A Perdre la Raison fait partie de ce genre de films dans lesquels il est
difficile d’entrer. Le film s’ouvre sur une situation forte, donne quelques
indices au spectateur, puis c’est un long retour en arrière dans lequel on
essaie de comprendre le pourquoi du comment. Ce qui est très déstabilisant, c’est
qu’en fait, là où on attend des aspérités, des éléments forts, des situations
dramatiques, on se retrouve avec la peinture on ne peut plus classique du
quotidien d’un couple. Alors oui, il y a bien ce personnage énigmatique et
envahissant du docteur, dont on se demande un peu quel rôle véritable il peut
jouer. L’essentiel est ailleurs.
En fait, A Perdre la Raison n’est ni plus ni
moins que la description de la plongée d’une femme dans la folie, mais pas une
folie spectaculaire et explicable, bien au contraire. C’est une folie qui nait
des non-dits, de l’insatisfaction, puis de la dépression. Une folie qui finit
par déboucher sur une issue d’autant plus terrifiante que nous public, nous n’en
verrons rien, et d’autant plus glaçante que rien dans le film ne nous l’expliquera
réellement.
Emilie Dequenne, dans le rôle
principal, est impériale. Celle qui fût autrefois la Rosetta des frères Dardenne se donne
à fond dans un rôle extrêmement difficile et ingrat, dans lequel elle fait preuve d’un degré d’implication
absolument incroyable. La voir fondre en larmes alors qu’elle reprend une
chanson de Julien Clerc est un moment tellement déchirant qu’il en devient
presque douloureux. Elle est la raison d’être et l’épine dorsale d’un film qui,
malgré la force de sa conclusion, a plutôt tendance à tourner en rond et à se complaire
dans un naturalisme un peu creux à la Maurice Pialat.
Terrible la fin !!! Donne des frissons...
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