Film de Steven Soderbergh (2011), avec Gwyneth Paltrow, Matt Damon, Jude Law, Laurence Fishburne, Marion Cotillard, Kate Winslet, etc...
Honnêtement, je n’ai jamais été très fan de Steven Soderbergh. Consacré il y a bien longtemps à Cannes avec le moyen Sex, Lies & Videotapes, son cinéma ne m’a jamais véritablement convaincu. On y sent une volonté de renouvellement et d’originalité, mais bien souvent, ça reste un cinéma très froid et distant, bien fichu certes, mais sans le véritable plus qui arrivera à transcender le film. Le réalisateur bénéficie d’un statut d’ailleurs assez particulier, tantôt machine à hits (Ocean’s 11), tantôt cinéaste indépendant, ce qui lui permet au moins de garantir des sujets qui sortent du moule hollywoodien.
A lire cette intro, on pourrait croire que son petit dernier, Contagion, possède de quoi vous réconcilier définitivement avec le cinéaste… Ben non, pas vraiment ! Ceci posé, c’est tout de même une œuvre fascinante qui mérite qu’on s’y intéresse, ne serait-ce que pour le regard hyper-réaliste qu’elle pose sur son sujet. Hollywood a déjà parlé d’épidémies et de virus tueurs (on garde en mémoire le moyen Outbreak), mais c’est la première fois que le sujet est abordé avec autant d’authenticité. Contagion relate les 140 premiers jours d’une pandémie mondiale. Sans fioritures ni happy end, le film fait plus d’une fois froid dans le dos. Entre la course contre la montre des scientifiques pour trouver un vaccin, les manipulations de l’information et l’anarchie qui s’installe, Soderbergh brosse un portrait impitoyable et réaliste aux allures apocalyptiques.
Contagion manie avec habileté toutes ses histoires parallèles, aidé par un casting quatre étoiles. Ses interprètes, tous excellents, renforcent la crédibilité de l’histoire et ne recherchent jamais le numéro d’acteur. Qui plus est, le réalisateur n’hésite pas à en faire des victimes potentielles, brisant le vieux cliché hollywoodien qui veut que les stars sortent indemnes de l’aventure. Depuis les couloirs de l’Organisation Mondiale de la Santé jusqu’à la petite ville américaine, le film décrit la panique et la peur à tous les échelons. Malheureusement, c’est là que le bât blesse car le cinéma de Soderbergh ne se départit pas d’une certaine froideur, de ce côté un peu guindé. C’est un avantage pour la description clinique de l’étude du virus, ça l’est moins dès qu’il faut s’attacher au côté humain de l’aventure. Malgré sa formidable diversité de personnages et de situations, l’émotion n’est jamais vraiment au rendez-vous et c’est le gros défaut du film.
Heureusement, tel quel, Contagion contient suffisamment de matière pour donner le change. A défaut d’être touchant, cela reste un film passionnant, à l’efficacité redoutable et dont le profond réalisme et la plausibilité font à la fois réfléchir et frissonner.
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