mercredi 19 août 2015

Bring On The Night

Film de Michael Apted (1986), avec Sting, Branford Marsalis, Trudie Styler, Kenny Kirkland, Omar Hakim, etc…

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S'il existe un genre qui a pris un sacré coup dans l'aile avec l'arrivée du DVD, c'est bien le documentaire musical. Normal : à moins de taper dans le créneau des stars de la pop, ça ne va intéresser qu'une poignée de fans, et ce quelque soit la valeur du film en question. Pourtant, il y a tout de même eu une époque bénie où on pouvait voir son groupe favori en live sur grand écran, et cela a donné des films mémorables comme Woodstock, Gimme Shelter ou The Last Waltz. Un genre tout de même assez populaire pour inspirer un faux documentaire comme Spinal Tap.




vlcsnap-2015-08-22-00h27m38s61Ceci dit, en France à la fin des années 80, on sentait bien que le vent commençait à tourner puisque le film qui nous intéresse n'y est jamais sorti, tout comme l'excellent concert filmé The Cure in Orange. Un comble quand on sait que les deux films ont été intégralement tournés dans notre beau pays ! Tout ça a filé direct sur VHS, traité comme la pire daube de Jean-Claude Vandamme. Bonjour l'exception culturelle !

 

 

 

 

vlcsnap-2015-08-22-00h11m54s92Bring On The Night est pourtant un regard passionnant sur les débuts de la carrière solo de Sting. Après avoir quitté le groupe au sommet de sa gloire, le chanteur-bassiste de Police se retrouvait face à un sacré challenge. C'était facile de s'appuyer sur un son populaire et de vendre des tombereaux de disques (encore que le groupe n'ait pas toujours joué la facilité). Convaincre tout seul, c'était une autre paire de manches. Un pari, donc, que Sting n'a pourtant pas hésité à coucher sur pellicule.

 

 


 

 

vlcsnap-2015-08-22-00h24m21s140Comme le dit fort justement le chanteur au début du film, la plupart des films musicaux montrent des groupes à leur apogée. Bring On The Night a ceci de particulier et d'unique qu'il est le témoignage des débuts. Le film met d'ailleurs en parallèle l'éclosion du projet avec la naissance du second enfant de Sting, on ne peut pas être plus clair. Et surtout, il est constamment clair que tout n'est pas gagné d'avance. Le reggae blanc de Police a fait place à des compositions plus ambitieuses et le trio basique a été remplacé par des instrumentistes virtuoses, venus du jazz. Et surtout la musique brave les étiquettes. Est-ce de la pop ? Pas complètement. Du jazz ? Pas vraiment non plus. Sting devient l'artiste du crossover. L'album fera un carton. Moins qu'un disque de Police mais un carton quand même.

 

 



vlcsnap-2015-08-22-00h18m35s49Bring On The Night détaille la mise en place de la première représentation du groupe, au théâtre Mogador, à Paris. Dans sa première partie, le film montre les préparatifs, depuis la conférence de presse jusqu’aux dernières répétitions. Des interviews permettent de situer le parcours de chacun et son apport au projet. La seconde, quant à elle est consacrée à de larges extraits du concert proprement dit. Le tout mis en boîte par Michael Apted, qui n’est pas à vraiment le réalisateur auquel on aurait pu penser. Sa filmo, qui va de Narnia à Gorilles dans La Brume en passant par James Bond, c’est un peu l’auberge espagnole. Mais c’est oublier qu’il a débuté (brillamment) comme documentaliste, et cela se sent dans la manière dont tout cela est mené et monté.

 

 



vlcsnap-2015-08-22-00h16m34s45Le film rend surtout palpable la tension qui s’installe petit à petit avant la date fatidique, sans pour autant oublier de s’attacher aux petits détails. On voit les choristes buter sur la reprise d’un couplet, et on sent Sting, dans son rôle de maitre d’œuvre, à la fois confiant et tendu dans l’attente du verdict du public. Lequel sera sans appel, et cela se comprend à la vision du concert, filmé simplement et sans chichi. En ce sens, Bring On The Night est un petit peu plus qu’un simple film musical, puisque l’intensité des séquences live se nourrit justement de tout ce qui les a précédées. Après avoir partagé le quotidien du groupe, le voir emporter le morceau sur scène prend une dimension supplémentaire.

 

 



vlcsnap-2015-08-21-23h26m05s176Il y a quelques moments assez curieux, dont on se demande s’ils n’ont pas été un peu mis en scène, comme ce passage assez surréaliste où le Chateau de Courson, où s’est installé le groupe, est visité par un groupe de touristes pendant une répétition. Ou bien lorsque Sting allume un journaliste qui fait le malin en l’appelant par son prénom. C’est marrant, mais un peu gros. Il y a aussi le manager, Miles Copeland (le frère du batteur de Police) qui prend visiblement son rôle de manager très au sérieux et en fait des caisses. A côté de cela, le film sonne juste lorsqu’il montre les musiciens déconner ensemble et il s’autorise même un break assez inattendu en montrant l’accouchement de madame Sting. Symbolique, c’est sûr, la scène peut paraitre maladroite et gauche, mais s’insère finalement plutôt bien dans l’ensemble.

 



Bien entendu, comme pour tout ce qui touche à la musique, Bring On The Night ne parlera pas à tout le monde et il faudra tout de même être un peu fan de Sting pour l’apprécier à sa juste valeur. Néanmoins, au-delà de ses qualités musicales évidentes, le film porte un regard passionnant sur la genèse d’un projet et sur ceux qui le feront vivre jusque sur scène. Même si, rétrospectivement, Sting n’avait pas vraiment de raison de s’inquiéter puisque sa carrière solo fût plus que bien accueillie et que, 3 ans plus tard, il remplissait deux Bercy d’affilée. Comme quoi…

 

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Théâtre Mogador un soir de Mai 1985

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vlcsnap-2015-08-21-23h30m00s417C'était un soir de mai en 1985 et on avait été prévenus : le concert étant filmé, pour le droit à l'image, bla bla bla... Car en tant que fan indéboulonnable de Police depuis le lycée, j'avais bien évidemment bondi sur les tickets dès leur mise en vente. Et je m'étais du coup retrouvé au théâtre Mogador ce 22 mai pour la série de concerts (il y en eut 6 autres) donnés par Sting lors du coup d'envoi de sa carrière solo. Donc comme le dit l’expression consacrée, “j’y étais”.

 

 

 

 

vlcsnap-2015-08-22-00h24m11s37Le souvenir que je garde de cette soirée, 30 ans après, reste très vivace. D'abord à cause de la formidable énergie qui se dégageait du concert, et qu'on comprend mieux après avoir vu le film. Ensuite aussi a cause des impératifs du tournage. Eh oui, figurant pour Sting, ça se mérite ! Arrivé tôt, j'étais plutôt bien placé question visibilité (2eme rang sur la gauche) mais on ne peut plus mal positionné pour apparaitre à l'écran. J'avais en effet une caméra juste a coté de moi, avec un clap et tout et tout. C'est d'ailleurs comme ça que j’ai repéré que le gars debout tout près de moi n’était nul autre que Michael Apted et que le chef opérateur devait être Ralf D. Bode, dont j’avais apprécié le travail dans plusieurs films (dont le Dressed to Kill de Brian De Palma).

 

 

 

vlcsnap-2015-08-22-00h12m06s209En soi, c’était plutôt sympa pour un cinéphile comme moi de côtoyer des célébrités pareilles, qui plus est dans l’exercice de leurs fonctions. Et pour tout dire, j’étais tellement pris par le spectacle sur scène que j’ai vite oublié leur présence. Le problème s’est posé quand le concert a attaqué ses moments les plus intenses. En toute bonne logique, bien que confortablement assis dans mon fauteuil, je me suis donc levé pour applaudir, me trémousser, bref faire tout ce que fait toute personne normalement constituée quand l’ambiance est au top. Mauvaise idée : aussitôt levé, j’ai senti sur mon épaule la main d’un membre de l’équipe, qui m’a vite fait comprendre que oui c’était bien de me lever, mais que vu ma taille, je gênerai le travail du caméraman. En clair, je bouchais l’axe de la caméra.

 

 

 

vlcsnap-2015-08-21-23h31m20s279Donc de bonne grâce, je me suis exécuté et suis resté bêtement assis alors que la plupart des spectateurs de la rangée étaient debout. Résultat : peau de balle pour me voir à l’écran ! J’ai fini par braver les injonctions du service d’ordre et je me suis quand même levé pour le rappel, une version acoustique de Message in a Bottle. Et, surprise !  A la vision du film, la chanson sert de générique de fin, et est effectivement filmée depuis l’arrière de la scène. Preuve que finalement, je dois être indirectement responsable de ce choix artistique ! Au final, tout ce qui restera de moi dans Bring On The Night, c’est un malheureux plan où je rode près du stand de tee-shirts avec ma clope au bec (eh oui, en 1985, on avait le droit de fumer dans les lieux publics !). Soit dit en passant, le  tee-shirt en question, malgré ses 30 ans d'âge et sa taille L unique, tient mieux la route que pas mal d’autres achetés depuis. Sacrée soirée quand même !

 

Bonus

Très représentatif de l’approche documentaire du film, ce passage a priori anodin où l’on voit Trudie Styler (Madame Sting) discuter avant le concert avec la sage-femme chargée de veiller sur elle (elle était pratiquement à terme au moment de la représentation). Sauf que derrière elle, même si on les remarque à peine, on peut quand même reconnaitre deux VIP : Jean-Michel Jarre et Charlotte Rampling !

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