Film de Tim Burton (2014), avec Amy Adams, Christoph Waltz, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Danny Huston, etc…
Du Tim Burton sans Tim Burton dedans ? On prend ! Après tout, pourquoi les réalisateurs n'auraient ils pas le droit, de temps en temps, de signer un film atypique, qui les sorte du moule un peu trop étriqué que le succès populaire leur a construit ? Burton, c'est bien et je suis le premier à applaudir ses divagations comico-gothiques mais le fait est que ca avait tendance à devenir un peu tout le temps la même chose.
Or le bon Tim sait faire autre chose, comme il l'a prouvé avec Big Fish ou le magnifique Ed Wood. Justement, ça tombe bien, ce sont les scénaristes de ce dernier qui ont œuvré sur Big Eyes, une histoire de faussaire inspirée de faits réels. Déjà, rien que le choix du sujet, ça vous calme d'entrée de jeu, car on voit mal ce qui a bien pu parler au réalisateur dans ce projet définitivement inhabituel. Mais sachant que Burton peut être excellent quand il sort des clous, ça donnait quand même envie d’aller y jeter un œil.
Et la mise en scène, très appliquée et sans fioritures, est au diapason : pas de plans délirants ou de direction artistique too much. Dans ces années 50 impeccablement reconstituées, l'histoire de Margaret Keane, dépossédée de la célébrité par un mari retors, reste du début à la fin très tenue et maitrisée. Les traits d'humour sont rares et toujours en rapport avec le sujet et s'il n'y avait pas le cabotinage parfois exaspérant de Christoph Waltz, on se croirait presque dans une comédie sentimentale lambda.
Pourtant, Big Eyes fonctionne plutôt bien, sans aucun des maniérismes Burtoniens qui, à force, pouvaient virer à la mauvaise caricature. Porté par le jeu impeccable d’Amy Adams, d’ailleurs récompensée aux Golden Globes, c’est le beau portrait d’un personnage d’exception, mais aussi un combat pour la reconnaissance, qui devient quelque part symbolique de l’émancipation féminine, à une époque où on préférait voir la femme comme une ménagère modèle. Le film est dirigé avec beaucoup de sensibilité par un Tim Burton qui s’efface complètement derrière son sujet.
C’est à la fois bien et pas bien, parce qu’on aurait bien aimé trouver, comme dans Big Fish, quelques petites bribes de son imaginaire farfelu en filigrane. Et puis il est vrai que sur la fin, Big Eyes voit son rythme se relâcher, notamment pendant la séquence du procès, où Waltz se lâche et en fait des kilotonnes. Donc on se retrouve avec un film couci-couca, plein de bonnes choses et globalement bon, mais dans lequel il manque le petit plus qui en aurait fait une œuvre vraiment personnelle.
Le Clin d’Œil
La vraie Margaret Keane fait une petite apparition dans Big Eyes. On peut la voir au début du film, pendant la scène tournée au Palace of Fine Arts de San Francisco, en train de lire en arrière-plan d’une scène entre Amy Adams et Christoph Waltz.
Le générique de fin, qui raconte brièvement les destinées de chacun des personnages, mentionne d’ailleurs le fait qu’elle continue à peindre quotidiennement. Son mari, par contre, n’a pas touché un pinceau depuis le procès !
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