lundi 12 septembre 2011

Desperate Housewives






















Ceux qui suivent encore et qui ne sont pas définitivement endormis près du radiateur doivent se souvenir qu’au Strapontin, on n’est pas vraiment fans de séries TV. Certes, votre humble rédacteur doit confesser quelques faiblesses pour de bonnes vieilles séries vintage des années 60 ou 70, mais de ce qui se fait récemment… nenni ! Pourtant, c’est pas faute qu’on nous rabâche les oreilles avec les séries actuelles qui, à en croire les spécialistes, rivalisent d’inventivité et de talent avec le cinéma actuel.
Mouais …
Sous l’affectueuse pression de ses amis et collègues, Le Strapontin a donc fini par s’y mettre. Passons sur 24, auquel nous consacrerons un papier un de ces quatre, et attardons-nous donc sur le fameux Desperate Housewives.



Honnêtement, sans les efforts déployés par ma chère et tendre pour me convertir, j’aurais laissé de côté. Un ou deux épisodes visionnés à la va-vite, hors contexte, ça ne m’avait pas vraiment convaincu, bien que je reconnaisse que la série possédait de l’humour et un bon sens du rythme. Et puis, finalement, un beau jour, c’est décidé : le Strapontin prend le taureau par les cornes et on attaque la saison 1 !




Et là, franchement, je dois dire que j’ai été scotché par la qualité de la série. Ce que je prenais pour une sitcom vaguement plus intelligente que les autres se révèle être une passionnante comédie de mœurs, a mi-chemin entre American Beauty et Twin Peaks. Desperate Housewives, en fait c’est la version sérieuse des Banlieusards. D’ailleurs, la série utilise exactement le même décor de rue (ici baptisée Wisteria Lane), mais tout comme le film de Joe Dante, elle repose sur la paranoïa qui se crée entre voisins lorsque des évènements étranges se produisent dans leur quartier. Cependant, là où Dante faisait dans la caricature, le feuilleton joue sur une ambiance à la David Lynch, avec des apparences ne sont jamais ce qu’elles semblent être, des personnages louches et des tonnes de secrets enfouis – au propre comme au figuré. En somme, dans ce petit monde, aucun des protagonistes n’est réellement sans tâche, chacun trimballe sa dose de secrets ou de tares. C’est un univers à la Blue Velvet, mais en beaucoup plus soft et en largement moins dérangeant : le mystère est posé dès les premiers épisodes, et la série brode ensuite autour des différents personnages principaux, soit 4 couples différents. Chacun d’entre eux est très typé, mais ils sont confrontés à des problèmes qui sont suffisamment proches des préoccupations de chacun (l’éducation des enfants, la vie professionnelle, le couple…) pour que le spectateur se sente concerné. Desperate Housewives brode ainsi des petits quiproquos, sur un rythme trépidant qui ne laisse pratiquement pas de répit au spectateur. On passe très rapidement d’une histoire à une autre, sans pour autant que la série ne paraisse fragmentée ou artificielle. Au crédit des scénaristes (et en particulier de son créateur Marc Cherry), il faut reconnaître un vrai talent pour typer en quelques répliques leurs personnages et développer ce genre de micro-situations qui font tout le sel de la série.





Ce qui distingue également Desperate Housewives, c’est justement sa tonalité douce-amère, juste un peu cynique mais pas trop, et son principe de narration. La série s’ouvre sur un suicide, et tous les épisodes seront commentés par la voix off de la morte Marie Alice Young. Si le procédé de faire raconter l’histoire par un mort n’a rien de bien nouveau (souvenons-nous de Sunset Boulevard), son utilisation ici est très judicieuse. La voix intervient en début d’épisode, pour introduire de nouveaux personnages, et à la fin, pour donner comme une petite leçon de vie à partir de ce qui vient de se passer. C’est ce commentaire tantôt malicieux, tantôt franchement cynique, fortement inspiré d’American Beauty, qui donne à Desperate Housewives toute sa personnalité. C’est même parfois franchement émouvant, lorsque des petites phrases en apparence banales trouvent soudain une résonance personnelle chez le spectateur. Chacun y superpose non seulement ce qu’il vient de voir, mais aussi ce qu’il a pu ressentir à un moment donné de sa vie, et ce n’est pas une des moindres qualités de cette série que d’avoir su créer par ce biais une sorte d'intimité avec son public.






Il y en aurait encore beaucoup à dire, que ce soit au sujet de l’excellent générique animé (un collage qui mélange peinture classique et pop art), ou de la musique malicieuse et sautillante de Danny Elfman et Steve Jablonsky. La série a définitivement trouvé ses marques et navigue toujours aussi habilement entre intrigue policière et comédie de mœurs, tout en maintenant une qualité d'écriture assez extraordinaire. Quelques "gueules" du cinéma US, comme William Atherton, Lesley AnnWarren, Michael Ironside ou Richard Roundtree, commencent à y faire des apparitions, ce qui chatouille la fibre cinéphilique de votre serviteur, bref... Gageons donc que nous en reparlerons sous peu sur Le Strapontin!

1 commentaire :

  1. Très fine analyse, c'est vrai qu'il y a du Lynch dans cette série.
    Par contre je n'ai vu, comme toi que la saison 1 :)

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