mardi 30 octobre 2012

The Hole

Film de Joe Dante (2009), avec Chris Massoglia, Haley Bennett, Nathan Gamble, Teri Polo, Bruce Dern, etc...


 


















Ca fait plusieurs années maintenant que Joe Dante est relégué au placard. Depuis son Looney Tunes qui malgré tout n’était pas une franche réussite, le réalisateur n’a plus la faveur des studios, et a accumulé trop de casseroles pour pouvoir s’imposer dans le système Hollywoodien actuel. Et c’est franchement dommage qu’un auteur aussi singulier et original ne puisse plus tourner, mais bon, Dante c’est aussi l’univers de la série B, des nanars des années 50. Autant de références qui n’ont plus cours aujourd'hui, hélas.


Aussi, à l’annonce de la sortie de son petit dernier, The Hole, le Strapontin a bondi de joie. Une euphorie bien vite tempérée, cependant : non seulement le film a été accueilli on ne peut plus froidement par la critique, mais il a été distribué au lance-pierres. Encore mieux, notre beau pays, qui se vante de soutenir les auteurs incompris, n’a même pas daigné le distribuer en salles ! La honte !







C’est donc ce qu’on appelle un direct to video, autrement dit un inédit qui n’est jamais sorti au cinéma, bref une catégorie qui regroupe généralement les nanars trop minables pour être exploités en salles. Pourtant, il y avait de quoi faire, et ce d’autant plus que le film avait été tourné en 3D native. Bien mais pas suffisant pour les exploitants et distributeurs, qui ne se sont pas trop mouillés sur ce coup-là et ont préféré favoriser d'autres œuvres au relief fabriqué informatiquement a posteriori… Du coup, The Hole arrive chez nous près de 2 ans après sa sortie, et précédé d’une réputation pas franchement top, puisque même ceux qui d’ordinaire défendaient le metteur en scène sont visiblement les premiers à critiquer une œuvre qui selon eux recycle les pires défauts de son style. Mouais… De fait, le film est loin d’être un chef d’œuvre mais il est loin de mériter la volée de bois vert qu’il a reçue de la part des critiques et des fans.


Déjà, le pitch est plutôt sympathique : deux ados découvrent dans le sous-sol de leur nouvelle maison un trou sans fond qui, ils vont bientôt le découvrir, possède le pouvoir de matérialiser les peurs les plus profondes de ceux qui le côtoient. Passons sur les invraisemblances du scénario et les inévitables incohérences qui font un peu partie du jeu. Reste un film malgré tout bien aimable, dans le sens où on y retrouve tout de même le tour de main de Joe Dante. Pas de références incessantes, ni de clins d’œil, mais une mise en scène parfaitement maîtrisée, qui sait doser subtilement les éléments fantastiques et l’humour. Bien sûr, les personnages sont également stéréotypés, mais on n’a jamais l’impression de facilité scénaristique que peuvent dégager certains films récents. Le réalisateur n’est pas dupe qu’il manie des clichés et du coup ne cherche pas à gruger le spectateur. Comme dans tous ses films, il respecte à la fois son matériau de base et son public, même s’il ne crée pas ici de complicité réelle avec lui. A défaut de creuser réellement son sujet, Dante propose tout de même un début de réflexion très intéressant sur les peurs qui sont ancrées en nous.



Malgré tous ces aspects qui sentent le déjà-vu, la progression dramatique est tout de même assez intéressante et sait même ménager quelques surprises dans le déroulé de l'intrigue. Au-delà des séquences attendues, comme celle de l’attaque du clown, on trouve aussi quelques moments étranges et poétiques, comme la rencontre avec Creepy Karl, dans une fabrique remplie de lampes et subtilement baptisée The Gloves of Orlac (en référence aux Mains d’Orlac, un classique avec Peter Lorre). Et lorsque le film ose s’aventurer en plein fantastique lors de son final, le résultat est plutôt convaincant. Certains se ramassent lorsqu’ils essaient de montrer certains éléments-clés de leur intrigue, là le voyage au fond du trou est plutôt bien amené, dans un style qui évoque Dali.



The Hole n'est pas un chef d’œuvre, loin de là, ni même un des films les plus marquants de Joe Dante, mais il est pourtant loin de valoir la réputation miteuse qu’il se traine depuis sa sortie. C’est un divertissement familial réussi et un film d'une grande sincérité. Là où certains accepteraient tout et n'importe quoi pour rester en selle, Dante préfère rester fidèle à son indépendance. Le fait qu'il se remette sur les rails avec ce petit film est une preuve d'humilité et ce The Hole, malgré tous ses défauts, reste infiniment moins artificiel et fabriqué qu'un Super 8.




Le Trombi:
Petit budget oblige, un casting composé de gens pas connus ou d'acteurs ayant principalement œuvré pour la télévision. Joe Dante en a quand même profité pour caser deux de ses acteurs fétiches. Bruce Dern, tout d'abord, un fidèle du réalisateur depuis The Burbs, qui en rajoute avec délectation dans le rôle de Creepy Karl. Ensuite, un film de Joe Dante ne serait pas tout à fait un film de Joe Dante sans Dick Miller, qui fait ici une petite apparition non créditée dans le rôle d'un livreur de pizzas.

Chris Massoglia
Haley Bennett
Nathan Gamble
Teri Polo
Bruce Dern
Dick Miller

1 commentaire :

  1. Je l'avais vu en streaming il y a un peu plus d'un an.

    C'est clair que Joe Dante a déjà fait mieux que "The Hole", mais ça se laisse voir sans déplaisir.

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