mardi 5 mars 2013

Le Syndrome Chinois

(The China Syndrome)

Film de James Bridges (1979), avec Jane Fonda, Jack Lemmon, Michael Douglas, James Karen, Peter Donat, etc...






























Ah que quoi ça ? Bon, OK, on récapitule pour ceux du fond qui n'auraient pas suivi: non, le titre ne se rapporte pas à une vague histoire de chirurgiens asiatiques. C'est une expression bien connue dans le monde du nucléaire, qui désigne en fait l'accident le plus grave qui puisse survenir dans ce domaine : la fonte d'un réacteur, dont le combustible en fusion traverserait l'écorce terrestre pour aller ... jusqu'en Chine!



Oscar Wilde disait que parfois, "la vie imite l'art". On ne pouvait pas dire mieux en 1979, au moment de la sortie du film. The China Syndrome était au départ une petite production très engagée contre le nucléaire, qui décrivait comment un accident dans une centrale était étouffé par les autorités. Trois semaines plus tard, dans une de ces coïncidences énormes telles qu'on n'en trouve que dans la vraie vie, un incident analogue survenait dans la centrale de Three Mile Island, en Pennsylvanie, propulsant du même coup le film de James Bridges sous les feux de la rampe.







Et ça n'a pas loupé: dans la foulée, The China Syndrome s'est retrouvé recta sélectionné pour le Festival de Cannes, où il a quand même décroché un prix d'interprétation pour la prestation honnête mais pas non plus transcendante de Jack Lemmon. Avec le recul, tout cet emballement médiatique a indéniablement servi le film, transformant un thriller assez moyen en véritable évènement, et renforçant du même coup son message anti-nucléaire. Il faut cependant avouer que The China Syndrome ne dépasse jamais une honnête moyenne, et qu'il est fort probable que sans le coup de pouce que lui ont donné les évènements, il ne serait peut-être pas autant passé à la postérité.






Le film ne démontre pas vraiment les dangers du nucléaire, mais pointe plutôt du doigt les intermédiaires peu scrupuleux, qui grattent quelques millions de dollars par-ci par-là au détriment de la sécurité. En ce sens, The China Syndrome n'est guère plus qu'un film-catastrophe déguisé, qui, pour faire bonne mesure, ne trouve rien de mieux à faire que de retomber sur les bons vieux mécanismes de la théorie du complot. Il suffit que Jack Lemmon, directeur technique scrupuleux, ait mis à jour une magouille lourde de conséquences pour qu'il soit immédiatement suivi et menacé par de louches individus. En matière de suspense, on a vu mieux. En matière de plaidoyer contre le nucléaire aussi.





C'est cette approche le cul entre deux chaises qui plombe en définitive le film. D'un côté, The China Syndrome se veut réaliste, dépouillé, rigoureux et réussit à faire forte impression l'espace d'une ou deux séquences. De l'autre, il retombe dans les clichés les plus éhontés, avec des personnages stéréotypés, des ressorts dramatiques usés et une mise en scène à la limite du téléfilm. Il aurait au moins fallu un réalisateur de la trempe d'un Sidney Lumet pour donner sa pleine dimension à un sujet aussi explosif.






Le Trombinoscope
Dans la famille "têtes à claques", je voudrais Michael Douglas, également producteur, dont le personnage de caméraman déconneur et réac est à deux doigts de plomber le film. Rien à dire de particulier sur la solide performance de Jack Lemmon. Parmi les seconds rôles, on note la présence de A. Wilford Brimley (qu'on reverra dans Cocoon ou The Thing). Pas besoin d'indiquer que Richard Herd joue le méchant conspirateur: au vu de sa trogne, on le comprend immédiatement.


Jack Lemmon
Jane Fonda
Michael Douglas
Scott Brady
A. Wilford Brimley
James Karen
Richard Herd
Peter Donat
Donald Hotton



Les Effets Spéciaux
Bon, bien entendu, compte tenu de son sujet brulant, le film n'a pas bénéficié de la coopération de l'industrie du nucléaire. Il a donc fallu tricher un peu pour donner vie à la centrale de Ventana, qui est une pure création. La production a donc recruté deux artistes qui avaient bossé avec ILM pour les effets spéciaux de Star Wars. C'est donc Matthew Yuricich qui s'est chargé des peintures sur verre et Richard Edlund, des modèles réduits (pas fameux et aisément repérables, d'ailleurs).







La Musique que vous n'entendrez pas
(ou du moins pas dans le film)
La seule musique que vous entendrez dans The China Syndrome, c'est une abominable chanson à la Doobie Brothers pendant le générique, puis les indicatifs TV, et basta ! Pourtant, il existe bien une partition écrite pour le film, mais elle a été rejetée. Très sûr de lui, Michael Douglas nous explique dans les bonus du DVD qu'elle donnait un ton trop mélodramatique (sic!) qui ne cadrait pas avec la volonté de réalisme du film... Mouais ! Bon, étant donné que le film se gaufre dans son parti-pris de vraisemblance, je trouve que tant qu'à faire, on aurait très bien pu garder la musique, ça ne l'aurait pas rendu plus mauvais pour autant. C'est d'autant plus déplorable que le compositeur Michael Small n'est pas de ceux qui ont été le plus gâtés par le grand écran. Musicien au style économe et sobre, Small fait davantage dans la subtilité que dans le gros barouf orchestral et il semblait donc le choix idéal pour le film. C'est ce que confirme le CD publié en 2009 par le label Intrada. Une belle tentative de réhabilitation ... qui sera hélas épuisée en moins de 24 heures, tirage limité oblige ! Collector en puissance, donc !

2 commentaires :

  1. Bonjour j'adore le vêtement de Jane fonda je les achèter juste pour ça !!

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  2. Bonjour,Critique tres pertinente et documentée, comme d'habitude...
    Signé Alberto

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