lundi 14 novembre 2011

L'Echange

(Changeling)

Film de Clint Eastwood (2008), avec Angelina Jolie, John Malkovich, Jeffrey Donovan, Colm Feore, Michael Kelly, etc...
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Clint Eastwood m'épate vraiment. En plus d'avoir été une des figures emblématiques du cinéma des années 70, il s'est, depuis plusieurs années, forgé une réputation de metteur en scène assez épatante. Outre le fait qu'il aille dénicher des sujets forts qui ne sont pas forcément ceux auxquels tout le monde pense, il sait leur apporter cette touche d'humanité qui les différencie du lot. Et plus que tout, il sait magnifiquement manier l'émotion, même dans ce qu'elle peut avoir de plus trivial. Entre ses mains, des films comme Million Dollar Baby ou The Bridges of Madison County deviennent plus que des mélos. Ce sont des films dont le contenu humain vous touche, mais davantage parce que vous êtes profondément impliqués dans l'histoire que parce que vous êtes manipulés par une émotion facile.
 
 
 
 
J'avoue que je craignais un peu ce Changeling, principalement à cause d'Angelina Jolie qui, malgré ses attraits physiques (le Strapontin n'est pas de bois!) ne m'avait jamais réellement convaincu en tant qu'actrice. Donc, la perspective de la voir en première ligne sur un sujet qui traite tout de même du rapt d'un enfant, j'étais sceptique. Ces a-priori sont balayés dès la première minute: non seulement elle s'impose remarquablement en tant qu'actrice à part entière, mais elle porte aussi le film sur ses épaules dans une performance qui n'est rien moins que magnifique.
 
 
 
 
 
 
Il faut dire que le sujet de Changeling est extrêmement riche, puisqu'il s'agît à la fois d'un drame humain, d'une intrigue policière, d'un plaidoyer contre l'internement, d'un procès contre la corruption. L'intrigue initiale, la disparition du fils de Christine Collins (Angelina Jolie) n'est que la première pièce d'un puzzle immense, d'une épopée humaine à la fois troublante et formidablement émouvante. Au travers de ce parcours, Eastwood règle son compte à une police corrompue, à des ronds-de-cuir pour qui il est plus facile d'interner ceux qui les gênent que de reconnaître leurs erreurs.
 
 
 
 
 

L'histoire, inspirée de faits réels, est édifiante, et il faut saluer l'incroyable travail de fourmi du scénariste J.Michael Straczynski, qui a épluché pendant près d'un an les archives relatives à cet affaire. Tout comme ce travail minutieux sur le script, Changeling regorge de petits détails invisibles, mais qui contribuent à la véracité de l'ensemble. Par le biais d'effets visuels parfaitement indétectables, Eastwood fait renaître le Los Angeles des années 30. De la même manière, sa réalisation sert son sujet sans jamais attirer l'attention sur elle, et si on reconnaît l'auteur, c'est dans cette manière dont il impose à son héroïne un long chemin de croix, pour ensuite mieux la faire triompher de toutes ces embuches lui permettre d'imposer sa propre vérité.
 
 
 
 
 
Il y a un côté un peu manipulateur dans les séquences qui se déroulent au sein de l'asile. Eastwood taquine notre indignation par tous les moyens pour mieux nous faire savourer le triomphe de Christine Collins. Mais cela nous vaut quand même de très belles scènes avec Amy Ryan, en particulier lors de la libération de toutes ces femmes emprisonnées à tort. Là encore, le réalisateur n'enfonce jamais le clou et ne verse jamais dans la facilité. Ce n'est qu'une étape de la fresque qu'il déroule sous nos yeux, et il ne lui accorde pas plus d'importance que d'autres épisodes.
 
 
 
 
 
 
La partie la plus poignante tourne bien entendu autour d'un serial killer, d'ailleurs remarquablement interprété par Jason Butler Harner. Il suffit de quelques flashbacks elliptiques pour nous faire saisir toute l'horreur de la situation. Eastwood sait que le contenu émotionnel de son film est déjà très fort, et il ne cherche pas à surenchérir dans le sensationnel pour donner plus de poids à son film. Au contraire, Changeling reste du début à la fin d'une formidable maîtrise sur le plan dramatique. Là où certains auraient fait déraper les dernières séquences vers un plaidoyer sur la peine de mort, il montre une exécution dans toute sa crudité, mais sait nous faire lire dans les regards de ses personnages le fait que cette mise à mort ne résoudra rien pour eux. C'est plutôt à travers une dernière révélation que l'héroïne parviendra à trouver enfin la sérénité.
 
 
 
A la fois émouvant et puissant, Changeling est un sujet hors-normes, auquel la réalisation d'Eastwood sait apporter toute sa force mais aussi, paradoxalement, sa formidable discrétion. A travers un style élégant, le réalisateur sait s'effacer derrière son histoire et la servir sans tirer la couverture à lui. Il n'était pas évident d'arriver à trouver un équilibre dans une histoire aussi forte et aussi chargée émotionnellement. C'est donc dans la simplicité et la sobriété que triomphe ce Changeling. Dans la continuité de ses précédents films, Clint Eastwood nous donne un nouveau chef d’œuvre de sensibilité, qui sait également être une passionnante quête pour la vérité. Superbe.
 
 
 
 
 

Le Casting
Angelina Jolie trouve ici le rôle de sa carrière, point barre. En une ou deux séquences, elle nous fait oublier les innombrables nanars où elle s'est commise. A ses côtés, John Malkovich est fidèle à lui-même, c'est-à-dire excellent. Parmi les bad guys, la prestation de Jason Butler Harner tient bien entendu le haut du pavé, mais il faut souligner celle de Jeffrey Donovan, dans le rôle ingrat du flic J.J. Jones. Enfin, signalons la présence de Colm Feore, plus connu pour ses prestations télévisées (24, notamment).
 
 
 
Angelina Jolie
John Malkovich
Jeffrey Donovan
Colm Feore
Jason Butler Harner
Michael Kelly
Denis O'Hare
Amy Ryan
 
Enfin, pour ceux qui voudraient avoir quelques précisions sur les effets visuels du film, le tout début de cette vidéo explique la réalisation de certaines séquences.

1 commentaire :

  1. J'adore ce film.
    Bien évidemment il ne me réconcilie pas avec la police !

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