Film de Stephen Daldry (2001), avec Nicole Kidman, Meryl Streep, Julianne Moore, Ed Harris, Toni Collette, etc…
Peu de films arrivent aussi bien à transcrire leurs origines littéraires que The Hours. Même sans avoir lu le roman de Michael Cunningham, on est fasciné par cette triple histoire qui brasse parallèlement le destin de trois femmes. Trois histoires dont le lien est pourtant ténu, mais qui vont s'enrichir et se mélanger au long d'un parcours à la fois émouvant et plein de sensibilité. Si l'on a parfois reproché au cinéma US de faire dans la lourdeur et le pré-mâché, The Hours est la preuve qu'il peut exister un cinéma différent et plus intellectuellement stimulant.
Le film s'attache donc à décrire une journée dans la vie de trois femmes. Tout d'abord la romancière Virginia Woolf (Nicole Kidman) durant l'écriture de son dernier livre, Mrs. Dalloway, et à la veille de son suicide. Ensuite Laura qui, des années après, lit ce même roman. Enfin, encore plus tard dans le temps, Clarissa, dont l'itinéraire s'inspire de l'héroïne créée par l'écrivain. D'entrée de jeu, c'est une approche très complexe et subtile du matériau littéraire, qui ne cherche pas à éblouir par une virtuosité inutile mais bien au contraire à se rapprocher le plus possible de ce qui l'a inspiré.
Il y a dans The Hours ces méditations sur le temps qui passe, sur la fragilité du bonheur et la futilité de la vie. Autant de notions a priori très difficiles à restituer cinématographiquement, et qui prennent pourtant vie au détour de petites touches pleines de délicatesse et de subtilité. À l'instar de la performance magique d'une Nicole Kidman méconnaissable, le film ne cherche jamais à éblouir inutilement ni à impressionner mais plutôt à évoquer, ou mieux, à faire vivre l'univers mental d'une artiste. Stephen Daldry, dont on applaudira quelques années plus tard l’excellent The Reader, fait preuve d’une incroyable justesse, tant dans la mise en scène que dans la direction d’acteurs.
L’histoire, centrée autour de la dépression et du suicide, pourra paraitre aride à certains. La construction du film exige également beaucoup du spectateur, en ne livrant tous ses secrets que petit à petit. C’est une approche très ambitieuse que de vouloir décrire à la fois la naissance d’une œuvre, mais aussi son influence sur le lecteur. En offrant trois niveaux de lecture et en les mélangeant de manière subtile, The Hours relève le pari haut la main et passionne de bout en bout. Porté par le style fragile et douloureux de Virginia Woolf, c’est un petit chef d’œuvre de sensibilité qui ne vous laissera pas indifférent. Superbe.
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