mardi 25 septembre 2012

Prometheus

Film de Ridley Scott (2012), avec Noomi Rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba, Guy Pearce, etc...
















Il y a des films qu'on n'a pas le droit de rater.

Quand on s’appelle Ridley Scott, qu’on a réalisé l’un des films les plus influents du cinéma de SF des années 70 (Alien, pour ne pas le citer) et qu’on annonce son intention de revisiter cet univers près de 30 ans plus tard, il y a de quoi créer des émeutes dans la communauté cinéphilique ! Et ça n’a pas loupé ! Chacune des bandes-annonces de ce Prometheus (car tel est le titre de ce nouvel opus) a été scrutée, décortiquée par des hordes de fans, et le film lui-même s’est très vite désigné comme l’un des plus attendus de l’année.

Faut dire que d’entrée de jeu, la barre était placée vraiment très très haut, et au vu de sa filmo en dents de scie, Ridley Scott allait-il pouvoir réinventer le genre comme il l’avait fait à ses débuts ? En fin de course, à froid, plusieurs mois après sa sortie, qu’en est-il de ce Prometheus tant attendu ? Ben pas grand’ chose à vrai dire. Là où on attendait un nouveau mètre-étalon du genre, on se retrouve avec un film mi-figue mi-raisin, qui dilue finalement tout ce qui pouvait le rattacher à la saga Alien.


Le premier épisode était une référence du genre. A mi-chemin entre l’esthétisme glacé d’un 2001 et la description d’un futur crade, le film avait su imposer une atmosphère unique, en grande partie grâce au design véritablement extraordinaire du peintre suisse H.R. Giger. Avec ses formes bio-mécaniques et son look gluant, Alien s’était construit une identité visuelle tellement forte et inédite qu’elle en semblait presque insurpassable. Le tout rendu encore plus percutant encore par la réalisation stylisée de Scott, qui jouait avec maestria sur la suggestion et la claustrophobie.


Plus rien de tout cela dans Prometheus qui, d’entrée de jeu, ne joue pas vraiment la nouveauté en ce qui concerne la description des voyages intersidéraux et des personnages. Là où Alien innovait par son rythme et son esthétique, cette prequel se conforme strictement aux règles du genre, avec des personnages ternes et tout un attirail technologique qui ne semble être là que pour mettre en valeur le relief. Il y a, de temps à autre, quelques belles trouvailles, comme les cubs, des sondes qui transmettent des relevés topographiques en 3D, mais dans l’ensemble, rien de très neuf sous le soleil.

C’est dans son scénario que le film est le plus maladroit. Ni une ni deux, Ridley Scott n’a pas fait dans la demi-mesure, puisqu’il y est question de rien moins que la création du monde! Mais n’attendez pas de grosse tartine métaphysique: Prometheus est plutôt du genre à balancer ses idées sur le tapis sans vraiment leur donner d’explications. Ca fait plus mystérieux, et ça laisse aussi pas mal de portes ouvertes pour le cas où on envisagerait de prolonger le film par une ou deux suites.



Disons le tout net, Scott se ramasse tout autant que De Palma avec son Mission to Mars, dont il n’est finalement pas si éloigné que ça. Alors bien évidemment, histoire de sauver les meubles, il multiplie les appels du pied en direction des fans d’Alien. Oh, tiens, le vaisseau du premier épisode ! Tiens, le fameux extra-terrestre (qu’on appelle plus communément le space jockey) dans son fauteuil! Le tout agrémenté d’une direction artistique très clean. Dans le premier film, ça suintait de partout. Dans Prometheus, on a passé la serpillère et fait la poussière. C’est propre, trop propre.

Pendant quelques trop rares moments, Prometheus retrouve l’esprit de son prédécesseur. La scène avec Noomi Rapace sur le banc opératoire automatisé sait renouer avec la tension et la violence du premier opus. De même, les premières apparitions des parasites sont assez flippantes, et il y a quelques plans superbes, même si la photo est à des lieues de l'esthétique d'Alien. On se dit presque que le film a trouvé son rythme, mais non. Entre intrigue fumeuse et personnages inintéressants, Prometheus saborde les quelques bonnes choses qu'il contenait pour devenir, au final, un film de S.F. plutôt quelconque, tout à fait dans l'air du temps, c'est à dire au contenu prévisible et formaté. Un comble pour ce qui était censé être un retour aux sources du mythe!

Or, s'il y a bien une chose que prouve ce Prometheus, c'est combien le cinéma (et pas seulement celui de Ridley Scott) a pu changer depuis la fin des années 70. Là où on pouvait tout oser, innover, on se retrouve à présent avec des œuvres frileuses, sans réelle originalité et conçues pour contenter leur cœur de cible à moindre frais. C'était peut-être un peu trop demander à Scott que de dépasser tout ce système pour imposer une vision inédite et vraiment innovante. Lui s'est juste contenté de remettre les pendules à zéro et de poser les bases d'une nouvelle franchise. On attendait mieux.


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