(The Incredibles)
Film de Brad Bird (2004), avec les voix de Craig T. Nelson, Holly Hunter, Sarah Vowell, Spencer Fox, Jason Lee, etc…
A la base des The Incredibles, il y a, comme dans tous les Pixar, une idée géniale, du genre de celles dont on se demande pourquoi on n’y avait pas pensé avant. En clair, les super-héros sont des gens comme les autres. Ils sont confrontés aux mêmes problématiques que vous et moi, sauf qu’ils doivent sauver la veuve, l’orphelin, son chat, voire accessoirement le monde. Pas facile après une journée de boulot comme agent d’assurances.
A l’époque de la sortie du film, on n’était pas encore ensevelis sous les Marveleries à répétition. Les Spiderman de Sam Raimi avaient commencé à poser quelques timides jalons, mais on n’en était pas encore au stade de l’avalanche actuelle de super-héros aux super-pouvoirs. Un cadre idéal pour une déclinaison originale du concept. Car si The Incredibles fonctionne si bien, c’est qu’il marie avec habileté plusieurs genres disparates : la chronique familiale, le héros obligé de dissimuler sa véritable identité et les pouvoirs extraordinaires qui vont avec, le film d’espionnage spectaculaire façon James Bond, le film d’aventures… Tout cela est allègrement brassé par un Brad Bird qui signait ici, après l’excellent Géant de Fer, des débuts flamboyants.
Car ni une ni deux, on y va franco, on met le pied au plancher et on essaie de faire aussi bien, sinon mieux que ses modèles. The Incredibles s’affranchit très vite des limites du film d’animation pour taper dans le plus grand que nature, l’entertainment démesuré. Que ce soit dans le rythme ou dans la réalisation, Bird fait aussi bien, sinon mieux que tous les films dont il s’inspire. Dans un sens, ce n’est pas bien compliqué, vu que les films d’action ont suivi depuis des années une course à la surenchère qui les rend plus proches de films d’animation que d’autres œuvres plus classiques. Du coup, tout ce qui est action hypertrophiée et péripéties invraisemblables passe comme une lettre à la poste. Mieux, le film peut gentiment se moquer de ces clichés sur un ton décalé et savoureux, qui introduit instantanément une formidable complicité avec le spectateur.
Alors oui, revu aujourd’hui, les graphismes du film peuvent paraître un peu datés. En près de 15 ans, la puissance de calcul des stations graphiques a ouvert des possibilités visuelles, en particulier au niveau des détails. Du coup, les personnages semblent légèrement simplistes au niveau du trait par rapport à ce qui se fait maintenant, ils semblent bruts de décoffrage et pas toujours peaufinés. Mais là encore, cela participe d’une esthétique globale dans laquelle l’inventivité du design rattrape le coup. J’en veux pour preuve la conceptrice des costumes, qui ressemble à un croisement improbable entre Chantal Thomass et un minion.
Si on veut vraiment chipoter, il y a quelques coups de mou dans l’intrigue, un fin inutilement rallongée et un méchant qui n’est pas toujours aussi réussi qu’on le voudrait et qui tape plus sur les nerfs qu’autre chose. La musique de Michael Giacchino est un bel hommage aux partitions bondiennes de John Barry, tantôt aventureuse, tantôt jazzy, mais tartinée comme elle l’est jusqu’à l’écœurement, elle ne sert pas forcément aussi bien le film qu’elle l’aurait dû.
Mais bon, trêve de pinaillages : tel quel, The Incredibles en remontre largement à toute une génération de blockbusters et file direct un sacré coup de vieux au bon vieux film d’action des familles. Bourré jusqu’à la garde de péripéties à couper le souffle, il dépoussière le genre avec humour et décontraction. Une recette que Brad Bird transposera d’ailleurs avec succès en live dans le 4ème volet de la série Mission Impossible, et qu’on espère retrouver à la puissance dix dans la suite qui sort ces jours-ci. Hautement jouissif, donc.
Le Générique
Comme toujours dans les films de Brad Bird, le générique est un moment très spécial, un petit film à part entière qui prolonge l’univers visuel du film. Selon le directeur de la photo Andrew Jimenez, il a été concu comme “une déclinaison en 2D d’un univers en 3 dimensions”. Les personnages y apparaissent sous forme d’esquisses très stylisées, toujours dans un esprit très pop art cher au réalisateur. En plus du directeur photo, se sont partagés le boulot sur cette séquence le responsable digital Louis Gonzalez, l’artiste de production Mark Cordell Holmes et le concepteur des personnages Teddy Newton.
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