lundi 21 mai 2012

Mission Impossible : Protocole Fantôme

(Mission Impossible : Ghost Protocol)

Film de Brad Bird (2011), avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Paula Patton, Simon Pegg, Michael Nyqvist, etc...

















 

 

 

Honnêtement, la saga Mission Impossible, j’avais un peu jeté l’éponge. Comme la quasi-totalité des séries TV cultes adaptées pour le grand écran, celui-ci n’avait plus grand’chose à voir avec le feuilleton un peu bricolo des années 70. Après un premier épisode assez réussi, signé Brian de Palma, les bases de la franchise ont clairement été posées : il s’agissait de faire de Tom Cruise un action hero à la James Bond, avec ce que cela suppose de séquences d’action ébouriffantes et improbables. Sous la caméra de John Woo, puis de J.J. Abrams, notre ami Tom sauve le monde libre et fait des cabrioles à tout va, et tant pis pour la vraisemblance.


Donc franchement, après un numéro 3 agréable mais sans plus, je ne salivais pas plus que ça quant à la perspective d’un 4ème opus. Sauf que Tom Cruise, en bon producteur qu’il est, a eu le nez extrêmement fin en s’adjoignant les services de Brad Bird, qui avait déjà fait ses preuves dans l’animation avec le remarquable Géant de Fer, mais surtout avec les excellents Indestructibles, assurément un des films d’action (bien qu’il soit en images de synthèse) les plus ébouriffants de ces dernières années. C’était suffisant pour qu’on attende ce nouvel épisode avec une certaine impatience.

 

 

 
Il est rarissime (pour ne pas dire unique) que des réalisateurs spécialisés dans l’animation passent au film en prises de vues réelles. Pourtant, à bien y réfléchir, les frontières entre prises de vues réelles et animation deviennent finalement de plus en plus floues, tant le cinéma d’action actuel n’est en définitive qu’un gigantesque puzzle numérique. Mais être à même de gérer tout l’aspect technique n’est pas suffisant. Encore faut-il savoir manier le rythme, les performances d’acteur, l’aspect visuel… Autant de challenges sur les épaules de ce brave Brad Bird, c’est largement de quoi plomber la réputation de n’importe quel réalisateur en cas de plantage.
 
 
 
 
 
Eh bien non seulement Bird ne s’est pas vautré, mais il réussit l’impossible exploit de revitaliser littéralement la franchise et de lui donner un souffle nouveau. Mission Impossible : Ghost Protocol est un super-spectacle dopé aux amphétamines, qui empile avec un  aplomb tranquille les séquences d’action les plus enthousiasmantes. Le tout mis en scène avec une aisance incroyable et surtout de bonnes doses d’humour. D’entrée de jeu, le film ne se prend pas une minute au sérieux mais met soigneusement le public dans sa poche. En fait, le maître mot du film, c’est la décontraction, une sorte de savoir-faire invisible et malicieux, avec quand même aussi un sacré talent à la clé pour donner vie aux gadgets les plus insensés. Et sur ce plan, c’est un véritable festival : lentilles de contact « intelligentes », airbag portatif, gants autoportés… Ils dynamisent et enrichissent des séquences d’action déjà foisonnantes, et même si on est d’emblée dans le domaine du too much, la légèreté et l’absence de prétention de la réalisation font tout passer, même les invraisemblances les plus énormes. 
 


Les esprits grincheux diront que l’intrigue, à base de terrorisme nucléaire entre les USA et l’URSS, semble carrément dater d’une autre époque. De même que les personnages n’ont ni plus ni moins d’épaisseur que des héros de BD. Pas faux… Tant pis donc pour les performances adroites de Jeremy Renner ou Paula Patton. Le seul reproche que l’on peut reconnaître à ce Mission Impossible, c’est sa construction dramatique un peu bancale, avec un final qui, s’il est original, est tout de même bien en deçà des morceaux de bravoure qui l’ont précédé.

 
 

 
Donc en résumé, ceux qui étaient fâchés avec la franchise peuvent d’ores et déjà remiser leurs aprioris au placard. Non content de livrer un super film d’action, Brad Bird réussit brillamment avec ce 4ème opus son entrée dans la cour des grands et injecte un sang neuf et diablement tonique à une série guettée par le déjà-vu et la redite. Votre mission, si vous l’acceptez, consiste à vous régaler l’espace de deux heures. Bien évidemment, si vous-même ou l’un des membres de votre équipe était capturé, le Strapontin nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Cette critique s’auto-détruira dans les 5 secondes…
 



 


 
Arrêts sur Images:
Section à ne lire qu'après avoir vu le film!


Le Trombi
Comme on l’a dit, les acteurs n’ont pas vraiment beaucoup à faire dans le film, donc ce sera un trombi pour la forme. On est bien content de revoir Jeremy Renner, révélé par The Town (on murmure même qu'il serait le remplaçant de Cruise si ce dernier décidait d'arrêter, mais chut, je ne vous ai rien dit...). Quant au méchant, il est incarné par Michael Nyvquist, qui tenait le rôle principal de la version suédoise de la trilogie Millenium. Egalement dans la distribution, Anil Kapoor (vu dans 24) et son brushing d'enfer. Petit clin d'oeil, enfin: dans un tout petit rôle muet, on retrouve Andreas Wisniewski, qui avait joué un méchant mémorable dans un Bond (Tuer n'est pas Jouer), mais tenait également un rôle dans le tout premier Mission Impossible.


 
Tom Cruise
Jeremy Renner
Paula Patton
Simon Pegg
Michael Nyqvist
Samuli Edelmann
Tom Wilkinson
Léa Seydoux
Anil Kapoor
Andreas Wisniewski

 
Le Générique
Impossible de dissocier la série de son générique tant il est emblématique. Une mèche qui se consume, des images de l’épisode à venir, et surtout le thème musical béton composé par Lalo Schifrin. Les films ont bien évidemment repris le concept en le modernisant. Grace aux images de synthèse, les designers peuvent désormais tout se permettre, et c’est donc une mèche en 3D qui relie entre eux les différents éléments pour donner une entrée en matière explosive.
 


 
 
Les Effets Spéciaux
Le film regorge d’effets spéciaux, dont la plupart ont été réalisés par Industrial Light & Magic, une des sociétés les plus performantes dans ce domaine. La très spectaculaire destruction du Kremlin est un mélange d’explosions et d’images de synthèse pour les effets d’effondrement. Tom Cruise a été incrusté dans la scène à l’aide d’un écran bleu. Notez comment le réalisateur prépare la séquence en nous montrant d’abord un plan de réaction sur l’acteur pour créer la tension et la surprise.


 

 
 
L’accident de la camionnette, quant à lui, est une combinaison d’écran bleu (pour l’arrière-plan) et d’effets mécaniques, avec une réplique du véhicule montée sur vérins hydrauliques.



 
 
L’ascension du gratte-ciel Burj Khalifa à Dubaï est le moment fort du film. Comme ça a été dit et répété, Tom Cruise a d’ailleurs effectué lui-même une grande majorité des cascades, avec toutefois l’aide de câbles de soutien qui ont été ensuite gommés numériquement à l’image. Un travail assez méticuleux, d’ailleurs, compte tenu des très nombreux reflets sur la paroi du building. Compte tenu de la chaleur régnant dans le désert, le tournage s'est situé sur le versant ombragé de la tour et a été capté avec des caméras Imax. La scène où Cruise se jette dans le vide a toutefois été réalisée en studio, avec un décor reconstituant plusieurs étages de la tour.

 


 
 
La tempête de sable a été générée en images de synthèse grâce à un logiciel de génération de particules. Le cadre de l’action (les buildings) a également été généré en 3D. A noter la manière dont le réalisateur renforce l'ampleur de la tempête avec ce plan à la verticale qui montre la progression du nuage. La poursuite qui s’y déroule a quant à elle été réalisée en live, avec des machines à vent, et complétée par des animations numériques.



 
Les Gadgets
Dans son parti-pris de modernité, ce nouveau Mission Impossible récupère pas mal d’idées héritées de Minority Report dans la conception des gadgets, notamment dans l’utilisation des écrans tactiles et de l’identification faciale. Le film ne s’embarrasse d’ailleurs même plus de rendre vraisemblable les inventions les plus délirantes, le parti-pris est accepté par le public, alors même que les précédents films de la série n’évoluaient pas forcément dans ce sens. Il faut dire que le réalisateur prend bien soin de rattacher ces innovations techniques à un environnement technologique très actuel, avec l’utilisation de smartphones ou de tablettes numériques, ce qui les rend du coup beaucoup plus appréhendables par le spectateur.



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