Difficile de trouver un film qui
mette plus mal à l’aise que ce We Need
To Talk about Kevin. Cette exploration glaçante de l’univers d’un ado
serial killer ne donne aucune réponse quant aux motivations de son personnage,
ni aucune explication concrète quant au pourquoi du comment. C’est d’autant
plus déstabilisant pour le spectateur, d’abord baladé au beau milieu
d’une narration explosée, qui brouille encore davantage les cartes. Seul fil
conducteur, le personnage de la mère, auquel Tilda Swinton apporte une
épaisseur psychologique peu commune. Moins que le portrait de Kevin, c’est
davantage celui de sa mère que le film brosse, touchant du doigt le calvaire
quotidien auquel les actes de son fils l’ont condamnée. Au-delà de la
culpabilité d’avoir raté son éducation, elle restera prisonnière à vie d’une
situation qui lui a échappé dès le début.
Le film de Lynne Ramsay brosse un
portrait sans pitié d’un couple qui se parle sans s’écouter, d’une famille dans
laquelle une violence inexpliquée s’insinue comme un virus, avant un final impitoyable,
qui évoque directement la tuerie de Colombine. Malgré des qualités esthétiques
évidentes, il manque toutefois un petit quelque chose à We Need To Talk About Kevin pour emporter totalement l’adhésion. Le
ton très froid, presque clinique évoque plus d’une fois le style de Steven
Soderbergh, justement producteur
exécutif. S’il sert indéniablement le malaise profond qui s’en dégage, il nous
empêche aussi de nous attacher complètement aux personnages. C’est le seul défaut d’un film qui, malgré
tout, ne s’oublie pas facilement.
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