Film d’Olivier Nakache et Eric Toledano (2017), avec Jean-Pierre Bacri, Eye Haïdara, Gilles Lellouche, Jean-Paul Rouve, Vincent Macaigne, etc…
Aujourd’hui, rebelote avec Le Sens de la Fête, mais en même temps, avec Bacri dans le rôle principal, il pouvait difficilement en être autrement. Son personnage de Donald Duck acariâtre, toujours prêt à s’énerver contre quelque chose ou quelqu’un, c’est toujours un franc bonheur. Bacri c’est le prototype même du râleur invétéré, du mauvais coucheur qui sera toujours capable de vous épingler avec une réplique qui tue au détour d’une bonne grosse colère. Grincheux, oui, mais avec un cœur gros comme ça.
Il restait juste à le mettre en situation, et pas n’importe laquelle : une situation propre à bien l’énerver comme il faut et à l’amener à deux doigts du pétage de plombs. Nakache et Toledano ont eu l’idée judicieuse d’en faire un wedding planner en train de vivre sa pire journée. Et c’est parti pour une savoureuse comédie sans prétention, pétillante et bien fichue. C’est peut-être aussi dans ce concept simplissime qu’il faut chercher le succès du film : on connaît le personnage, et on imagine ce qu’il peut donner dans un contexte pareil. Et on n’est pas déçus !
A l’évidence, Le Sens de la Fête c’est avant tout un casting. Avec Gilles Lellouche en disc-jockey prima donna et Jean-Paul Rouve en photographe pique-assiette, on est en terrain connu. Un peu trop même, car leurs personnages sont finalement les plus conventionnels du lot et pas forcément les plus drôles. A côté de ces valeurs sûres, les réalisateurs ont assemblé une collection réjouissante d’inconnus dont on va forcément se souvenir, qui font des étincelles sans nécessairement tirer la couverture à eux.
En tête de liste, Eye Haïdara, qui est une véritable révélation dans le rôle de l’assistante de Bacri. Sa gouaille et sa personnalité de fonceuse intraitable en font un personnage essentiel, à tel point qu’on est un peu déçu quand le film rabote sa splendide agressivité et l’utilise de manière un petit peu trop classique. On retiendra également le nom d’Alban Ivanov, impayable en serveur totalement incompétent, largué et à côté de la plaque, qui ignore complètement ce qu’est un bar ou un loup, ou qui répond voiture quand on lui parle de turbot.
Bon, évidemment, cela ne va pas sans certains clichés ni quelques facilités. Le marié ne peut être qu’un bourgeois coincé, prétentieux et imbuvable, et le personnage de Bacri a forcément des problèmes de couple. Le running gag avec Rouve et son appli à géolocalisation pour pécho, c’est pas non plus d’une subtilité fantastique, et ça fatigue un peu à la longue. Sur la fin, le film tire un peu la langue, comme s’il avait épuisé sa réserve de bons mots et de situations croustillantes. En même temps, près de 2 heures pour une comédie, c’est un peu longuet, et Le Sens de la Fête aurait gagné à être un petit peu resserré.
Mais malgré ces réserves, Le Sens de la Fête est un divertissement plus que recommandable, qui ne se croit pas obligé de se vautrer dans la facilité pour séduire son public. Entre l’exubérance de ses interprètes et la finesse de l’observation comique, le film fait rire (beaucoup), séduit (énormément) tout en gardant suffisamment d’atouts pour enthousiasmer tous les publics. Après Intouchables, c’est une nouvelle réussite du tandem Nakache/Toledano qui, à défaut de réellement innover, sait donner à son public ce qu’il attend, avec plein d’humour et de générosité. Par les temps qui courent, ça fait du bien.
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