Film de Dan Trachtenberg (2016), avec Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher Jr., etc…
“ - Hé boss, je sais pas si t’as remarqué, mais en ce moment, ce qui fait le buzz, c’est The Cloverfield Paradox.
- Ouais, ouais, je sais. Mais bon, en même temps, le Strapontin avait cette critik sous le coude depuis plusieurs mois déjà. On n’allait pas s’asseoir dessus sous prétexte qu’il y a un numéro 3 qui sort sur Netflouc, quand même !
- Oui, mais boss, on n’est plus raccord avec l’actu !
- S’en fout, l’actu, de toute façon, les Strapontineurs s’en brossent, de l’actu ! Leur came, c’est plutôt la rareté seventies régalante.
- Oui mais, boss…
- T’inquiète, on en parlera de ton machin paradox ! Mais juste parce que j’ai pas bossé pour rien, ladies and gentlemen, voici la critik de l’épisode 2 de la saga Cloverfield. Et tant pis pour l’actu !”
Comment imaginer une suite à un film tel que Cloverfield ? Déjà, l’œuvre en elle-même était un OVNI en soi, le premier film de monstres réalisé comme s’il avait été tourné par votre beau-frère avec son caméscope ! Pourtant, Dieu sait si le Strapontin est loin d’être friand de ce genre de gimmick, mais le fait est que ça fonctionnait plutôt bien, malgré bien entendu les limites du procédé. Et comme J.J. Abrams n’est pas vraiment le genre de producteur à s’asseoir sur une bonne idée, rien d’étonnant à ce qu’il ait voulu continuer à exploiter le filon.
On s’attendait donc à un autre monster movie filmé au téléphone portable, eh bien pas du tout ! La grande intelligence de ce 10 Cloverfield Lane, c’est de se démarquer dès le départ de la formule mise en place par son prédécesseur. Ca commence donc comme un film lambda, avec une jolie demoiselle, Michelle (Mary Elizabeth Winstead), qui vit de toute évidence une rupture difficile et qui décide de tout laisser derrière elle. Petit coup de fil de son boyfriend (à qui elle ne répond même pas), l’occasion de caser un joli clin d’œil puisque la voix de ce personnage que nous ne verrons jamais, c’est celle de Bradley Cooper.
Puis c’est l’accident. Blackout. Michelle se retrouve enchaînée dans une cave, sous la surveillance d’un gars louche répondant au doux nom de Howard (c’est John Goodman). En clair, il s’avère, selon lui, qu’une attaque d’une forme indéfinie est en cours. Humaine ou extra-terrestre, on ne sait pas. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il faut rester cloitré dans cet abri et ne sortir sous aucun prétexte. En quelques minutes, les bases sont posées pour un suspense qui évoque davantage la série La Quatrième Dimension que le gros film de monstres en found footage qui avait cartonné en 2008.
Il fallait oser jouer ainsi contre les attentes du public pour lui proposer une suite qui ne retient pratiquement aucun élément du film original. Avec 10 Cloverfield Lane, on est clairement sur le terrain du thriller psychologique, où le doute s’installe au détour d’une conversation et où celui qui sauve l’héroïne pourrait très bien être un dangereux psychopathe. John Goodman, avec sa bonhommie coutumière et son humanité, apporte un vernis réaliste à un personnage dont tout nous invite à douter.
Cette partie du film est magistralement menée, malgré les inévitables péripéties, souvent attendues qui ne s’avèrent être là que pour renforcer le doute chez le spectateur. Cela fonctionne parfaitement, même si, sur la fin, le film en rajoute un peu trop dans les pièces à décharge au sujet de Howard (sans forcément les expliquer, d’ailleurs). La conclusion vient bien évidemment tout remettre en question de manière inattendue. Ou pas, car après tout, si le film fait partie de la franchise Cloverfield, c’est pas pour rien, mais on s’est fatalement tellement fait embobiner par le côté thriller qu’on en souhaiterait presque une conclusion plus rationnelle.
Bien évidemment, 10 Cloverfield Lane sort alors l’artillerie lourde, mais avec une urgence, une intensité et un doux parfum d’apocalypse qu’on croirait échappées du premier volet. Donc peu importe si Mary Elizabeth Winstead se bricole une combinaison anti-radiations avec un rideau de douche ou bien utilise une bouteille d’excellent whisky pour pulvériser ses adversaires façon action hero à la Tom Cruise, le film déroule tranquillement son épilogue, il en montre juste le minimum et c’est très bien comme ça. C’est une conclusion sur mesure par rapport à tout ce qui a précédé.
Cette sequel inattendue est donc une belle surprise, malgré ses quelques facilités. Assez culotté pour se démarquer complètement de son prédécesseur, 10 Cloverfield Lane propose un suspense efficace et inattendu, et fait bifurquer la franchise de J.J. Abrams vers un huis-clos surprenant et parfaitement mené. Définitivement inattendu, donc, et parfaitement efficace, le film ouvre grand la porte à d’autres extensions encore plus déroutantes.
Le Générique
Le générique de 10 Cloverfield Lane est particulièrement ingénieux, car en rapport direct avec le concept du film, à savoir l’abri souterrain. Il est donc composé de lettres qui se déforment verticalement pour évoquer l’idée de profondeur. Une trouvaille visuelle qui a apparemment tellement plu qu’elle a été récupérée pour le générique de l’épisode suivant, The Cloverfield Paradox, où elle n’a plus grand chose à voir avec la choucroute, puisque le film se déroule dans l’espace, mais bon, on en reparlera !… Le design du générique est dû à Aaron Becker.
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