(The Young and Prodigious T.S. Spivet)
Film de Jean-Pierre Jeunet (2013), avec Kyle Catlett, Helena Bonham Carter, Judy Davis, Callum Keith Rennie, Niamh Wilson, etc…
Jeunet, on aime ou pas. Avec son univers doucereux et coloré, le réalisateur a, qu'on le veuille ou non, créé un style bien à lui et reconnaissable entre mille. Au fil d'un parcours plutôt inégal, ses films sont des sortes de petits bonbons acidulés qu'on déguste pour le plaisir et dont on sait toujours plus ou moins à quoi s'attendre, c'est un peu l'inconvénient. Donc, forcément quand il abandonne un cadre un peu franchouillard pour aller filmer aux States, on est toujours curieux de voir comment un artiste aussi frenchy parviendra à imposer sa patte.
On est un peu surpris par ce T.S. Spivet, sorti sans tambour ni trompette, mais le cadre du film nous rassure bien vite. Cette voix off narquoise, cet esprit un peu enfantin, ces images à dominante verte ou orange : pas de doute, on est bien chez Jeunet. Avec, pourtant, davantage de mélancolie qu'à l'accoutumée. L'histoire de ce tout jeune inventeur surdoué se double d'une dimension plus attendrissante, d'un lourd secret révélé délicatement qui installe une chape d'émotion sur une intrigue somme toute assez banale.
D'un bout à l'autre, ce Jeunet U.S. est attendrissant et classique. Avec une réalisation dont on sent que chaque plan est conçu pour mettre en valeur la 3D, T.S. Spivet se feuillette comme un beau livre d'images, un peu comme les pop up books dont Jeunet parsème son film. Il est enrichi par une photo splendide, même si elle reste conforme à la charte graphique du réalisateur. Peu importe si le film perd un peu pied lorsque le jeune héros parvient à Washington. L'originalité et la cocasserie font place à un ton plus mordant et caricatural qui agace, ne fonctionne pas vraiment et pour tout dire n'est pas franchement raccord avec le reste tant il parait artificiel et forcé.
Cette seconde incursion américaine de Jeunet s'avère donc plutôt réussie, malgré ses maladresses. Bien mieux que dans le caricatural Mic-Macs à Tire-Larigot, le réalisateur reste fidèle à son style, tout en racontant une histoire à la fois touchante et originale. Pas révolutionnaire, mais indéniablement sympa.
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