dimanche 16 septembre 2012

Cloclo

Film de Florent-Emilio Siri (2012), avec Jérémie Renier, Benoît Magimel, Monica Scattini, Sabrina Seyvecou, Ana Girardot, Marc Barbé, etc...
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 





Peu de gens réalisent à quel point Claude François a pu pourrir l’adolescence des gens de ma génération! Certes, aujourd’hui, il est de bon ton de se trémousser en soirée sur Alexandrie Alexandra, surtout avec un taux d’alcoolémie conséquent, mais personne n’imagine l’enfer que pouvaient vivre les jeunes de cette époque. Claude François, c’est bien simple, on en bouffait à toutes les sauces! C’était plus qu’un bon client des émissions de télé, c’était carrément un pilier ! D’autant plus frustrant, qu’à l’époque, les chaînes thématiques n’existaient pas et que le chanteur squattait indifféremment chacune (deux en tout).
 
 
 
Donc, aujourd’hui, quelle mouche peut donc avoir piqué le Strapontin pour qu’il s’intéresse à un biopic sur Claude François ? La réponse est simple : Florent-Emilio Siri qui, pour ceux qui ont raté un épisode, est tout simplement l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération. A son actif, le formidable Nid de Guêpes, dans lequel il menait de main de maître un thriller à la manière de John Carpenter. Puis, entre L’Ennemi Intime (remarquable évocation de la guerre d’Algérie) ou Otage (réalisé aux States avec Bruce Willis), il s’est clairement désigné comme un metteur en scène à suivre.
 
 
 
 


Siri, à défaut de posséder un véritable univers (c’est peut-être le seul point faible de sa filmographie), maitrise parfaitement l’art de la réalisation, au point d’imprégner ses œuvres de petites touches très personnelles, tant visuelles que sonores, qui en font plus qu’un simple film de série. Le réalisateur possède un talent réel pour transcender ses influences et créer un cinéma original et enthousiasmant.
 
 
 
 



Aussi, le voir s’attaquer au biopic, genre casse-gueule par excellence, ça faisait quand même un peu peur. Encore plus peur de le voir s’attaquer au mythe Claude François. En définitive, Cloclo, s’il est loin d’être la réussite vantée par certains, est tout de même un film plus qu’honorable, dont les seules limites sont finalement celles du personnage public qu’il dépeint. Tout le monde connaît à présent les zones d’ombres de la personnalité du chanteur, et il est désormais de bon ton dans les biographies filmées de ne rien cacher des détails négatifs. Cloclo sacrifie donc à la règle, mais sans déboulonner outre mesure la légende.
 
 
 


 
Plutôt que de se vautrer dans les figures imposées du genre, Florent-Emilio Siri a eu l’intelligence d’aborder son sujet à la manière de Paul Thomas Anderson qui, dans Boogie Nights, avait su transcender le genre par une approche très visuelle. Cloclo est formidablement rythmé, même s’il tourne un peu en rond dans sa deuxième partie. L’évocation de l’enfance du chanteur est réalisée avec justesse et sensibilité. Enfin, même si cela a été salué ailleurs, la performance de Jérémie Renier est particulièrement troublante. Au-delà de la ressemblance, qui est frappante, l’acteur a su s’imprégner de la personnalité du chanteur pour en donner un portrait saisissant. Mention spéciale également à Benoît Magimel, méconnaissable (et comme toujours excellent) dans le rôle de Paul Lederman.
 
 
 

Ce Cloclo, s’il n’est pas un des films les plus marquants de son auteur, est finalement fidèle à ce qu’on pouvait en attendre. On regrettera simplement que tout l’aspect télévisuel du personnage (pourtant une composante essentielle de sa popularité) ait été zappé et que le film utilise parfois des raccourcis un peu faciles (la création de Comme d’Habitude au bord de la piscine, si elle est soi disant conforme à la réalité, est à la limite de la caricature). Sans que le film soit forcément consensuel, les fans du chanteur y trouveront leur compte, les autres aussi car somme toute, Siri respecte son sujet et cela se sent à chaque image. Voilà qui suffit à faire de Cloclo une biographie réussie, même si, et surtout après l’avoir vu, on peut émettre pas mal de réserves sur l’intérêt du personnage qu’il décrit. C'est, après tout, la rançon du genre.



1 commentaire :

  1. Je rejoins ton point de vue.
    Bon film dont il ne restera au final que quelques souvenirs.

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