(Allied)
Film de Robert Zemeckis (2016), avec Brad Pitt, Marion Cotillard, Lizzy Caplan, Jared Harris, Matthew Goode, etc…
Décidément, Robert Zemeckis n’est jamais où on l’attend. Après le suprenant The Walk, le voilà qui s’attaque à un bon vieux mélo des familles, avec des têtes d’affiche top moumoute, bref pas vraiment le projet sur lequel on l’imaginait. Car en définitive, ce que le grand public retiendra de cet Allied, c’est davantage le fait que le beau Brad ait pulvérisé son mariage en roucoulant avec Marion Cotillard, plutôt que le film lui-même. Parce que, pour être honnête, Allied ne révolutionne vraiment pas la filmographie du réalisateur.
A une époque où les trois-quarts des films se font sur des études de marché, en visant des cœurs de cible bien précis, on est un peu surpris que les grands studios aient misé sur ce retour au grand film d’aventures romanesque. D’autant plus qu’un metteur en scène comme Paul Verhoeven lui avait récemment filé un sacré coup de fouet avec son excellent Black Book. Donc voir Brad et Marion jouer les espions pendant la guerre, ça laissait un peu songeur quant au contenu.
Et effectivement, il ne faut pas s’attendre à un feu d’artifice de ce côté-là, mais plutôt à un défilé de toutes les figures imposées du genre. Mission secrète, histoire d’amour contrariée, trahison : tous les ingrédients sont au rendez-vous, mais la mayonnaise a du mal à prendre. Pitt et Cotillard ne sont pas franchement mauvais, la mise en scène de Zemeckis non plus, mais on a l’impression que le film est plus préoccupé à suivre un schéma et à fabriquer du mélo qu’à faire naître une véritable émotion. Les personnages ne sont ni plus ni moins que des stéréotypes dans ce qui se voudrait une recréation des grands classiques façon Casablanca.
Bien évidemment, Zemeckis ne loupe pas une occasion de s’imposer des défis techniques, on le connaît trop bien pour ça. Ici, en l’occurrence, c’est une scène d’amour dans une voiture, avec un travelling circulaire autour de nos deux tourtereaux. En temps normal, une scène pareille aurait mis le feu, elle aurait apporté au contenu romanesque du film. Ici, elle ne fait que renforcer la platitude et le côté fabriqué du reste, car on sent bien, malgré l’habileté des effets spéciaux, que tout cela a été pas mal bidouillé en post-production.
Dans un mélo flamboyant, cela n’aurait pas été gênant, car quelque part, cet aspect artificiel serait devenu une composante du spectacle. Sauf que là, entre jeunes premiers un peu coincés et péripéties pas vraiment palpitantes, l’étincelle a du mal à jaillir. Dans sa seconde partie, Allied mise sur le suspense et rebat les cartes pour nous intéresser un tant soit peu aux personnages, mais c’est un peu tard. On ne s’est pas vraiment attachés à eux avant, donc mis à part fournir la matière à une conclusion pernicieuse, ce n’est certainement pas cet ultime rebondissement qui fera décoller le film.
C’est vraiment dommage, car Zemeckis est quand même un des rares anciens à pratiquer un cinéma à la Spielberg, qui respecte une certaine approche de la mise en scène sans se vautrer dans les tics des gros films actuels. C’est un plaisir, par exemple, de pouvoir profiter d’une partition musicale décente et adaptée, même si Alan Silvestri a fait bien mieux auparavant. C’est ce savoir-faire qui, en définitive, sauve les meubles dans Allied et en fait un spectacle agréable, à la place du mélo passionné qu’il aurait voulu être.
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