mardi 10 janvier 2012

Intouchables

Film d'Eric Toledano et Olivier Nakache (2011), avec François Cluzet, Omar Sy, Anne Le Ny, Audrey Fleurot, Clothide Mollet, etc...

Un film qui cartonne au box-office, c’est toujours suspect. On part du principe que forcément, parce que ça a plu à x millions de personnes, c’est forcément bon… Ou bien alors, si on veut faire dans le cynisme, on part du principe qu’un succès public est automatiquement assimilé à de la daube. Bref, dans un cas comme dans l’autre, le film cesse d’être un film et devient recta un phénomène de société.

Assez curieusement, Intouchables reste au-dessus de ce débat, un peu comme s’il était touché par la grâce. Alors qu’il explose tranquillement des records, le film de Nakache et Toledano bénéficie d’une côte d’amour énorme auprès du public, reflet même de son bon esprit et de son allure sympathique. Le fait est qu’Intouchables est un film très agréable, même s’il est loin d’être révolutionnaire. S’inspirant de faits réels, les auteurs ont intelligemment adapté l’histoire aux principes du buddy movie, à savoir l’idée de faire cohabiter deux personnages aux caractères diamétralement opposés.

Tout le sel du film provient de la confrontation entre Philippe (François Cluzet), tétraplégique, et son infirmier Driss (Omar Sy), zonard des cités. Deux mondes différents, deux modes de vie opposés qui vont se rencontrer, apprendre à se connaître et finalement lier une belle amitié. Bon, c’est vrai qu’on n’évite pas les clichés, loin de là. La peinture de la vie de banlieue, en particulier, sent le déjà vu, avec la famille archi-nombreuse et le petit frère qui ne peut qu’être corrompu par les méchants dealers. De même, la charge contre l’art moderne est plutôt facile et lourdingue. Enfin, c’est aussi un peu convenu d’opposer musique classique et funk, encore que les auteurs n’ont pas pris de gros risques : la musique qu’écoute Driss ressemble plus à celles qu’écoutent les réalisateurs plutôt qu’aux groupes en vogue actuellement. Un peu facile de mettre tout le monde dans sa poche en sortant l’énorme Boogie Wonderland, ça aurait été un peu moins facile avec un morceau de rap hardcore !

Pourtant, même avec autant de casseroles, Intouchables réussit à séduire. C’est dû en grande partie à l’alchimie entre les deux acteurs principaux, et en particulier au jeu relax d’Omar Sy. Autant j’étais réfractaire à ses sketches avec Fred sur Canal, autant je trouve que sa personnalité chaleureuse illumine le film. Il est le contrepoint idéal au jeu tendu et intériorisé de Cluzet, même si je trouve qu’il y a des moments où il en fait un peu trop, comme dans la séquence de blind test musical où il est clair qu’on l’a (un peu trop) laissé improviser. C’est grâce à lui que le parcours de Philippe devient crédible et touchant. François Cluzet, dans un autre registre, livre aussi une belle performance, très attachante.




Une bonne partie de la réussite du film provient des dialogues, à la fois spirituels et spontanés. L’alchimie entre les deux acteurs fait le reste. Intouchables ne joue pas la carte du mélo ou de l’apitoiement, et quand l’émotion est là, elle est juste et vraie (même si on se serait dispensé d’une énième scène finale au bord de la mer). C’est sans doute dans cette authenticité qu’il faut chercher le succès du film. Ni donneur de leçons, ni artificiel ou fabriqué, le film de Nakache et Toledano séduit par son côté rigolard et sincère. Pas un grand film, mais une comédie très agréable, qui mérite amplement son succès. 


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