mercredi 25 septembre 2013

Passion

Film de Brian de Palma (2012), avec Rachel McAdams, Noomi Rapace, Karoline Herfurth, Rainer Bock, Frank Witter, etc...




















Le cinéma de Brian de Palma, c'est un truc un peu particulier. Généralement émaillés de facilités, ses films développent un univers très particulier, où la référence cohabite avec la provocation facile. Le réalisateur aime aller trop loin, que ce soit dans le mauvais gout ou la manipulation du spectateur, mais il reste néanmoins un maitre incontesté de la narration visuelle, rien à redire là-dessus. C'est aussi un franc-tireur, qui se fourvoie parfois dans des projets pas vraiment faits pour lui. Du coup, la dernière partie de sa carrière n'est pas toujours franchement reluisante, entre adaptation ratée (Le Dahlia Noir) et film de guerre conceptuel (Redacted).

Tout ça n'a pas franchement cartonné au box-office, du coup notre ami Brian s'est exilé en Europe le temps de quelques films. Il y eut d'abord la France, avec un Femme Fatale plutôt maladroit bien qu’intéressant, et voici maintenant l'Allemagne avec ce Passion qui a reçu, c'est le moins qu'on puisse dire, un accueil plutôt mitigé, les uns saluant le retour du grand style De Palma, les autres dénonçant un manque d'inspiration flagrant. Le réalisateur a toujours divisé la critique de toute façon, donc ça n'allait pas se calmer comme ça. Et comme Au Strapontin, on est plutôt fans, ce n'est pas sans une certaine appréhension que nous avons attaqué ce nouvel opus De Palmien.

Le début de Passion vous cueille un peu à froid, il faut dire. Et froid n'est pas un vain mot puisque l'ambiance qui se dégage des premières séquences est effectivement glaciale. Bon, on va dire que De Palma y va de sa petite critique sur la déshumanisation de l'entreprise, tout ça, mais on a vraiment du mal à rentrer dans cet univers de menace feutrée et de trahison. Le réalisateur, toujours très féru de jeux sur l'image, se permet même un clin d'œil malicieux avec la "ass cam", où il questionne une fois encore le voyeurisme du public.

Pendant une bonne moitié de sa durée, il faut reconnaitre que Passion n'est pas franchement terrible. C'est mou du genou et platement réalisé (tout de même un comble pour un film de De Palma!). Puis, une fois tous les rouages de la machination mis en place, le réalisateur se réveille et nous balance un véritable festival de ses figures de style habituelles. Split-screen, ralenti, cadrages alambiqués: rien ne manque, tout est là. L'espace de quelques belles séquences, le film décolle réellement.

Hélas, ce n'est pas suffisant pour sauver ce Passion, même si De Palma met le paquet. L'auto-citation du final de Dressed to Kill est tellement énorme, jusque dans les accords musicaux de Pino Donaggio, qu'on se demande vraiment où le réalisateur a voulu en venir. Joue t'il avec nous ou s'agit il simplement de paresse ? Il faut quand même oser faire de la décalque à un tel point, mais le problème c'est qu'en l'absence de repères, une telle approche peut aussi bien passer pour géniale que pour parfaitement ridicule. Alors, mise en abyme du style De Palma ou simple foutage de gueule ? A chacun de trancher.







Ce Passion, pas vraiment passionné et pas franchement passionnant, est donc dans le prolongement des derniers films de De Palma: si on retrouve brillamment sa patte l'espace de quelques instants, le reste est franchement un cran en-dessous et peine à convaincre réellement. Si en tant que scénariste, il a parfois su montrer un talent indéniable, il est clair que sur ce plan, sa filmographie récente est loin d'être à la hauteur. Très décevant.

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