mardi 30 avril 2013

Piège de Cristal

(Die Hard)

Film de John Mc Tiernan (1987), avec Bruce Willis, Alan Rickman, Alexander Godunov, Bonnie Bedelia, Reginald Veljohnson, etc...























A l'heure où le le Lieutenant John Mc Clane s'apprête à reprendre une nouvelle fois du service, ici au Strapontin on a eu un peu envie de revenir aux fondamentaux, juste histoire de mesurer combien le Die Hard original avait révolutionné la formule du film d'action et donné naissance à un véritable mythe. Retour sur un thriller explosif et sévèrement burné, comme on dit.




A l'époque du premier Die Hard, Bruce Willis avait encore des cheveux et faisait le mariole dans une aimable série télé, Clair de Lune. Niveau action, c'était plutôt bourrin: on avait le choix entre Stallone et Schwarzenegger, pas vraiment des boute-en-trains, même si à l'époque le second avait commencé à jouer avec le genre dans Commando. Donc quand la Fox met en chantier ce nouveau film, personne ne s'attend vraiment à ce que ce soit un carton (même pas Schwarzy qui refuse le rôle!). Or non seulement Die Hard va carrément exploser le box-office, mais il va également devenir une des franchises les plus profitables de la Fox.





Le secret de la réussite de Die Hard, c'est d'abord sa parfaite maîtrise des mécanismes dramatiques. Comme dans les grandes tragédies, on y respecte l'unité de lieu, de temps et d'action, puisque toute l'intrigue se concentre dans un building, la nuit de Noël, pendant une prise d'otages qui s'avère en fait être un cambriolage. A partir de ces bases, le film explore scrupuleusement toutes les pistes, sans pour autant se vautrer dans les clichés. Bien au contraire, il revisite à sa façon le genre ultra-codifié du film d'action avec une décontraction et une fraîcheur incroyables.






On vous parlait récemment sur le Strapontin des Pirates du Métro, et de la manière dont ce petit thriller parvenait à se démarquer grâce à son humour et à ses personnages pittoresques. On retrouve cette approche dans Die Hard, avec plein de petites touches cocasses et sympathiques. Lorsqu'on nous montre un soldat de commando en train des se piquer la main sur des rosiers, c'est incongru et inattendu, ça ne fait pas avancer l'action pour un sou, mais c'est le genre de petit aparté marrant qui nous rappelle qu'au delà du film d'action, on conserve tout de même une dimension humaine et un profond sens de l'humour.




Les personnages sont parfaitement typés, même si à la base ils semblent plutôt conventionnels. John Mc Clane, le héros, est sur le point de divorcer mais son couple triomphera des épreuves et sortira grandi de l'aventure. Le trait de génie du film, c'est de l'avoir peuplé de personnages secondaires régalants et sympathiques: un chauffeur black, un reporter télé aux dents longues, un chef de la police incapable, deux agents du FBI qui portent le même nom... Mc Clane communique également par radio avec un policier, Powell, et le film établit un lien inédit et amical entre les deux hommes, qui sert à mieux définir leurs caractères mais permet également de commenter l'action et de fournir des points de repère pour le spectateur.





Hitchcock disait "Plus réussi est le méchant, meilleur sera le film", et Die Hard satisfait à cette règle. Alan Rickman, dans le rôle de Hans Gruber, le chef des terroristes, est un bad guy distingué au look classe. Son calme de façade cache une détermination inflexible, on sent l'homme prêt à aller jusqu'au bout et à ne laisser aucun élément extérieur se mettre en travers de sa route. Sa présence physique est vraiment incroyable et il suffit au film de deux ou trois scènes cruciales qui établissent son inflexibilité pour lui donner vie de manière remarquable. De plus, ce caractère dur et implacable fournit un excellent contraste avec le personnage de Mc Clane, tout fou et déconneur.




L'approche est résolument complice. Outre les petits traits d'humour, les répliques de Bruce Willis donnent constamment des petits coups de coude au spectateur, cherchant sa complicité et l'invitant sans cesse à ne pas prendre les choses trop au sérieux. D'un côté, on type les méchants à mort (qu'il s'agisse des terroristes ou des mauvais du FBI) et de l'autre, on les tourne en dérision à l'intérieur même du film. C'est cette insolence déroutante et sans bornes qui fait tout le personnage de Mc Clane et qui renforce du même coup la participation du public.






Die Hard repose également sur le principe de l'exagération dramatique, enrichissant une intrigue tendue à l'extrême de quelques feux d'artifice visuels. Les films d'action hollywoodiens ont ensuite usé la formule jusqu'à la corde, en faisant toujours plus énorme aux dépends de la crédibilité. Ici, l'action explosive est savamment dosée et intervient à des moments bien précis. Elle est mise en scène avec intelligence et brio, mais surtout avec un sens véritablement incroyable du visuel et de la construction dramatique. Il ne s'agit pas d'accumuler les temps forts, mais davantage de mettre le spectateur en condition, de l'y préparer émotionnellement, et la réalisation s'y emploie à merveille.




John Mc Tiernan, pour son second film de studio après Predator, montre ici un sens de la mise en scène proprement extraordinaire. Les séquences d'action sont d'une lisibilité et d'une clarté exemplaires, et le réalisateur fait participer la caméra à l'action, aidé par une photographie inventive de Jan De Bont et une musique hyper-efficace de Michael Kamen. Le style carré de Mc Tiernan manie brio et élégance, sans jamais être tape-à-l'œil. C'est une conception de la mise en scène à la fois riche et d'une apparente simplicité, calculée au millimètre près pour renforcer les multiples rebondissements d'un scénario béton.





Ce qui marque également dans Die Hard, c'est son refus des formules et des clichés habituels liés aux films d'action, et c'est cet esprit novateur qui a fait tout le succès du film. Bien entendu, le film reste très Hollywoodien dans son approche de l'action : c'est invraisemblable, énorme, mais ça passe parce que tout est enraciné dans le réel. Bruce Willis, pieds nus avec son marcel blanc, n'est pas un surhomme mais quelqu'un qui s'est trouvé "au mauvais endroit au mauvais moment". Autant de concepts qui seront abâtardis, aussi bien dans ses suites que dans la flopée de films d'action qui sortiront dans la foulée. Tout ce que Hollywood retiendra du film, c'est la formule du héros seul contre tous dans un endroit clos, ce qui n'est qu'un de ses ingrédients, et pas le plus important.



A la fois stylé, musclé, rigolard et prenant, Die Hard est un sommet du genre, pour ne pas dire la référence en matière de film d'action. Il est au thriller ce que le premier Indiana Jones était au film d'aventures: une relecture, une remise à niveau qui n'oublie jamais d'être drôle et ne se prend pas une minute au sérieux. Mené à un rythme d'enfer et sans aucun temps mort, c'est un classique insurpassable, du grand spectacle oui, mais réalisé dans un esprit très européen et frondeur. Définitivement, un des classiques insurpassables des années 80. Explosif.





 


 
Arrêts sur Images
Section à ne lire qu'après avoir vu le film !

Le Trombinoscope
Outre Bruce Willis, qui à l'époque n'était pas encore le sauveur du monde libre, Die Hard a surtout révélé Alan Rickman, qu'on a depuis revu dans la saga Harry Potter. Parmi les terroristes, on note la présence d'Alexander Godunov, ex-danseur étoile reconverti dans le cinéma (on se souvient de lui dans Witness). William Atherton, ex-terroriste dans The Hindenburg, continue ici dans la lignée des personnages haïssables, dont il s'était déjà fait une spécialité avec Ghostbusters. Enfin, on se souviendra de Paul Gleason comme le principal de Breakfast Club et de Robert Davi comme l'un des méchants les plus impitoyables de la saga James Bond. A noter dans un tout petit rôle, la présence de Rick Ducommun, l'un des voisins des Banlieusards de Joe Dante.

Bruce Willis
Alan Rickman
Alexander Godunov
Bonnie Bedelia
Reginald Veljohnson
William Atherton
James Shigeta
DeVoreaux White
Clarence Gilyard Jr
Hart Bochner
Paul Gleason
Robert Davi
Mary Ellen Trainor
Rick Ducommun


Photographie et Mise en Scène
Jan De Bont, chef opérateur attitré de Paul Verhoeven, faisait ses premières armes à Hollywood avec ce film, et la photo de Die Hard est particulièrement réussie. Tout le début du film est très classieux avec ses teintes orangées et crépusculaires.






Ensuite, lorsque l'action est lancée, la caméra y participe totalement, impliquant, parfois précédant le spectateur dans chaque situation. La première apparition des terroristes est soulignée par un travelling arrière qui marque leur supériorité et leur détermination mieux que n'importe quelle ligne de dialogue. Chaque moment important est ainsi étayé par de discrets mouvements d'appareil, la caméra devenant un personnage à part entière, un peu comme si elle tenait le rôle du spectateur. Une telle approche renforce ainsi l'implication du public dans la moindre des péripéties.






De Bont ose même certains angles très inhabituels et totalement irréalistes, comme celui qui précède la chute du corps du terroriste par la fenêtre. Le plan n'est pas immédiatement déchiffrable par le spectateur, ce qui le rend vraiment très déstabilisant.

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On retrouve également les dutch angles, ces plans légèrement décalés par rapport à l'horizontale, qui créent un sentiment de malaise. Ils sont brillamment utilisés dans la scène de confrontation entre Gruber et Mc Clane.





Le cadrage chez Mc Tiernan est très riche. Il s'y passe beaucoup de choses, mais sans pour autant que cela n'entrave la lisibilité de l'ensemble. Par exemple, dans le plan d'Argyle en train de rigoler au téléphone pendant que la voiture de Powell fait une embardée derrière lui, l'effet comique est à double effet. D'abord il est accentué par la juxtaposition de deux situations totalement à l'opposé l'une de l'autre. Ensuite, il crée également une grande complicité avec le public puisque lui-même a pu voir ce qui a échappé au chauffeur.






Enfin, le réalisateur ose des combinaisons assez audacieuses de mouvements d'appareil. Une installation particulière, la Ramp-O-Death, utilisait une rampe inclinée sur laquelle étaient posés les rails de la caméra, ce qui permettait d'associer assez astucieusement des travellings assez complexes, comme dans la scène très intense où Gruber découvre la vraie identité de Holly. Au mouvement descendant de la caméra s'ajoute un effet de zoom déformant, le travelling compensé, qui altère discrètement la perspective et crée une sensation de vertige.





La Construction

Outre le fait qu'il soit bâti sur un scénario très solide, tout l'impact de Die Hard repose dans la manière dont John Mc Tiernan renforce l'impact dramatique de plusieurs moments-clé. Le montage, signé John F. Link et Frank J. Urioste est une merveille d'équilibre et s'allie remarquablement avec la photo de DeBont et la musique de Kamen. La mise en scène peut être simple, comme dans la scène de l'ouverture du coffre, qui tire avantage de son look et de éclairage high tech et se contente de montrer la réaction des personnages, le tout renforcé par l'utilisation de la Neuvième Symphonie de Beethoven.






Un autre temps fort beaucoup plus marqué est le saut de Mc Clane depuis le toit. Il combine trois actions simultanées: le héros qui se prépare à sauter, les fédéraux qui s'apprêtent à ouvrir le feu sur lui, et Gruber qui déclenche l'explosion. Un plan à la verticale renforce le danger couru par le héros, puis le rythme du montage des différents plans s'accélère jusqu'à celui de l'agent du FBI prêt à tirer et celui du saut, que Mc Tiernan nous montre au ralenti, pour dilater l'action.






Les Effets Spéciaux
Pour Die Hard, le maître mot de Mc Tiernan quant au concept du film, c'était la "réalité exagérée". En clair, les éléments spectaculaires devaient tout de même respecter une certaine vraisemblance, malgré leur côté démesuré. Pour les effets visuels de Die Hard, le réalisateur a fait appel à Richard Edlund, un ancien d'ILM qui avait travaillé sur Star Wars avant de monter sa propre boite d'effets spéciaux, Boss Film Corporation, qui signera entre autres les trucages de Ghostbusters.


 



La grosse séquence d'effets intervient lorsque McClane balance du plastic dans la cage d'ascenseur du building, avec les résultats dévastateurs que l'on sait. Elle utilise une technique qu'Edlund avait expérimentée sur L'Affaire Chelsea Deardon: l'explosion est réalisée en miniature sur une réplique du décor réalisée en noir, puis superposée à la prise de vues réelles. Le résultat est à moitié convaincant, les deux éléments ne se mélangeant pas tout à fait aussi bien qu'il l'aurait fallu.


 



L'effet est complété par un nuage de débris rajouté en surimpression et un éclairage interactif constitué de centaines d'ampoules de flash afin de reproduire l'effet en live sur le lieu du tournage.


 



Beaucoup plus réussie, par contre, est l'explosion dans la cage d'ascenseur. Il s'agit d'une maquette, réalisée en fausse perspective ou perspective forcée. L'effet de la boule de feu se ruant vers la caméra a été réalisée en modulant la vitesse de prise de vues, afin que les flammes qui envahissent la miniature ne trahissent pas la déformation de perspective. La tête de Bruce Willis a été tournée sur fond bleu et rajoutée à l'ensemble.


 


Pour la séquence où Mc Clane est mitraillé sur le toit du building, l'acteur et les figurants ont été filmés séparément sur écran bleu et superposés au plan de l'hélicoptère.





Un autre gros morceau du film en matière d'effets est l'explosion du toit. Une partie a été réalisée en live avec la mise à feu de grands récipients pleins d'essence et installés sur le toit du Fox Building. Le reste a été reconstitué en miniature avec un hélicoptère radio-commandé, muni d'un système qui le faisait exploser dès qu'il se trouvait à un certaine position et une distance donnée par rapport à la maquette.






Enfin, une des séquences les plus marquantes de Die Hard est la chute de Hans Gruber. Le plan, filmé à la verticale, montre le terroriste tomber du building au ralenti.


 



Pour les besoins de la séquence, Alan Rickman a été filmé en train de chuter d'une hauteur de plus de 8 mètres sur un matelas recouvert de bleu. L'acteur souffrait du dos et rechignait un peu à faire la cascade, l'expression de terreur sur son visage n'est donc pas simulée!





Enfin, histoire d'alléger un peu le calvaire de Bruce Willis qui se balade pieds nus pendant tout le film, des bottines spéciales lui ont été confectionnées ... et sont d'ailleurs visibles dans un plan du film!




 


 
La Musique
Aussi bizarre que cela puisse paraître, il aura fallu attendre près de 15 ans pour que la B.O. de Die Hard soit enfin publiée. La faute aux syndicats de musiciens américains qui exigeaient à l'époque des sommes astronomiques pour l'édition de partitions de cinéma. Mais au moment de la sortie du film, rien, nib !! Vraiment dommage pour la fantastique musique signée Michael Kamen, probablement une des plus belles réussites de ce compositeur sous-estimé. Souvent catalogué dans les films d'action pétaradants, Kamen était un compositeur très éclectique au style redoutable.



Bourrée de tension et de menace, mais aussi d'intenses morceaux de bravoure (l'assaut), la partition de Die Hard est un exemple d'efficacité et se marie avec bonheur et élégance à la mise en scène stylée de Mc Tiernan. Une première édition sort en 2002, et ses 3000 exemplaires s'arrachent en une journée. Une autre édition, double cette fois, remastérisée et plus complète (c'était pas du luxe!), a vu le jour l'an passé, mais son tirage de 3500 copies s'est épuisé aussi rapidement. Dommage donc que cette petite perle du genre ne soit pas plus largement diffusée, car elle mérite plus qu'amplement d'être reconnue à sa juste valeur.





Frank Sinatra contre Bruce Willis
Qu'y a t'il en commun entre le film Le Détective, tourné en 1968 avec Frank Sinatra (et dont le Strapontin vous parlera très bientôt), et Die Hard ? Tout simplement le fait que le film de Mc Tiernan est adapté d'un roman de Roderick Thorp, Nothing Lasts Forever, qui n'est rien d'autre qu'une suite du Détective, dont il reprend le personnage principal, Joe Leland. Pour des raisons contractuelles, la Fox a donc été dans l'obligation de proposer le rôle principal à Sinatra quand elle a mis Die Hard en chantier. A 73 ans, l'acteur a bien évidemment décliné la proposition ! Néanmoins, il est surprenant de constater que le film conserve énormément d'éléments issus du livre: le nom de certains personnages (Gruber, Gennaro, Ellis...), pas mal de situations (dont le saut du héros depuis le toit du building). Seule concession de taille: le livre se finit mal, ce qui était bien entendu impossible à envisager dans le cadre d'un film Hollywoodien !





 
En vidéo
Passons allègrement sur les éditions VHS, Die Hard est d'abord édité de façon minimaliste (le film et une bande-annonce), avant qu'une édition collector ne corrige le tir en 2001. Le film peut alors être visionné avec une scène supplémentaire (pas indispensable), et un bonus permet de monter et de mixer une séquence du film. Il manque hélas un documentaire rétrospectif qui aurait permis d'en apprendre un petit peu plus sur la production.



Par contre, il y a deux commentaires audio, dont un, passionnant, du réalisateur John Mc Tiernan. On attendait un peu le Blu-Ray au coin du bois, et il faut avouer qu'il est plutôt décevant: définition moyenne de l'image, menus très laids et pas pratiques, et portabilité approximative des bonus de l'édition DVD collector, puisque pas mal n'ont pas été repris. Le conseil du Strapontin: attendre une hypothétique réédition digne de ce nom, qui  rendrait enfin vraiment justice au statut de classique du film. C'est pas gagné!

vendredi 26 avril 2013

The Impossible

Film de J.A. Bayona (2012), avec Naomi Watts, Ewan Mc Gregor, Tom Holland, Oaklee Pendergast, Samuel Joslin, etc...



Evidemment, ça n'a pas loupé ! On se doutait bien qu'un jour ou, l'autre, le cinéma s'emparerait de ce tsunami tristement célèbre qui avait ravagé les côtes Indiennes en 2004. Déjà, Clint Eastwood en avait fait l'intro de son très moyen Hereafter (chroniqué ici), et aujourd'hui, c'est non pas Hollywood mais  l'Espagne qui nous livre sa version de la catastrophe. Car ne vous méprenez pas: malgré ses têtes d'affiches, The Impossible est bel et bien un film tout ce qu'il y a d'espagnol ! Ceci dit, pas d'ambiguité, ça a le look et l'esprit d'une production américaine.



Même si au Strapontin on est plutôt des fans du film-catastrophe, on ne peut nier qu'il y a tout de même quelque chose d'un peu pervers à aller voir des foules entières décimées par des cataclysmes monstrueux. Soyons honnêtes, c'est le frisson du spectaculaire, du jamais vu qui attire le pékin moyen. Au-delà du fait qu'il est très facile de s'identifier au personnages dans de telles conditions, c'est surtout le triomphe des effets spéciaux qui, avec les avancées actuelles dans le numérique, atteignent aujourd'hui un degré de photoréalisme assez incroyable.





Justement, parlons-en, des effets spéciaux. Pour une production non-Hollywoodienne, ils sont sacrément réussis, et bien meilleurs que ceux du Eastwood. Le challenge était d'autant plus difficile que tout le monde a vu et revu les vidéos des témoins de la catastrophe, et qu'il était donc très délicat de faire dans le spectaculaire sans trahir un certain réalisme. La séquence du tsunami est effectivement très impressionnante et mise en scène de manière à obtenir une participation maximale du spectateur.






C'est après que ça coince un peu. Déjà, le fait d'avoir affaire à des évènements réels, c'est un peu limite, mais quand en plus, le film ne prend pas de gants, ça le fait moyen. The Impossible abonde ainsi en détails croquignolets et ne nous épargne rien: jambe entaillée, vomissements, bref si vous avez l'estomac fragile, accrochez-vous ! Je veux bien que ce soit dans une optique de réalisme, on se doute bien que ça a été très dur pour les victimes mais bon, était-il vraiment nécessaire d'en rajouter ? Je ne pense pas. C'est gratuit et ça ne fait pas avancer le schmilblick pour autant.





Pour le reste, The Impossible est finalement très classique et convenu. Si l'histoire, d'ailleurs authentique, est en elle-même effectivement extraordinaire, cela n'empêche pas le réalisateur de jouer outre mesure sur les clichés et l'émotion un peu facile. Comme en plus les personnages ne sont pas franchement développés, on se retrouve avec un film un peu bancal, qui joue à outrance sur la corde sensible. Une histoire aussi poignante et extraordinaire aurait mérité un traitement moins académique.