dimanche 8 janvier 2012

The Tree of Life

Film de Terrence Malick (2011), avec Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn, Hunter Mc Cracken, Laramie Eppler, etc.





 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Terrence Malick est un cas à part dans le cinéma américain. Avec 5 films au compteur (et pratiquement que du lourd), le cinéaste est une personnalité secrète, qui se montre peu, n’accorde jamais d’interview et vit totalement en marge du système Hollywoodien. Assez paradoxalement, surtout à une époque où le 7ème Art est plus que jamais régi par une logique de rentabilité, Malick bénéficie d’une indépendance artistique totale, qui fait de lui le dernier grand réalisateur américain à pouvoir faire exactement les films qu’il veut, tout comme Stanley Kubrick il y a quelques années.
 
 
 
The Tree of Life a suscité beaucoup de réactions, et en même temps c’est une bonne chose car comment un film aussi différent que celui-ci pouvait-il faire l’unanimité ? Très ambitieux, trop peut-être, il se propose de mettre en parallèle les rapports qui régissent une famille dans les années 50 avec la naissance de l’univers. Comme la majorité des spectateurs, vous vous demanderez pourquoi. Il n’y a pas d’explication rationnelle, et il ne faut surtout pas la chercher, au risque de rester totalement hermétique au film. Chacun pourra y apporter la signification qu’il le désire. Malick, dans le fond, ne fait que resituer l’homme, dans tout ce qu’il a de plus ordinaire, au sein de l’infini.
 
 
 


 
 
Alors c’est vrai que plus d’une fois on est chahuté par cette mise en images totalement libre, qui va où elle le veut, sans craindre les ruptures de style. Contrairement aux films actuels, qui posent leurs enjeux dès les premières minutes de projection, The Tree of Life égare le spectateur, qui ne sait plus où il en est. Petit à petit se dessine la vie de cette famille américaine, menée par un père autoritaire (excellent Brad Pitt), et dans laquelle un enfant, Jack, tente de trouver sa place. On le retrouvera quelques années plus tard, devenu adulte, sous les traits de Sean Penn. Mais, là encore, aucune trame dramatique classique, aucune grille de lecture familière ne nous permettra d’apprivoiser le film.
 
 
 

 
 
Parallèlement, The Tree of Life est une expérience visuelle hallucinante, qui demande à être sans doute davantage ressentie que véritablement comprise. On l’a souvent comparé à 2001 car on y trouve des visions oniriques réellement impressionnantes. Assisté par Douglas Trumbull (le magicien des effets spéciaux du film de Kubrick), Malick crée des images inédites et saisissantes de beauté, qui forment avec la musique des moments de pure splendeur. En même temps, les effets visuels n’ont pas ce côté lisse et parfait des trucages actuels. Ils possèdent une qualité organique qui les intègre à la perfection au reste du film. On pourra discuter sur certains ajouts dispensables, comme les dinosaures, mais dans l’ensemble, l’aspect visuel du film est une réussite totale et indiscutable.
 
 
 
 
 
Outre ces moments forts, on pourra trouver l’intrigue principale plus banale et terre-à-terre, et le message diffus. En même temps, c’est ce contraste qui fait tout le prix du film. Malick semble nous dire que la banalité d’une vie n’est rien comparée à la vaste étendue de l’univers. Pourtant, la grande qualité de The Three of Life, c’est de faire vivre tous ces moments avec une profonde intimité, une approche visuelle qui les rend uniques. On peut reprocher bien des choses au réalisateur, mais jamais la sincérité de son propos, et cela se ressent à chaque instant.
 
 
 
Le film évoque à la fois, par la somptuosité de ses images, le Koyaanisqatsi de Geoffrey Reggio. On pense également à Altered States, de Ken Russell, ou plus précisément à The Fountain, de Darren Aronofsky, qui associait de la même manière l'infini et l'humain. Tout comme lui, The Tree of Life est un film hors-normes, une sorte de poème visuel dans lequel il ne faut surtout pas chercher la cohérence, mais bien plutôt par lequel il faut se laisser emporter. Qu'un film comme celui-ci soit arrivé à voir le jour dans l'univers standardisé et codifié des productions US actuelles est une sorte de petit miracle. C'est difficilement un film qu'on peut recommander, tant il sort de l'ordinaire et risque de désarçonner, mais pour peu qu'on possède une certaine disponibilité d'esprit et qu'on accepte de se laisser éblouir, The Tree of Life est une expérience à tenter.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le Trombi
 
Est-il besoin de rappeler que Brad Pitt est l'acteur de composition le plus doué de sa génération et qu'il peut tout jouer? Sa performance dans le film est, une fois de plus, unique. A ses côtés, la présence fragile de Jessica Chastain est particulièrement touchante. Sean Penn a avoué dans ses interviews avoir été déçu par sa collaboration avec Malick, car celui-ci ne lui a donné aucune indication de jeu précise. En même temps, cela renforce le sentiment d'égarement qui imprègne son personnage. Enfin, Hunter Mc Cracken est la vraie révélation du film, son jeu juste et authentique apporte énormément au film.
 
 
 
Brad Pitt  
Jessica Chastain
Sean Penn
Hunter Mc Cracken

Tye Sheridan
Laramie Eppler

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