mardi 31 janvier 2012

Présumé Coupable

Film de Vincent Garenq (2011), avec Philippe Torreton, Wladimir Yordanoff, Noémie Lvovsky, Michèle Goddet, Raphaël Ferret, etc....
















Un film sur le procès d’Outreau, a priori, ça faisait un peu peur. Ce fait divers est tellement monstrueux qu’il aurait pu être abordé d’une dizaine de manières différentes, et qu’il aurait été facile de miser sur le sensationnalisme ou le voyeurisme. Avec Présumé Coupable, c’est tout le contraire. Vincent Garenq signe un film fort, touchant, mais d’une sobriété exemplaire. Tout comme le récent Omar m’a Tuer, on en ressort abasourdi et secoué par une aventure humaine hors du commun, car si la presse a largement commenté l’affaire, bien peu a été dit sur le calvaire des victimes accusées injustement. En se basant sur le livre d’Alain Marécaux, qui relate sa lutte pour la vérité, Présumé Coupable trace un portrait impitoyable de la machine judiciaire, de la façon dont elle broie les individus et bafoue la présomption d’innocence.

Le film est porté à bout de bras par la performance incroyable de Philippe Torreton, qui représente un degré d’implication physique au moins aussi imposant que celui de De Niro dans Raging Bull ou de Christian Bale dans The Machinist. Maigri de 20 kilos pour les besoins du rôle, son portrait d’Alain Marécaux est formidable d’humanité, à la fois fragile et déterminé. Il apporte au film une présence et une crédibilité incroyable. Certains pourront reprocher un côté un peu répétitif, qui n’est que le reflet du calvaire vécu par Marécaux, ballotté entre une police incompétente, un juge d’instruction glacial et une justice en-dessous de tout. Il n’y a pas dans le film de Garenq le côté « enquêteur » d’Omar m’a Tuer, qui aurait pu introduire un certain relâchement dans la tension. Au contraire, le réalisateur s’attache aux pas de son héros et ne le quitte pas du début à la fin. C’est ce qui fait toute la force du film.

Présumé Coupable ne juge pas, il se contente de montrer, et le parcours de son héros est suffisamment édifiant pour que le film parle de lui-même. Sans artifices de mise en scène ni d’effets faciles, Vincent Garenq signe une œuvre forte et d’une très grande sobriété dont on ressort à la fois ému et bouleversé.


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