Curieux film que ce Polisse, qui prend, dès les premières images, le spectateur à rebrousse-poil : plaquer la musique du générique de L’Ile aux Enfants sur des images d’arrestations, fallait oser. On est partagé entre l’agacement et l’enthousiasme, et c’est en définitive un état dans lequel la réalisatrice Maïwenn va nous maintenir pendant 2 heures de projection. Le film accompagne les équipes de la Brigade de Protection des Mineurs et nous balance d’entrée de jeu dans un univers à la fois brutal et formidablement humain. On passe d’une histoire à l’autre, dans un ton qui évoque plus d’une fois celui du reportage.
Parallèlement à ces performances fortes, les acteurs chevronnés peuvent parfois paraître moins crédibles, mais ils assurent suffisamment pour imposer leurs personnages et réussir des scènes particulièrement délicates. Je suis vraiment très très loin d’être fan de Joey Starr, mais j’avoue bien humblement qu’il m’a bluffé à plusieurs occasions, notamment lors de sa scène avec le gosse black. Plus pataude me paraît la sous-intrigue avec Maïwenn, qui semble artificielle et plaquée sur le reste.
Polisse joue à fond sur l’opposition entre réalisme extrême et réalité recréée, et c’est peut-être son seul défaut. Les comédiens connus nous maintiennent dans un univers de cinéma, alors que les témoignages emmènent le film vers quelque chose de beaucoup plus fort. C’est plutôt déstabilisant pour le spectateur, qui se retrouve bien souvent le cul entre deux chaises. Seule la scène avec Sandrine Kiberlain, d’une grande force dramatique, parvient à vraiment gommer ces repères. La fin, plutôt maladroite bien qu’habilement mise en scène, finit de faire pencher Polisse vers le cinéma pur et simple. C’est dommage car c’est dans le naturalisme et la description du quotidien qu’il réussit le mieux.
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