(Maleficent)
Film de Robert Stromberg (2014), avec Angelina Jolie, Sharlto Copley, Elle Fanning, Sam Riley, Brenton Thwaites, etc…
Curieuse idée que celle-ci : raconter en live un grand classique de l'animation Disney. Après tout, pourquoi pas ? A une époque où la frontière entre animation et prises de vues réelles devient de plus en plus floue et où les prodiges de la technique autorisent pratiquement tout, c'est un challenge qui se tient. Par contre, comment la jouer quand votre star maison (j'ai nommée Angelina Jolie) veut interpréter une méchante ? C'est tout simple : on réécrit l'histoire !
Et on la réécrit tellement que le spectateur est un peu largué au début : est-on oui ou non dans un remake de La Belle au Bois Dormant ? A voir la belle Angelina jouer les Superman en planant telle un chasseur à réaction dans des décors dignes d'Avatar, on se le demanderait presque. Ben oui, vous vous doutez bien qu' il a fallu adapter tout ça parce qu'il était hors de question que la fameuse Maléfique soit aussi méchante que dans le dessin animé.
Donc du coup, on nous a pondu une mignonne petite histoire dans laquelle le personnage est une gentille fée, que la méchanceté des hommes amène à devenir vilaine. Mais pas trop, hein, juste un peu ! Et le sort qu'elle lance sur la Belle, eh ben elle le regrette parce que les deux vont devenir les meilleures amies du monde, et Maléfique quasiment une mère de substitution ! Bonjour le révisionnisme ! Sans pour autant jurer fidélité aux grands classiques, on peut être à tout le moins décontenancé par une telle approche du matériau de base.
Parce que du coup, tout est possible, y compris un prologue façon Seigneur des Anneaux avec de grosses batailles en images de synthèse. On se demande ce que ça vient foutre là : rien, en fait, c'est juste pour ratisser un petit peu plus large et se rallier les fans de Peter Jackson. Ca ne mange pas de pain et ça fait toujours bien dans la bande-annonce. Et puis franchement, c'est quoi ce corbeau qui se transforme en humain à tout bout de champ pour faire de l’humour à deux balles ?
Soyons honnêtes : à une ou deux reprises, le film arrive à retrouver la splendeur graphique du dessin animé . La scène où Maléfique jette son sort, avec ses volutes de fumée verte, est plutôt bien fichue et assez impressionnante. Mais pour quelques moments réussis, combien de péripéties pas franchement intéressantes ou de personnages bâclés (les fées, qui ressemblent à des minimoys) ? Même le combat final avec le dragon, pourtant l’un des moments les plus épatants du dessin animé, semble sorti d'un mauvais film d'héroïc fantasy. Quant à Sharlto Copley, pas de bol, le roi qu'il incarne ressemble pratiquement trait pour trait au méchant qu'il jouait dans Elysium. Bonjour la nouveauté !
Tout ça pour ça, a-t-on presque envie de dire. En soi, Maléfique n'est pas vraiment un nanar. Elle Fanning, dans le rôle d'Aurore, confirme le talent qu'elle avait révélé dans Super 8, et sur le plan visuel, le film a souvent de la gueule. Mais même si Angelina porte super bien les cornes, l'avalanche d'effets spéciaux ne parvient pas à masquer l'absence réelle de magie qui, ajoutée à un manque cruel d'humour, finit par plomber un film qui était plutôt bien parti. Revoir et corriger d'accord, mais si c’est juste pour empiler sans inspiration des trucs empruntés à droite à gauche, cela ne sert à rien.
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