lundi 17 octobre 2011

La Couleur de l'Argent

(The Color of Money)
Film de Martin Scorsese (1986), avec Paul Newman, Tom Cruise, Mary Elizabeth Mastrantonio, Helen Shaver, John Turturro, etc.
 



















 
 
 
Je gardais un très bon souvenir de ce film, vu en salles à sa sortie en 1986. Il m’avait même plutôt réconcilié avec Scorsese qui, à l’époque, ne me faisait pas plus vibrer que ça. Je me souviens même avoir acheté la VHS et vaillamment défendu ce film, tant vilipendé par des tas d’autres. A le revoir quelques dizaines d’années après, ma foi, c’est plus vraiment la même semoule. Ca fait ça quelquefois, et on se retrouve avec des films dont on se demande ce qui a bien pu nous exalter autant quand nous les avons découverts.

Non que The Color of Money soit mauvais, non, mais avec le recul, il apparaît comme plutôt anecdotique venant d’un réalisateur de la trempe de Scorsese. Le sujet est intéressant, les acteurs sont bons, alors où c’est donc que ça cloche ? Le film se veut comme un prolongement de L’Arnaqueur, réalisé par Robert Rossen  dans les années 60. Le personnage de « Fast » Eddie Felson cherche à former une nouvelle recrue, Vincent (Tom Cruise) à l’art de l’arnaque. Le problème, c’est que tout ça patine un peu et peine à trouver sa vitesse de croisière.
 
 
 
 
 
 
 
On est admiratif devant le jeu de Paul Newman, excellent comme toujours, et Tom Cruise, dans un de ses premiers rôles, avait déjà une sacrée présence. Mais malgré ces bons atouts, on sent que l’intrigue ne progresse pas réellement. Une ou deux scènes pour bien nous faire comprendre que le jeune Vincent est une tête brulée qui n’en a rien à cirer des conseils de son mentor, et emballez, c’est pesé! Il manque de l’humour et de la distance, finalement le film finit par être aussi pontifiant que les discours de Newman sur l’âme humaine.

 
 
 
 

 
Pourtant, il y a des bonnes choses dans The Color of Money, mais elles sont plutôt à chercher sur le plan technique. Scorsese, lié par les impératifs de son sujet, fait tout pour rendre son histoire visuellement captivante, ce qui était loin d’être évident. Un film centré autour de tables de billard, c’était pas gagné. Scorsese aligne donc les travellings speedés, les gros plans sur les billes ou les visages, bref question mise en scène, cela fait quelque fois illusion (et c’est sans doute là qu’il faut chercher l’enthousiasme de jadis du Strapontin), sauf que le réalisateur a fait nettement mieux (et beaucoup plus maîtrisé) depuis.
 

 
 
 
 
Sur la fin, tout de même, The Color of Money se bonifie. Le héros découvre qu’il est devenu la victime du système qu’il croyait maîtriser. On se dit alors que le véritable film commence. Mais assez paradoxalement, Scorsese semble alors se désintéresser de l’aspect mise en scène et l'ensemble se termine en sucette. C’est bien dommage. Mais qui sait ? Comme le Strapontin, vous vous laisserez peut-être envouter par le charme tranquille du film et quelque part arnaquer par ce Scorsese malin et roublard ?

 

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