jeudi 7 juin 2018

Au-Delà de nos Rêves

(What Dreams May Come)

Film de Vincent Ward (1998), avec Robin Williams, Annabella Sciorra, Max Von Sydow, Cuba Gooding Jr, Rosalind Chao, etc…

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What Dreams May Come fait partie des ces films qui avaient tout pour eux dès le départ : une star reconnue (Robin Williams), un metteur en scène atypique (Vincent Ward) et une adaptation d’un des meilleurs romanciers américains dans le domaine du fantastique (Richard Matheson). Pourtant, à l’arrivée, on ne peut pas vraiment dire que le résultat soit à la hauteur de ses ambitions.


vlcsnap-2018-06-04-21h33m18s254Les films sur la vie après la mort, c’est bien évidemment très très casse-gueule. Et pour cause, personne n’en est revenu pour en livrer une description détaillée. Donc chacun y raccroche un peu tout et n’importe quoi, au gré de ses croyances ou de son éducation. Et puis, la mort, ce n’est pas vraiment fun non plus. Pas franchement ce que recherche le public, à moins qu’on ne lui propose par exemple Patrick Swayze en âme égarée et Whoopi Goldberg en voyante.




vlcsnap-2018-06-04-21h32m28s232Donc déjà, What Dreams May Come partait avec un handicap de taille, celui d’un sujet pas du tout vendeur, bien qu’il ait été imaginé par l’excellent Richard Matheson. Au Strapontin, on est fan de Matheson, mais beaucoup moins de sa veine romantico-fantastique. Donc déjà, l’affaire était mal engagée. Quand en plus on a l’idée un peu absurde d’engager une star de la comédie en la personne de Robin Williams, on se demande ce qui a pu passer par la tête des producteurs quand ils ont monté le film.




vlcsnap-2018-06-04-21h35m13s91Entendons-nous bien, j’aime beaucoup Robin Williams, qui a maintes fois prouvé qu’il pouvait être un formidable acteur dramatique. Mais il avait aussi, dans ses débuts du moins, tendance à en faire un peu trop en glissant à tout bout de champ des petites vannes ou des effets comiques hors-sujet (même l’excellent Dead Poets Society n’y échappe pas). Il n’y a guère que chez Nolan (Insomnia) ou dans l’atypique One-Hour Photo qu’il abandonne complètement ce genre de tics.




vlcsnap-2018-06-04-21h38m37s95Donc forcément, Williams n’était pas ce qu’on pouvait imaginer de mieux dans un film sur la mort. Même si, au final, l’acteur lève le pied sur le comique et préfère jouer le gars trop cool, on n’est pas loin de l’erreur de casting. Idem pour la belle Annabella Sciorra, qui malgré son joli minois, n’arrive jamais à sublimer véritablement un personnage pourtant très riche. L’actrice a beau se donner à fond, elle ne parvient jamais à réellement nous faire vibrer. Le film peine à trouver le ton juste, comme le prouve d’ailleurs le remplacement d’Ennio Morricone à la musique par un Michael Kamen qu’on a connu plus inspiré.



vlcsnap-2018-06-04-21h36m34s123Reste quoi, en définitive ? Des effets spéciaux qui, à l’époque de la sortie du film, avaient fortement impressionné, à tel point que le film avait reçu son seul et unique Oscar dans cette catégorie. Depuis, les prodiges de l’image de synthèse ont quelque peu tempéré l’impact de cette réussite. Revu aujourd’hui, What Dreams May Come parait surtout très daté avec ses effets façon Photoshop et ses visions saint-sulpiciennes du Paradis. Et on n’évite pas non plus les gags foireux et inutiles, comme la scène embarrassante où Williams est copieusement arrosé par la fiente d’un oiseau. Comme quoi, même dans l’au-delà, on peut encore se faire chier dessus !



vlcsnap-2018-06-04-21h42m39s156Ca pourrait passer si le film trouvait un point de vue, une ligne directrice et se décidait à tirer vraiment partie de son sujet. Parce qu’en définitive, tout ce que Robin Williams fait dans l’au-delà, c’est se lancer à la recherche de ceux qu’il aime. C’est maigre. Le travail sur le visuel n’est utilisé que comme un procédé un peu facile pour faire de l’image spectaculaire (la femme de Robin Williams peint, donc c’est logique, le brave Robin se retrouve dans un univers qui ressemble à une peinture), et seul la séquence des Enfers, avec son imagerie forte, sort réellement du lot.



Bien évidement, on s’en serait douté, le film a été un bide commercial cinglant. C’est dommage, car What Dreams May Come est très ambitieux, c’est un fait. Mais il loupe complètement le coche et peine à captiver ou à former un tout cohérent, et surtout, il se perd dans les méandres d’une histoire d’amour à laquelle on a du mal à croire. C’est donc une bizarrerie à découvrir à titre de curiosité pour son visuel époustouflant, et à laquelle le suicide récent de l’acteur ajoute une dimension assez troublante.


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dimanche 3 juin 2018

Kramer Contre Kramer

(Kramer Vs. Kramer)

Film de Robert Benton (1979), avec Dustin Hoffman, Meryl Streep, Justin Henry, Howard Duff, Jane Alexander, etc…

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Honnêtement, qui aurait pu parier qu'un film racontant un divorce cartonnerait aux  Oscars et au box-office ? Kramer Vs. Kramer est un film important non seulement par la reconnaissance à laquelle il a eu droit mais aussi parce que c'est l'un des premiers films à aborder de front un phénomène de société qui était encore, il y a quelques années, marginalisé. S'il n'évite pas la larmichette facile, Kramer Vs. Kramer a au moins le mérite de mettre les cartes sur table de manière honnête.



vlcsnap-2016-08-16-15h32m51s247C'est sur que quand on vous propose Dustin Hoffmann en père courage, flanqué d'un gamin choupinou en diable, c'est difficile de résister, même si le film accumule tous les clichés du genre. Forcément, on se dit que la loi de l'emmerdement maximum va se déchaîner contre le brave Dustin et que ce cadre dans une agence de pub va mettre sa carrière en danger et comprendre que la vraie vie, c'est sa famille. Même en parlant d'un sujet a priori touchy, Kramer Vs. Kramer reste très prévisible, ça fait partie du jeu.








vlcsnap-2016-08-16-15h40m19s136Et pourtant, le film est sauvé par un beau travail d'écriture. Robert Benton, avant de passer à la mise en scène, était un scénariste réputé (il a travaillé entre autres sur Bonnie and Clyde) et cela se sent dans des dialogues naturels et jamais forcés. Il y a même quelques beaux personnages, comme celui de la voisine, jouée avec beaucoup de tact par la trop rare Jane Alexander. Enfin, Meryl Steep, dans ses débuts, endosse le rôle délicat de l'épouse démissionnaire avec beaucoup de sensibilité. Quant à Dustin, il est fidèle à lui-même, c'est à dire indéboulonnable dans plusieurs scènes faciles en apparence. Son interaction avec le jeune Justin Henry est un petit miracle de justesse, auquel l'improvisation apporte beaucoup.




Dans sa seconde partie, Kramer Vs. Kramer vire au film de procès, avec ses habituels effets de manchette et surtout la performance solide d'Howard Duff, excellent dans le rôle de l'avocat. Il y a quelques beaux moments d'émotion, une conclusion un peu manipulatrice, bref le spectateur ne sera certainement pas malmené par une réalisation qui, si elle n'évite pas un bon nombre de clichés, sait tout de même garder une certaine fraîcheur. Robert Benton ne confirmera hélas pas ce joli coup d'essai avec ses films suivants.



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Premiers Pas

Les cinquantenaires de la génération du Strapontin se souviendront avec émotion de cette excellente actrice qu’est JoBeth Williams, et qui fût révélée par Poltergeist avant d’entamer une carrière discrète principalement constituée de seconds rôles. D’entrée de jeu, pour ses débuts dans le rôle de la secrétaire du brave Dustin, Robert Benton ne la ménagera pas, l’affublant au passage d’une paire de lunettes très seventies et particulièrement moche. Comme si cela ne suffisait pas, elle aura également droit à une scène particulièrement gratinée avec le petit Justin Henry. Regardez le film et vous comprendrez. Qu’est-ce qu’il faut pas faire pour percer à Hollywood !


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