Film de Gary Ross (2012), avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Donald Sutherland, Stanley Tucci, Woody Harrelson, etc...
En
ce moment, la littérature pour ados est en train de fournir une manne
providentielle à une industrie du cinéma décidément en mal de renouvellement.
J.K. Rowling a lancé la mode avec Harry Potter, et les maisons d’édition n’ont
pas tardé à prendre la balle au bond, avec plus ou moins de succès. Toujours
grosso modo la même recette : une histoire à coloration fantastique, qui
réunit tous les éléments propres à faire vibrer nos chères têtes blondes. Et
surtout, élément fondamental, la saga sera obligatoirement déclinée sur
plusieurs volumes. Pas étonnant qu’Hollywood commence à s’intéresser de très
près au filon. Imaginez un peu : chaque nouveau film est une franchise
potentielle, avec à la clé une ou plusieurs suites, quand les livres eux-mêmes
ne sont pas re-découpés en plusieurs parties pour leur exploitation
cinématographique.
Le
pitch de The Hunger Games était assez attirant, je dois dire, même s’il
est à la base très inspiré de Battle Royale. Cette re-création d’un
futur où les sports ultra violents sont permis et légitimés, cela évoque
irrésistiblement Rollerball (je veux parler du film de 1975, pas de son
miteux remake), soit un sujet juteux, avec à la clé pas mal de satire sociale,
que ce soit sur le plan des médias que de la société elle-même. Cet univers
dans lequel une poignée d’ados est gentiment invitée à s’entretuer sous le
regard des téléspectateurs est le terrain rêvé pour une réflexion sur le
voyeurisme télévisuel et la responsabilité des médias.
Sauf
que … on est dans un film pour ados, et que les producteurs ont dû se dire que
leur jeune auditoire était trop crétin pour se poser des questions de ce genre.
On est donc balancé dans le monde de Hunger Games sans véritablement
d’explications sur ce qui a pu pousser les spectateurs du futur à faire un
triomphe à ce genre de divertissement. Le film se borne à mettre en place un
système dont les deux héros vont finalement triompher, point barre. C’est un peu maigre.
Dès
lors, le spectateur de Hunger Games est un peu placé dans la position du
téléspectateur voyeur, sauf qu’on lui désigne d’emblée deux tourtereaux qui
seront de toute évidence plus malins que les autres. Autant pour la
surprise ! Quant au monde du futur, il est dépeint dans une approche très
caricaturale, un peu comme le Besson du Cinquième Elément, avec plein de
mauvais goût qui tâche partout. Le pauvre Stanley Tucci est bien ridicule avec
ses cheveux bleus, et le pire c’est que ça ne fait même pas sourire.
Pourtant,
ce survival teen movie se suit finalement sans déplaisir, même s’il
laisse sur le bas-côté pas mal de bonnes idées et si son cadre
science-fictionnesque est insuffisamment exploité. Jennifer Lawrence est plutôt
charismatique à défaut d’être totalement convaincante, et le rythme est assez
soutenu pour qu’on ne s’y ennuie pas. A tout prendre, je préfère largement ces
gladiateurs new look aux vampires d’un Twilight. Mais à bien y regarder, les deux possèdent le
même défaut: celui de passer à côté de développements passionnants pour se
limiter au simple divertissement, bref de zapper tout ce qui aurait pu en faire
quelque chose de plus qu’un (plutôt bon) film pour ados.
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