lundi 31 octobre 2011

Omar m'a Tuer

Film de Roschdy Zem (2011), avec Sami Bouajila, Denis Podalydès, Maurice Bénichou, Salomé Stevenin, Nozha Khouadra, Ludovic Bertillot, etc...

















Un premier film, c’est toujours un peu l’épreuve du feu, a fortiori quand on est un acteur reconnu. C’est quand même assez culotté, quand on a la critique et le public avec soi, de vouloir un jour franchir le pas. En général, cette critique si bienveillante est prompte à vous attendre au coin du bois pour vous flanquer une dérouillée, et puis autant le dire : dans notre beau pays, on n’aime pas vraiment le succès, et un acteur qui veut s’improviser metteur en scène, c’est forcément suspect. Pourtant, quand un Ben Affleck aligne deux excellents films d’affilée, tout le monde applaudit. Avec Omar m’a Tuer, Roschdy Zem n’a pas choisi un sujet facile, et il livre un sans faute qui fait vraiment plaisir à voir. L’affaire Omar Raddad, avec toutes ses zones d’ombre, est un drame humain d’une formidable intensité. Zem ne trahit pas toute cette charge émotionnelle et nous montre en parallèle le calvaire de l’accusé et sa réhabilitation par un écrivain. Outre les questions qu’on peut se poser sur la tenue de l’enquête, c’est avant tout la profonde dignité d’un homme qu’on éprouve à la vision du film. La performance de Sami Bouajila est vraiment exceptionnelle, et nous fait ressentir toute la douleur et l’incompréhension qu’éprouve Raddad. Par comparaison, les séquences avec Denis Podalydès, dans le rôle de l’écrivain, peuvent paraître plus légères. Elles ont même un petit côté JFK au début, dans ce souci de révision de l’enquête initiale. On pourra argumenter qu’il s’agît là d’un cinéma quasi-descriptif, où l’auteur peut difficilement apporter sa touche personnelle. En s’effaçant derrière son sujet, Roschdy Zem ne pouvait pas mieux le servir. Au-delà du réquisitoire, Omar m’a Tuer est un film poignant mais jamais tire-larmes sur une aventure humaine bouleversante.

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