Film d’André Cayatte (1958), avec Bourvil, Michèle Morgan, Ivan Desny, Gérard Oury, Sylvie, etc…
Ça commence très fort, avec Bourvil qui débarque dans un commissariat et avoue "j'ai tué quelqu'un". La suite fait un peu grincer des dents, surtout le générique avec sa musique pompière qui pique les oreilles. Il faut dire qu'André Cayatte, c'est pas non plus un gage de subtilité, puisqu'il était spécialiste, dans les années 60-70, du film réquisitoire, du genre qui prend un sujet de société et qui met les pieds dans le plat sans trop de finesse.
Justement, le sujet de ce Miroir à Deux Faces surprend plutôt, puisque c'est une histoire d'amour improbable entre un Bourvil vieux garçon et une Michèle Morgan enlaidie pour la circonstance. Mais grâce à un artifice de scénario plutôt énorme, la voilà qui va devenir une vraie déesse par l'intermédiaire de la chirurgie esthétique. Le film détaille en fait la dégradation du couple entre un mari qui n'accepte pas la transformation de son épouse et une femme qui voudrait bien vivre pleinement sa métamorphose physique.
C'est, avec Le Cercle Rouge, le seul rôle dramatique de Bourvil, mais on sent tout de même que Cayatte a été moins radical que Melville et que son personnage de benêt un peu con-con n'est pas loin. Au fil de dialogues parfois peu inspirés, on s'attend parfois à l'entendre nous lâcher un "oh ba vous alors!", c'est très très moyen pour la crédibilité du personnage. C'est surtout Michèle Morgan qui surprend, avec un personnage fragile et attachant, tout en nuances et en subtilité. Sa performance sera d'ailleurs récompensée par un prix d'interprétation à Cannes. C'est elle qui donne littéralement vie au film, car on ne peut pas toujours dire que les acteurs y soient au top, comme Julien Carette, qui déçoit un peu avec sa gouaille franchouillarde.
Le Miroir à Deux Faces est donc un film qui ne convainc pas toujours, mais qui mérite d'être redécouvert pour le beau portrait de femme qu'il propose. On regrette juste que Cayatte n'ait pas permis à Bourvil de se lâcher complètement dans le registre dramatique. Tel quel, son numéro d'acteur est trop proche de ce qu'il a déjà fait pour pouvoir servir pleinement le ton grave et émouvant du film.
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