Film de Guy Ritchie (1999), avec Jason Statham, Brad Pitt, Benicio Del Toro, Vinnie Jones, Dennis Farina, etc…
On dirait presque du Tarantino british. Ce chassé-croisé de truands autour d'un vraiment gros diamant en possède en tout cas l'impertinence et la verve. Avec, en plus, une réalisation très (trop?) tendance, rythmée juste comme il le faut, un casting top moumoute, des péripéties abracadabrantes. Bref, ce Snatch, malgré ses défauts, s'avère être une bonne surprise dans un genre plutôt balisé.
On pourrait presque dire que Guy Ritchie a créé un sous-genre : celui du polar rigolo et british. Après le carton d'Arnaques, Crimes et Botanique, il était tentant de remettre le couvert. C'est donc ce qu'il a fait avec Snatch, sans vraiment renouveler la formule : simplement, plus de moyens, plus de stars, un scénario encore plus complexe, bref le syndrome du "encore plus" pour grosso modo un peu la même histoire, celle de truands rusés qui tentent de flouer un grand ponte du racket et se retrouvent dans une situation inextricable.
Avec sa foule de personnages et son intrigue à tiroirs, le film possède une formidable énergie qui le propulse avec brio pendant deux bons tiers. Après, c'est un petit peu moins bon, et dans sa dernière ligne droite, Snatch perd une partie de son mordant à force de trop vouloir en faire. Mais entendons nous bien, il en garde suffisamment sous le pied pour rester un divertissement éminemment recommandable, ce qui n'est déjà pas si mal.
Guy Ritchie, comme pas mal de réalisateurs avant lui, joue sans complexe la carte de la mise en scène clipesque. Cela pourrait être un défaut, mais pas ici, tant la réalisation répond parfaitement aux arabesques d’un scénario virevoltant. C’est flashy, énorme, avec des raccourcis bien trouvés (le vol pour Londres) et quelques idées plutôt bonnes (le parallèle entre la traque de Tyrone et la course de lévriers). La mise en scène est au diapason d’une bande-son riche et variée, qui va des Specials à Massive Attack, en passant par The Stranglers ou Madonna (en guise de clin d’œil, puisque Ritchie était marié à la star à l’époque).
Mais le plus régalant dans l’histoire, ce sont les acteurs, qui prennent visiblement beaucoup de plaisir à en rajouter. Que ce soit Benicio Del Toro en flambeur ou bien Brad Pitt en manouche au dialecte imbitable, tout le monde en fait des caisses. Qui plus est, le casting aligne quelques trognes, comme Vinnie Jones, Rade Sherbedgia, Dennis Farina, Jason Statham avant son virage vers les films d’action bourrins ou Alan Ford, impayable avec son monologue à propos des porcs (“Un cadavre pour un cochon, c’est comme du coq au vin pour un poivrot”).
Si le scénario est un peu juste, les acteurs font le reste et c’est amplement suffisant pour donner lieu à une poignée de moments cultes. C’est vrai que, tel quel, Snatch ressemble volontiers à une version plus touffue et plus élaborée du précédent film de Guy Ritchie, et il est flagrant que le réalisateur ne fera guère mieux que ces incursions dans la comédie noire, du moins si l’on en juge par la suite peu convaincante de sa filmographie. Mais on aurait tort de bouder son plaisir devant cette farce dont le seul défaut est de ne pas trop savoir quand s’arrêter.
Le Trombinoscope
Pas de générique à proprement parler, mais Snatch possède une manière bien à lui d’introduire les différents personnages. Ce sont des portraits fixes des acteurs, créés à partir d’images retouchées qui s’enchainent autour d’une action commune (un objet qui passe de main en main). Allez, quand même : le fabuleux casting du film méritait bien de figurer sur le Strapontin !
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