mercredi 12 avril 2017

Quelques Minutes après Minuit

(A Monster Calls)

Film de J.A. Bayona (2016), avec Lewis Mc Dougall, Felicity Jones, Sigourney Weaver, Toby Kebbell, Ben Moor, etc…

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Du réalisateur J.A. (pour Juan Antonio) Bayona,  on connaissait surtout The Impossible (d'ailleurs chroniqué ici sur votre blog préféré), un film-catastrophe hyper-réaliste qui, s'il n'était pas totalement réussi, évitait tout de même les clichés propres au genre. Mais de là à s'attendre à cette magnifique surprise qu'est A Monster Calls, franchement, on en reste un peu sur le cul. Avec ce film, le réalisateur impose un univers original et surprenant, et signe surtout une petite perle d'émotion.

 
 
vlcsnap-2017-04-17-18h07m34s109Déjà, d'entrée de jeu, A Monster Calls refuse la classification et les étiquettes. Ça ressemble à un film pour enfants, mais la thématique est résolument adulte, puisqu'on y parle de deuil, de perte de l'être cher. Il fallait ainsi oser braver les étiquettes, et pas certain du coup que le film ait trouvé son public puisqu'il faut tout de même une certaine curiosité voire une grande disponibilité d'esprit pour appréhender cet univers. Ceci d'autant plus que A Monster Calls n'abat pas ses cartes tout de suite et qu'il faut un certain temps pour que les rouages de l'intrigue se mettent en place.
 
 
 
 
 
vlcsnap-2017-04-17-18h13m35s183Une fois les enjeux posés, le film prend alors son envol, et on comprend petit à petit que ces échanges entre un petit garçon et un monstre bienveillant ne sont ni plus ni moins qu'une véritable psychanalyse à laquelle s'abandonne le jeune héros. Ah ! Là je te vois venir, ami lecteur, à te demander avec perplexité si le film en question ne serait pas un traquenard ou un pensum intello ! Eh bien pas du tout ! La magie de A Monster Calls, c'est justement qu'il déploie toutes ces idées passionnantes sans avoir l'air d'y toucher, et surtout en gardant une fraîcheur d'esprit constante. Jamais démonstratif, le film s'enrichit au contraire d'une dimension émotionnelle d'autant plus forte qu'elle se base sur la richesse des sentiments.
 
 
 
 
vlcsnap-2017-04-17-18h18m04s21La description des personnages et du cadre n’échappe pas non plus, dans un premier temps, à certains clichés, comme la belle-mère acariâtre ou la méchante brute de cour de récré. C’est pour mieux les dépasser ensuite. Ils deviennent alors des éléments essentiels dans l’évolution du héros. A ce propos, il faut louer ici l’extraordinaire travail d’acteur du jeune Lewis Mc Dougall, qui se sort avec les honneurs d’un rôle difficile. On est également bien content de retrouver Sigourney Weaver dans un véritable rôle, où elle ne se contente pas juste d’imposer une présence, mais arrive à faire vivre son personnage l’espace de quelques belles scènes.
 
 
 
 
vlcsnap-2017-04-17-18h10m16s166Sur le plan visuel, A Monster Calls est également une belle réussite. Le monstre, auquel donne vie la voix de Liam Neeson, est une merveille de design, remarquablement caractérisé par d’excellents effets numériques. Le film fait également la part belle à l’animation avec trois récits enchâssés dans l’intrigue, dont l’esthétique à la fois enfantine et stylisée est un vrai bonheur. De plus, loin d’être plaqué sur le reste, cette conception graphique s’intègre à l’ensemble, trouvant sa justification dans les dernières minutes. Rares sont les films récents qui sont arrivés à intégrer de manière aussi intelligente le visuel et le contenu symbolique.
 
 
 
 
Le film parlera différemment à chacun selon son propre vécu et si certains critiqueront un final à la Spielberg où tout le monde sort son mouchoir, j’y vois au contraire une émotion vraie, la conclusion superbe et parfaite d’un itinéraire hors du commun et pourtant si familier. On pense souvent au Labyrinthe de Pan, cet autre fleuron de la fantasy transalpine, pour ce mélange entre fantasmagorie enfantine et concepts adultes. Prototype même du film impossible à cataloguer (et donc d’autant plus difficile à conseiller !), A Monster Calls est un petit chef d’œuvre qui mérite en tout cas amplement la découverte.
 
 
 
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Le Générique

Habilement stylisé, le magnifique générique du film prépare bien entendu le spectateur à l’esthétique très particulière des trois récits que le monstre va raconter au jeune héros. Mais de manière beaucoup plus subtile, il sait aussi évoquer l’arrière-plan psychanalytique avec l’utilisation de tâches de peinture qui se changent en différentes formes, ce qui rappelle le fameux test de Rorschach, dans lequel les taches sont utilisées pour évaluer le profil psychologique d’un sujet. Le générique est signé Karin Fong et Grant Lau, deux graphistes du studio de design Imaginary Forces, dont on ne compte plus les créations exceptionnelles (se7en, par exemple).

 

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Clin d’Œil

Liam Neeson, qui prête sa voix au monstre, est également présent dans le film sous la forme très discrète d’une photo de famille. C’est en effet lui qui incarne le grand’père du jeune héros. Un joli clin d’œil à l’acteur, auquel chacun pourra, s’il le désire, rattacher une signification symbolique par rapport au déroulé de l’intrigue.

 

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