa force. Eternel acteur de second plan (on le reverra notamment dans Carrie), Lassick se donne à fond dans des scènes tellement puissantes émotionnellement qu’on se dit que l’acteur a vraiment été très loin pour obtenir un tel résultat. L’équipe du film s’est d’ailleurs inquiété de son état mental à plusieurs reprises, craignant qu’il ne devienne véritablement fou.






vlcsnap-2018-05-20-14h21m10s22A la vision du film, on est frappé par l’esprit d’ensemble qui domine l’interprétation. Rien n’y est forcé ou artificiel, tout est au service de la crédibilité de l’histoire, à un point tel que la performance d’acteur s’efface devant les personnages. Forman a d’ailleurs maintenu ses interprètes dans les mêmes conditions que s’ils étaient internés. Cette approche basée sur l’identification, qui est désormais courante, était peu usitée à l’époque. De même, on sent que certains petits détails ont été saisis ou créés au gré de l’improvisation.





vlcsnap-2018-05-20-14h24m50s188Ce qui fait la force de One Flew Over The Cuckoo’s Nest, c’est bien entendu le côté implacable de sa progression dramatique. S’il adopte une approche dépouillée, c’est au contraire pour mieux laisser l’émotion nous saisir au détour d’une ou deux séquences mémorables. La musique de Jack Nitzsche se met au diapason de l’émotion. Avec ses sonorités étranges et très typées, la partition n’intervient réellement que dans les moments-clés. Je n’ai jamais été réellement fan du compositeur, venu du monde du rock, mais il faut avouer que sa musique et la façon dont elle est placée servent parfaitement le film.




La suite, on la connaît. Le film est salué par 5 Oscars (dont celui du meilleur film), mettant définitivement sur orbite la carrière américaine de Milos Forman. Rare mais inspiré, le réalisateur restera fidèle à des courants d’inspiration très diversifiés, qui iront de l’excellent Ragtime au succès planétaire d’Amadeus. One Flew Over The Cuckoo’s Nest reste pourtant unique de par sa liberté de ton, son regard sans complaisance et la force de son interprétation. Tout simplement un grand film, intense, riche et émouvant.


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Le Trombinoscope

Il faudrait un maxi-trombi pour rendre justice à tous les incroyables interprètes du film. Certains d’entre eux ne perceront que des années plus tard, et hormis une ou deux exceptions, ne seront cantonnés qu’à des seconds rôles parfois atypiques. Assez curieusement, Louise Fletcher, l’interprète principale du film, ne cherchera pas à capitaliser sur l’Oscar de la Meilleure Actrice qu’elle remportera. Elle se fera assez rare sur le grand écran et ne retrouvera jamais un rôle aussi fort que celui de Miss Ratched (on la reverra dans Brainstorm, chroniqué ici). A noter enfin que le directeur de l’asile, Dean Brooks, est un véritable médecin, qui joue donc son propre rôle.


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Enfin, lors de la sortie de pêche, trois caméos discrets. Tout d’abord le producteur Saul Zaentz (le barbu à gauche sur la première photo), mais également Angelica Huston, la compagne de Nicholson à l’époque, et Aurore Clément, qui avait commencé une carrière américaine (elle jouera d’ailleurs dans une scène d’Apocalypse Now) et qui épousera d’ailleurs le chef décorateur de Coppola, Dean Tavoularis.


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Le Final
(Ca va de soi, mais bien évidemment à ne lire qu’après avoir vu le film. Spoilers inside !)


Toute la fin de One Flew Over The Cuckoo’s Nest obéit à un crescendo dramatique implacable, qui culmine dans la dernière séquence. Forman joue sur l’accumulation et l’empilement de situations dramatiques très fortes pour faire monter l’indignation du spectateur et maximiser l’impact de la confrontation entre Mc Murphy et Miss Ratched.


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La suite montre bien évidemment que le système triomphe, et qu’il aura la peau du personnage principal. Lors d’une précédente séquence, le réalisateur avait triché avec son public en lui faisant croire que Mc Murphy avait été “légumisé” par son traitement d’électrochocs alors qu’il n’en était rien. Le spectateur imagine donc que le personnage s’en sortira une nouvelle fois indemne.


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La différence, c’est que cette fois-ci, la nature du traitement de Mc Murphy est cachée au public, ce qui a pour effet de créer  chez le spectateur une certaine appréhension, et donc à intensifier la scène qui nous révèle qu’il a bel et bien été lobotomisé. Dans la continuité de l’esprit du film, l’Indien va donc euthanasier son meilleur ami car il sait que Mc Murphy n’aurait jamais accepté de vivre dans de telles conditions.


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La puissance de l’épilogue provient du fait que l’Indien concrétise alors quelque chose que son ami n’a jamais pu faire de son vivant, c’est-à-dire desceller l’appareillage de douche. Mieux, il le transforme en véritable outil d’évasion, puisqu’il s’en sert pour défoncer la fenêtre de l’asile et s’évader. Assez curieusement, le morceau de la B.O. à cet instant précis a pour titre Act of Love, et c’est effectivement un acte d’amour et de libération qu’accomplit alors l’Indien.


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L’impact dramatique, déjà très fort et appuyé par une belle envolée musicale, est intensifié par un plan inattendu où l’on voit Taber, l’un des internés, se réveiller et éclater d’un rire hystérique, puis s’interrompre brusquement. On ne connaît pas réellement le pourquoi de cette réaction, et c’est justement pourquoi elle accompagne à la perfection ce pic d’émotion du film.


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La toute dernière image est un symbole de liberté, où on voit l’Indien fuir dans la campagne. Elle fait écho au générique de début, qui se déroulait également sur fond de paysages. C’est, surtout, une brève et formidable respiration après deux heures intenses d’enfermement.


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jeudi 17 mai 2018

Moi, Tonya

(I, Tonya)

Film de Craig Gillespie (2018), avec Margot Robbie, Sebastian Stan, Allison Janney, Caitlin Carver, Julianne Nicholson, etc…

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Si vous vous attendiez à un biopic classique et ronflant sur le fameux incident qui opposa jadis deux patineuses olympiques, oubliez vos a-priori et  passez votre chemin ! Ici, c’est carrément l’opposé ! Tout l’intérêt du film, c’est justement qu’il fait voler en éclats le genre avec cynisme et délectation. Politiquement très très incorrect et fabuleusement drôle, I, Tonya, c’est Fargo chez les Groseille !


vlcsnap-2018-05-17-22h46m49s2Les gens de la génération du Strapontin se souviennent encore certainement de ce fait-divers qui avait défrayé la chronique et confronté deux patineuses rivales, Nancy Kerrigan et Tonya Harding. L’une, Nancy, chouchoute du grand public, l’autre, Tonya, grande gueule qui ne sait pas jusqu’où elle peut pousser le bouchon. Deux compétitrices qui s’affronteront  jusqu’aux Jeux Olympiques. Jusqu’à ce que Nancy Kerrigan se fasse agresser sans raison apparente et blesser à la jambe. Un “accident” manigancé par l’ex-mari de Harding, sans qu’on sache très bien si cette dernière était effectivement impliquée.



vlcsnap-2018-05-17-22h44m21s95I, Tonya refuse d’ailleurs de donner une réponse franche à cette question. Il se dédouane d’ailleurs dès les premières images, en indiquant être basé sur des témoignages bien réels, mais “aucunement ironiques et furieusement contradictoires”. En résumé, les quelques seniors strapontinesques comme votre serviteur, qui ont vécu ces évènements en live et qui s’attendaient à avoir une réponse quant à la culpabilité des uns ou des autres risquent fort de rester sur leur faim. Car le film de Gillespie, sans botter en touche, part dans toutes les directions sauf sur le terrain de l’enquête argumentée.



vlcsnap-2018-05-17-22h28m26s7Tout au contraire, I, Tonya, c’est un joyeux foutoir qui dès le départ ne s’autorise aucune limite dans la vulgarité. On y jure comme des charretiers, on se tape sur la gueule, on se réconcilie, on s’insulte, on se tire même dessus. Bref, plus d’une fois on reste ébahi devant cette galerie de cassos, tout en se disant que c’est juste pas possible et que le réalisateur a forcé le trait. Eh bien non ! Le générique de fin, ce moment traditionnel où tout bon biopic qui se respecte juxtapose les vrais personnages avec ceux du film, est justement incroyable puisqu’on peut constater de visu qu’on n’est vraiment pas loin de la réalité !



vlcsnap-2018-05-17-22h51m06s25C’est donc fabuleusement drôle, dans un esprit qui n’est pas sans rappeler celui des frères Coen façon Fargo, avec des malfrats parfaitement crétins et des dialogues qui crépitent joyeusement dans tous les sens. Les acteurs s’en donnent à cœur joie, en particulier Allison Janney qui compose avec brio le personnage de la mère de Tonya Harding dans un mélange de froideur et de vulgarité. Les Oscars ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisqu’elle a été récompensée comme meilleur second rôle féminin cette année.




vlcsnap-2018-05-17-22h42m04s131Outre son mauvais esprit indiscutable, I, Tonya emballe aussi par la folle énergie de sa mise en scène. Craig Gillespie n’avait pourtant à son actif qu’un autre film inspiré de faits réels, plutôt pépère celui-là, The Finest Hours, qui racontait le sauvetage d’un pétrolier en pleine tempête. On est donc d’autant plus surpris par une réalisation inventive et formidablement rythmée, qui sait intelligemment utiliser les tubes de l’époque pour en faire de beaux moments de cinéma, comme le Goodbye Stranger de Supertramp.




vlcsnap-2018-05-17-22h42m35s9Le film surprend également par la formidable virtuosité des séquences de patinage. Nul besoin d’être fan de ce sport pour être bluffé par le dynamisme incroyable de ces moments forts, servis par un travail de caméra hallucinant et des effets spéciaux aussi discrets qu’indétectables. Le réalisateur a compris qu’elles étaient essentielles à l’histoire, et il sait leur donner leur juste valeur et les mettre sur le devant de la scène. Loin de dépareiller dans un ensemble plus volontiers provocateur, elles ajoutent au contraire un piment supplémentaire à la saveur déconcertante de l’ensemble.



Bref, vous l’aurez compris, le film est un bon gros pied de nez, un monument de mauvais goût assumé qui se joue des étiquettes. Pour reprendre la comparaison d’un critique, I, Tonya, c’est Les Affranchis sur des patins. Gillespie ne possède ni l’abattage ni le talent d’un Scorsese mais son biopic irrévérencieux et mal embouché est une régalante et sacrée bouffée d’air frais dans un genre un peu trop conventionnel et balisé. Coup de cœur strapontinesque certifié !


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