dimanche 8 juillet 2018

Les Indestructibles

(The Incredibles)

Film de Brad Bird (2004), avec les voix de Craig T. Nelson, Holly Hunter, Sarah Vowell, Spencer Fox, Jason Lee, etc…

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A la base des The Incredibles, il y a, comme dans tous les Pixar, une idée géniale, du genre de celles dont on se demande pourquoi on n’y avait pas pensé avant. En clair, les super-héros sont des gens comme les autres. Ils sont confrontés aux mêmes problématiques que vous et moi, sauf qu’ils doivent sauver la veuve, l’orphelin, son chat, voire accessoirement le monde. Pas facile après une journée de boulot comme agent d’assurances.



vlcsnap-2018-07-04-21h47m10s29A l’époque de la sortie du film, on n’était pas encore ensevelis sous les Marveleries à répétition. Les Spiderman de Sam Raimi avaient commencé à poser quelques timides jalons, mais on n’en était pas encore au stade de l’avalanche actuelle de super-héros aux super-pouvoirs. Un cadre idéal pour une déclinaison originale du concept. Car si The Incredibles fonctionne si bien, c’est qu’il marie avec habileté plusieurs genres disparates : la chronique familiale, le héros obligé de dissimuler sa véritable identité et les pouvoirs extraordinaires qui vont avec, le film d’espionnage spectaculaire façon James Bond, le film d’aventures… Tout cela est allègrement brassé par un Brad Bird qui signait ici, après l’excellent Géant de Fer, des débuts flamboyants.



vlcsnap-2018-07-04-21h49m50s40Car ni une ni deux, on y va franco, on met le pied au plancher et on essaie de faire aussi bien, sinon mieux que ses modèles. The Incredibles s’affranchit très vite des limites du film d’animation pour taper dans le plus grand que nature, l’entertainment démesuré. Que ce soit dans le rythme ou dans la réalisation, Bird fait aussi bien, sinon mieux que tous les films dont il s’inspire. Dans un sens, ce n’est pas bien compliqué, vu que les films d’action ont suivi depuis des années une course à la surenchère qui les rend plus proches de films d’animation que d’autres œuvres plus classiques. Du coup, tout ce qui est action hypertrophiée et péripéties invraisemblables passe comme une lettre à la poste. Mieux, le film peut gentiment se moquer de ces clichés sur un ton décalé et savoureux, qui introduit instantanément une formidable complicité avec le spectateur.



vlcsnap-2018-07-04-21h44m01s232Alors oui, revu aujourd’hui, les graphismes du film peuvent paraître un peu datés. En près de 15 ans, la puissance de calcul des stations graphiques a ouvert des possibilités visuelles, en particulier au niveau des détails. Du coup, les personnages semblent légèrement simplistes au niveau du trait par rapport à ce qui se fait maintenant, ils semblent bruts de décoffrage et pas toujours peaufinés. Mais là encore, cela participe d’une esthétique globale dans laquelle l’inventivité du design rattrape le coup. J’en veux pour preuve la conceptrice des costumes, qui ressemble à un croisement improbable entre Chantal Thomass et un minion.




vlcsnap-2018-07-04-21h51m53s252Si on veut vraiment chipoter, il y a quelques coups de mou dans l’intrigue, un fin inutilement rallongée et un méchant qui n’est pas toujours aussi réussi qu’on le voudrait et qui tape plus sur les nerfs qu’autre chose. La musique de Michael Giacchino est un bel hommage aux partitions bondiennes de John Barry, tantôt aventureuse, tantôt jazzy, mais tartinée comme elle l’est jusqu’à l’écœurement, elle ne sert pas forcément aussi bien le film qu’elle l’aurait dû.





Mais bon, trêve de pinaillages : tel quel, The Incredibles en remontre largement à toute une génération de blockbusters et file direct un sacré coup de vieux au bon vieux film d’action des familles. Bourré jusqu’à la garde de péripéties à couper le souffle, il dépoussière le genre avec humour et décontraction. Une recette que Brad Bird transposera d’ailleurs avec succès en live dans le 4ème volet de la série Mission Impossible, et qu’on espère retrouver à la puissance dix dans la suite qui sort ces jours-ci. Hautement jouissif, donc.



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Le Générique

Comme toujours dans les films de Brad Bird, le générique est un moment très spécial, un petit film à part entière qui prolonge l’univers visuel du film. Selon le directeur de la photo Andrew Jimenez, il a été concu comme “une déclinaison en 2D d’un univers en 3 dimensions”. Les personnages y apparaissent sous forme d’esquisses très stylisées, toujours dans un esprit très pop art cher au réalisateur. En plus du directeur photo, se sont partagés le boulot sur cette séquence le responsable digital Louis Gonzalez, l’artiste de production Mark Cordell Holmes et le concepteur des personnages Teddy Newton.


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lundi 2 juillet 2018

Downsizing

Film d'Alexander Payne (2017), avec Matt Damon, Christoph Waltz, Kristen Wiig, Hong Chau, Neil Patrick Harris, etc…

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La première réaction qu’on peut avoir devant Downsizing, c’est de se demander s’il était réellement fait pour un réalisateur comme Alexander Payne. Payne, c’est de la comédie douce-amère, de l’étude de caractères en demi-teinte, assaisonnée d’humour et d’humanité. Pour preuve de belles réussites comme The Descendants ou Nebraska. Donc, le voir à la tête d’une comédie à l’argument science-fictionnesque, forcément ça coince un peu, ça titille la curiosité, mais pas nécessairement dans le bon sens.


vlcsnap-2018-05-22-22h00m58s27Pourtant, l’idée de base de Downsizing est loin d’être stupide, même si elle est abracadabrante. On y reprend l’idée de la miniaturisation, qui avait fait les beaux jours du Voyage Fantastique ou de L’Aventure Intérieure, sauf qu’ici, elle est ici envisagée sous un angle purement écologique. A savoir qu’un être humain réduit à la taille d’une souris produira forcément moins de déchets qu’à sa taille normale. Une approche astucieuse et parfaitement en phase avec les préoccupations éco-responsables actuelles, donc.




vlcsnap-2018-05-22-21h59m02s182La première partie de Downsizing se suit d’un œil amusé, en grande partie à cause de l’excentricité de son point de départ. Parce que sinon, en soi, c’est le schéma classique du couple en route vers un avenir qu’il croit paradisiaque et qui va inévitablement déchanter à un moment où à un autre. Difficile, déjà, de reconnaître la patte d’Alexander Payne dans cette description amusante mais pas non plus exceptionnelle. L’humour goguenard et discret de ses précédents films a disparu, et on se retrouve devant une comédie on ne peut plus classique mais pas forcément inspirée.




vlcsnap-2018-05-22-22h06m45s168Une fois Matt Damon réduit, le film prend un virage inattendu. L’ami Matt va se retrouver avec Christoph Waltz comme voisin, donc vous imaginez la suite. Personnellement, j’avais bien aimé Waltz chez Tarantino, mais depuis, ses personnages répétitifs d’excentrique déjanté ont un peu tendance à me fatiguer. Donc on ne peut pas vraiment dire que j’entamais la seconde partie dans les meilleures conditions.





vlcsnap-2018-05-22-22h06m03s247Mais bon, je suis mauvaise langue, car finalement, Waltz n’est pas ce qu’il y a de pire dans le film. Je dirais même qu’il est intelligemment dirigé et évite d’en faire trop. Par contre, je ne sais pas très bien dans quelles conditions Payne a conçu Downsizing, il semble même avoir eu carte blanche pour faire le film qu’il voulait… mais il faut bien admettre que le scénario semble avoir été le dernier de ses soucis. Pour preuve, dans sa seconde partie, le film s’affaisse lamentablement pour aller encore plus loin dans le discours écolo.




vlcsnap-2018-05-22-22h14m22s162On vire donc dans une semoule environnementaliste baba qui n’est ni convaincante, ni drôle, un comble quand on connaît le ton narquois et qui habite les films de Payne. En plus, on ne peut pas dire que le jeu terne de Matt Damon aide beaucoup, même s’il reste fidèle à lui-même. Par contre, difficile d’en dire autant du personnage interprété par Hong Chau, une sorte d’activiste chinoise reconvertie en femme de ménage. Un peu limite quand toute la deuxième partie du film repose sur elle.




Ca fait un peu mal au cœur d’être obligé de descendre un metteur en scène dont on commençait à apprécier l’univers, mais il faut bien avouer que Downsizing laisse perplexe. Au-delà de l’originalité de son pitch, le film ne va nulle part, peine à développer ses quelques bonnes idées et surtout manque cruellement de ce regard espiègle qui faisait tout l’intérêt des films précédents d’Alexander Payne. Un loupé, donc, mais qui ne nous empêchera pas d’attendre son prochain avec impatience.


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