(The Beast)
Film de Kevin Reynolds (1988), avec George Dzundza, Jason Patric, Steven Bauer, Stephen Baldwin, Don Harvey, etc...
Qui se souvient encore de Kevin Reynolds ? Ce réalisateur plutôt doué avait pourtant brillamment commencé sa carrière à la fin des années 80. Il n’a eu qu’un seul tort : signer pour le mégaflop Waterworld, qui est resté pendant longtemps à Hollywood comme la référence ultime en matière de désastre financier. Du coup, notre homme est retombé dans l’anonymat le plus total, ce qui est bien dommage lorsqu’on revient sur son flambant début de carrière. Il y eut d’abord Fandango, sur lequel le Strapontin reviendra prochainement, mais la grosse révélation, ce fut The Beast, qui reste, même après des années, comme une référence dans le genre plutôt balisé du film de guerre.
The Beast se situe en Afghanistan et met en scène – fait assez inhabituel pour un film américain – des soldats russes. L’intrigue en est simple, presque basique: nous suivons l’odyssée d’un char et de son équipage, coincé en plein désert et poursuivi par des rebelles. Des tempéraments vont s’opposer, des abus de pouvoir vont avoir lieu, et l’histoire va bifurquer lorsqu’un des hommes, Konstantin, est abandonné en plein désert, puis rejoint les rangs de l’ennemi.

La première partie est un huis-clos à l’intérieur du char, dont l’espace exigu renforce le caractère étouffant. Outre le fait de décrire le quotidien des tankistes, The Beast développe leur opposition, et le film est magistralement servi par ses acteurs, en particulier George Dzundza et Jason Patric. La seconde montre comment Konstantin, un des hommes, apprend à comprendre son ennemi pour finalement combattre à ses côtés.
Le film renvoie dos à dos la logique de guerre et le sens de l’honneur, tel qu’il est servi par les deux peuples qui s’affrontent. Les afghans et leurs notions de l’honneur et du pardon apparaissent finalement plus civilisés que les russes. The Beast fait aussi clairement référence à l’enlisement américain dans le conflit Vietnamien. C’est, comme le dit un des personnages, une « sale guerre » dans laquelle ceux que nous prenions pour les bons se retrouvent en fait du mauvais côté (« comment se fait-il que ce soit nous les Nazis, cette fois ? »). A l’image du tank qui enflamme tout autour de lui en croyant se défendre contre ses ennemis, le film dépeint un affrontement désespéré, sans gloire ni honneur.
La réalisation de Reynolds est simple et économe, d’une très grande sécheresse, à l’image des paysages dépeints par le chef opérateur Douglas Milsome et de la musique glaciale de Mark Isham. Elle ne cherche pas à faire dans le spectaculaire, mais au contraire à privilégier la progression dramatique et l’étude de personnages. Le scénario, inspiré d’une pièce, est très intelligemment construit et Reynolds s’efface au maximum derrière son sujet.
Le sujet, assez aride, n’était pas très encourageant pour le public. The Beast a donc été un relatif échec. C’est pourtant un film de guerre unique, qui ne ressemble à aucun autre, et sans aucun doute le chef d’œuvre d’un réalisateur qu’on a – hélas – un peu trop vite enterré depuis.
Le Trombinoscope
J’ai toujours été un fan de George Dzundza (George qui ?), un acteur qu’on voit peu mais qu’on remarque toujours. Il jouait dans Voyage au Bout de l’Enfer et aux côtés de Michael Douglas dans Basic Instinct. Il trouve ici un rôle à la mesure de son talent, bien que le film en fasse un salaud intégral. A ses côtés, Jason Patric commençait ici une carrière discrète et efficace. Steven Bauer (le frère de Pacino dans Scarface) est inattendu dans le rôle du chef des rebelles afghans, et Stephen Baldwin (un des frères d’Alec) fait des débuts remarqués. Sans oublier, Kabir Bedi, qui fût jadis Sandokan dans la série TV du même nom.
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George Dzundza |
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Jason Patric |
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Steven Bauer |
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Don Harvey |
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Stephen Baldwin |
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Erick Avari |
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Kabir Bedi |
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