jeudi 7 février 2013

Les Pirates du Métro

(The Taking of Pelham One Two Three)

Film de Joseph Sargent (1974), avec Walter Matthau, Robert Shaw, Martin Balsam, Hector Elizondo, Earl Hindman, etc..

















 
Attention ! Classique Strapontinesque!! Comme d'habitude et fidèle à sa réputation, votre blog favori va aujourd'hui déterrer une perle méconnue, mais qui mériterait largement une place d'honneur parmi les plus belles réussites du genre. Pratiquement inconnu du grand public, ce thriller est à la fois un splendide spécimen du cinéma des années 70, mais également un monument de coolitude.
 
 
Joseph Sargent n'a jamais été un foudre du 7ème Art, mais plutôt un réalisateur consciencieux, qui nous a donné des films bien fichus, mais pas forcément mémorables. Venu de la télévision, il a signé des curiosités comme un excellent film de SF (Le Cerveau d'Acier) ou une biographie militaire (MacArthur). Il s'est aussi rendu coupable de la plus mauvaise suite des Dents de la Mer, le 4ème opus, qui a eu le prestige de se classer parmi les plus mauvais films de tous les temps. Bref un réalisateur capable du meilleur comme du pire.
 
 
 
 
The Taking of Pelham One Two Three fait incontestablement partie du dessus du panier. On peut même avancer sans risque qu'il s'agît sans nul doute du meilleur film de Sargent, un de ceux dans lesquels son induscutable métier ser tà merveille le sujet. Ici, pas d'effets superflus ni de mise en scène tapageuse, mais une réalisation carrée et efficace, doublée d'un sens du rythme impeccable. L’intrigue, basée sur un best-seller, est rondement menée sans le moindre temps mort, bref c’est du savoir-faire à l’ancienne, qui va directement à l’essentiel et ne s’embarrasse pas de fioritures.
 
 
 
 
Le film bénéficie surtout d’un script très drôle, en dépit du fait qu'il soit basé sur une situation particulièrement dramatique. Tout le génie du scénariste Peter Stone, c'est d'avoir impeccablement caractérisé ce petit monde, en le peuplant de personnages pittoresques aux réparties savoureuses. Walter Matthau est l’anti-héros par excellence, et sa bonhommie rigolarde apporte beaucoup au film. Face à lui, Robert Shaw trouve un de ses meilleurs rôles, avec un personnage de preneur d’otages au flegme très british. Il faudrait presque citer tout le reste du casting, tant le moindre petit rôle est tenu par des acteurs inconnus, mais diablement bons.
 
 
 
Les dialogues sont bourrés d’humour et crépitent allègrement. Entre le convoyeur qui explique à son pote qu'un million de dollars, "ça marche pas au poids, mais à la valeur", le contremaître au langage fleuri et le maire de New-York dépeint comme un crétin incapable, c'est un véritable festival. Ainsi, au-delà du simple thriller, The Taking of Pelham One Two Three propose un portrait particulièrement savoureux de la communauté new-yorkaise. Il n’y a pas de personnages stéréotypés, et on ne se gêne pas pour tailler quelques costards au passage. C'est l'un des rares films qui tire son impact non seulement d'un scénario réglé comme du papier à musique, mais également du réalisme de son cadre et de la manière dont il est dépeint.

 
L'aspect humoristique, subtilement dosé, n'empêche cependant pas la mécanique du thriller de fonctionner. Le film est même exemplaire dans la concision de son style, bouclant avec un minimum de temps morts une intrigue pourtant assez touffue. La confrontation finale entre flic et truand est d'ailleurs particulièrement originale, et à l'opposé de ce qui peut se faire dans le genre. Enfin, malgré le ton léger, on n'oublie pas qu'il s'agît là d'une prise d'otages et de terroristes prêts à tuer. Le film assume alors pleinement ses quelques moments forts et ose aller jusqu'au bout de sa logique.



Quelque part, le film s'est tout de même imposé puisque ce petit malin de Tarantino a récupéré les surnoms des terroristes dans son Reservoir Dogs. Et puis il y a le terrible remake, commis (on se demande bien pourquoi) il y a quelques années par Tony Scott... Tout ça pour aboutir à un thriller mou du genou, qui n'avait rien compris de ce qui faisait la particularité de l'original et qui du coup, était bien en mal de retrouver ne serait-ce qu'une seule de ses qualités.





En faisant un peu la fine bouche, on peut effectivement reprocher au film un dénouement inutilement spectaculaire, avec son wagon en folie, qui est un peu aux antipodes de la rigueur du reste. Hollywood était alors en pleine vogue du film catastrophe, et c'était un moyen comme un autre de ratisser un peu plus large. Ce n'est pourtant pas suffisant pour flanquer le reste en l'air, loin de là.






The Taking of Pelham One Two Three est donc un petit bijou dans son genre, un film sans prétention mais qui remplit parfaitement son contrat et qui possède, en plus, un ton enjoué et décontracté qui en fait tout le prix. Ce petit thriller, sous son apparente simplicité est un classique en puissance, de ce type de films qui se regardent avec la banane et qui vous filent définitivement la pêche. En voiture!!

 

Le Trombi:
Comme nous l'avons précisé, beaucoup de "tronches" dans ce trombi, avec des acteurs pas forcément connus mais qui ont une belle présence. Parmi eux, on trouve Hector Elizondo, qui tournera dans Pretty Woman, Tony Roberts, qui s'illustrera dans pas mal de Woody Allen, et Kenneth Mc Millan qui tiendra le rôle du Baron dans Dune.

Walter Matthau
Robert Shaw
Hector Elizondo
Martin Balsam
Earl Hindman
Jerry Stiller
Tony Roberts
Dick O'Neill
Nathan George
Kenneth Mc Millan
Tom Pedi
Lee Wallace et Doris Roberts




La Musique:
Beau-frère de Coppola, le compositeur David Shire n'a pourtant pas fait appel au piston pour réussir à Hollywood, et il signe avec cette B.O. une de ses compositions les plus populaires. Samplée par plusieurs DJ, la partition de Pelham est on ne peut plus représentative des années 70, avec un groove irrésistible qui propulse la musique aussi bien que l'action. Utilisée de manière très parcimonieuse, la musique établit surtout des ambiances sur un mode très discret. Le thème, quant à lui, impose le rythme sur un ton qui n'est pas très éloigné du jazz, avec des cuivres mis très en avant. Un morceau tellement efficace qu'il sera même pompé presque note pour note dans le générique du film Payback. La partition a été éditée par le label FSM il y a pas mal de temps, mais reste assez facilement trouvable.




 

 
 
 
 
En vidéo:
The Taking of Pelham One Two Three fait partie du catalogue United Artists, qui a été racheté par la MGM. Bien évidemment, compte tenu de la faible popularité du film, il a fallu attendre un certain temps pour le voir paraître en DVD... dans un transfert hélas pas vraiment terrible. Pas de compatibilité 16/9, une image à la définition faiblarde, juste une bande-annonce en bonus, bref le minimum syndical. Le blu-ray, paru récemment, offre au moins l'avantage de proposer une image de meilleure qualité, même si on reste quand même loin des standards de qualité actuels. Faut ce qu'il faut!







Allez, un petit bonus pour la route! Voici un excellent montage, réalisé par un amateur. C'est à mi-chemin entre la bande-annonce et la vidéo musicale, et ça met surtout superbement en valeur l'excellente musique de David Shire. Excellent!
 

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